N’Zérékoré : les enseignants contractuels prêts à renoncer à leurs arriérés, mais…

Devant la résistance des enseignants contractuels, qui réclament le paiement de leurs arriérés de salaires et de primes, les autorités ont fait une nouvelle offre plus alléchante. En lieu et place de ces réclamations, le gouvernement promet leur engagement automatique, et dans un bref délai, à la fonction publique. C’est pour se pencher sur cette nouvelle offre que les enseignants contractuels de N’Zérékoré ont de nouveau répondu à l’appel de leurs responsables régionaux dans la matinée d’hier, lundi 16 octobre 2023. Ils ont exprimé leur accord par rapport à cette nouvelle mais redoutent de se faire dribbler par les autorités qui ne réalisent jamais les promesses, rapporte l’équipe de Guineematin.com basé dans la préfecture.

Chat échaudé craint l’eau froide, a-t-on coutume de dire. C’est conscient de cette maxime que les enseignants contractuels de N’zérékoré expriment leur accord sur la proposition du gouvernement de les recruter directement à la fonction publique. Ils sont prêts à renoncer à leurs nombreux mois d’arriérés de salaires impayés, si l’Etat tient la promesse. Mais d’ici, ils ne comptent pas reprendre les cours.

Jonas Koulémou, vice-coordinateur régional des enseignants contractuels de N’Zérékoré

C’est ce qu’a indiqué Jonas Koulémou, vice-coordinateur régional des enseignants contractuels de N’Zérékoré. Interrogé, il est revenu en détail sur la proposition faite par l’Etat dans le règlement du différend. « L’objectif de notre rencontre est d’informer l’ensemble des enseignants contractuels à la base, du contenu de l’accord trouvé à la date du vendredi 13 octobre 2023 entre le gouvernement et la coordination nationale des enseignants contractuels. Et ensuite, matérialiser notre accord par un écrit dans lequel nous allons aussi proposer des recommandations au gouvernement qui nous a demandé de leur déposer cet écrit le plus vite que possible. Cet accord prévoit, après consultation des enseignants contractuels à la base, de renoncer à nos arriérés de salaires et de primes pour notre engagement à la fonction publique dans un bref délai. Quatre (4) Ministères, dont l’Enseignement pré-universitaire, le MATD, la Fonction publique et celui du Budget, ont pris part à l’entretien pour cet accord où ils ont demandé que notre accord soit matérialisé par un écrit qu’ils nous demandent de leur déposer plus tard le mardi 17 octobre 2023, pour que cela soit présenté, discuté et certainement validé au prochain Conseil des ministres. C’est vraiment un accord qui a plus ou moins soulagé les enseignants. Ce qui nous va droit au cœur. Nous sommes d’accord ; mais seulement, il y a encore quelques doutes et inquiétudes, puisque l’Etat a toujours promis par le passé mais sans pouvoir réaliser. Si non, nous sommes vraiment d’accord, parce que la nouvelle est bonne et nous a soulagés. Mais seulement, on continue encore à se poser des questions sur l’effectivité de la chose. C’est vrai que cette nouvelle nous a soulagés, mais nous nous sommes abstenus de toute activité de reprise des cours. Nous attendons que l’Etat concrétise sa promesse avant que nous ne partions à l’école. On a tous applaudi et apprécié cette nouvelle, mais ceci ne veut pas dire que nous allons tout de suite reprendre le chemin de l’école. C’est pourquoi, c’est le lieu pour moi de dire aux enseignants contractuels de resserrer les rangs et de rester à la maison en attendant de voir l’Etat réalisé ce qu’il a dit pour nous. Nous demandons également à l’Etat d’honorer cette fois-ci ses promesses et engagements. Nous leur demandons aussi de bien vouloir publier les résultats de l’authentification des diplômes dont ils nous ont dit qu’il y a eu 13 052 diplômes authentifiés. Et, aux autorités éducatives d’arrêter d’intimider certains des nôtres dans l’idée de les faire remplacer par d’autres contractuels. Pas d’actions concrètes, pas de cours », a martelé, sur un ton ferme, Jonas Koulémou.

Sény Rosine Sangbalalou, enseignante contractuelle

Présente à cette réunion, Sény Rosine Sangbalalou, enseignante contractuelle, dit être d’accord avec cette proposition de l’Etat, et attend impatiemment les matricules pour être fonctionnaires d’Etat. « Je suis d’accord avec cette proposition et impatiente d’avoir désormais nos numéros matricules pour enfin être fonctionnaires d’Etat. Certainement, l’Etat s’est vu dans l’incapacité de nous payer nos arriérés parce que depuis longtemps, nous sommes sur ça. Nous sommes d’accord avec cette proposition, mais nous sommes toujours sur notre position de ne pas partir en classe. On ne bougera pas si l’Etat ne nous fait pas bouger », a laissé entendre la jeune dame.

Nowaï Lamah, enseignante contractuelle

Même son de cloche chez Nowaï Lamah, enseignante contractuelle depuis six (6) ans. « Je suis d’accord par rapport à la nouvelle proposition de l’Etat, qui nous demande de renoncer à nos arriérés de salaires et de primes pour notre engagement à la fonction publique sans test. Mais si tel n’est pas le cas, nous resterons toujours à la maison. Ceci dit, nous attendons que cela soit réel avant de reprendre le chemin de l’école. J’espère, je crois et je confie tout à Dieu. On garde espoir, mais en sachant que si l’Etat ne fait rien, on ne fera rien aussi… ».

De N’Zérékoré, Foromo Gbouo Lamah et Jean David Loua pour Guineematin.com

Tel : (+224) 620166816/ 666890877

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