Amadou Diallo (BBC) au procès du 28 septembre : les féticheurs, les militaires et les bouteilles d’alcool à Labé

Amadou Diallo, ancien correspondant de la BBC en Guinée

L’ancien correspondant de la BBC en Guinée a poursuivi sa déposition devant le tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à Kaloum, après la pause de ce mardi, 17 octobre 2023. Amadou Diallo a rappelé deux faits qui se sont produits à Labé lors du déplacement du capitaine Moussa Dadis Camara, ex chef de la junte guinéenne du CNDD, deux jours avant le 28 septembre 2009, rapporte Guineematin.com à travers son équipe dépêchée au tribunal.

Comme pour défier ses détracteurs qui ne souhaitaient pas le voir prendre part à l’élection de 2010, le chef de la junte d’alors s’est rendu dans cette préfecture pour y tenir un meeting. Mais, la veille de son arrivée à Labé, dans une atmosphère tendue, selon les dires du très expérimenté journaliste, des militaires bouteilles d’alcool en main, disaient vouloir y faire ce qu’ils voulaient. Une manifestation contre la junte avait déjà eu lieu dans cette ville du Fouta d’où est originaire l’opposant Cellou Dalein Diallo.

Amadou Diallo, ancien correspondant de la BBC en Guinée

« Mouctar Bah et moi, nous sommes allés à Labé le vendredi, le capitaine Dadis devait arriver le samedi (26 septembre 2009). Ce que j’ai vu, c’était une scène surréaliste : vers 16, 17 heures, nous étions au niveau du rond-point de l’hôtel du tourisme, et ce que je vois là, ce sont des militaires qui arrivent, qui descendent d’une petite voiture, qui ouvrent les portières, qui se mettent sur le capot, sur le coffre, sur le toit de la voiture et même sur les portières, ils sortent des bouteilles d’alcool, ils se mettent à boire en criant « nous allons faire ici ce que nous voulons ». Ça, je l’ai entendu et je l’ai vu. Ça s’est passé devant une foule médusée », a-t-il expliqué.

Le doyen Amadou Diallo a constaté la seconde chose qu’il juge importante lors du meeting dans le stade Elhadj Saïfoulaye Diallo de Labé.

« Ce que j’ai vu et qui a surtout retenu mon attention, c’était que la première ligne était occupée par la garde présidentielle et des éléments qui étaient habillés en

féticheurs. Ils avaient les yeux rouges, j’ai l’habitude de regarder des choses difficiles ; mais, personnellement, je ne pouvais pas les regarder deux fois, tellement qu’ils étaient effrayants », a ajouté Amadou Diallo.

À la fin de sa déposition, le tribunal a renvoyé l’affaire à demain, 18 octobre 2023, pour la suite des débats.

Mamadou Yahya Petel Diallo et Thierno Hamidou Barry pour Guineematin.com 

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