Safiatou Gassama, teinturière : « les autorités donnent le boulot aux gens qui ne peuvent pas bien faire la teinture »

Safiatou Gassama, teinturière

Madame Safiatou Gassama est une passionnée de teinture traditionnelle. Elle pratique la teinture depuis au moins 20 ans. Et, la flamme de sa passion est encore vive. Au cours de carrière, elle a longtemps habillé les cadres et femmes du PUP, le parti de feu président Lansana Conté. Et, c’est avec des pincements de cœur qu’elle observe certaines personnes faire de la teinture le métier de la médiocrité.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com, madame Safiatou Gassama a accusé à demi-mots les autorités guinéennes de faire la promotion des teinturiers incompétents, au détriment des professionnels.

Safiatou Gassama, teinturière

« Nous avons commencé ce travail, ça fait plus de 20 ans. On appelait ici Hamdallaye teinture. Nous avions un premier maître qui est décédé. Tous les pagnes du PUP (parti de l’unité et du progrès), c’est nous qui les avions arrangé. Mais, actuellement tout le monde fait ce travail pendant que certains ne peuvent pas le faire bien. Les autorités viennent donner le boulot aux gens qui ne peuvent pas bien faire. Ce qui fait qu’il n’y a pas de teinturier ici maintenant. Parce que nous nous avons nos diplômes et tout, mais les autorités préfèrent appeler les teinturiers qui n’ont pas de diplôme pour travailler, et nous on ne nous voit pas. C’est ce qui fait que certains se sont découragés et sont partis faire d’autres métiers. Il n’y a pas de soutien.

Actuellement, nous venons de temps en temps c’est-à-dire par commande. Notre métier n’a plus de valeur aussi avec l’arrivée des tissus contrefaits et les gens préfèrent acheter du Bamako. Actuellement, nous sommes jusqu’à 10 personnes, avant nous étions dans la cinquantaine. Il y avait des batteurs de pagnes, des travailleurs, ceux qui mettent des bougies et tout. Nous recevions même des commandes pour l’étranger, mais actuellement tout est fini. Ici nous n’avons même pas là où rester, parce que l’endroit où nous sommes a été démoli. Les autorités disaient avoir besoin de la route. Donc, depuis lors, nous n’avons pas là où rester pour ne pas remettre et qu’il vienne encore enlever… Quand on met le textile sur le feu, le gaz et la fumée que ça dégage fatiguent les yeux et ce n’est pas bon pour le cœur. C’est ce qui fait qu’on se protège le nez. Ce que je peux dire aux autorités, c’est de nous faire face aussi. Elles aident beaucoup les gens, c’est vrai ; mais qu’elles nous regardent aussi nous qui sommes à Hamdallaye plaque ici », a indiqué Safiatou Gassama.

Safiatou Gassama, teinturière

Hassanatou Kanté pour Guineematin.com

Tél. : 621937298

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