Répression contre les journalistes : « c’est un recul réel pour notre démocratie », estime l’OGDH

Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée

La répression de la marche des journalistes à Conakry, hier lundi, continue de faire des vagues. L’indignation est de mise dans le pays, notamment chez les défenseurs des droits humains. Alseny Sall, responsable de la communication de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme (OGDH), dénonce cette répression qui s’est abattue sur les hommes de médias, sortis manifester leur colère contre la restriction du site Guineematin.com depuis une soixantaine de jours. Il l’a dit ce mardi, 17 octobre 2023, dans un entretien accordé à Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Alseny Sall, chargé de communication de l’OGDH

Le porte-parole de l’OGDH Alseny Sall s’indigne de cette violence perpétrée contre les journalistes à Kaloum. « Il faut s’indigner par rapport à cette situation. Je pense que les employés des médias ont utilisé tous les canaux pour pouvoir régulariser la situation, contre la restriction de Guineematin. Malheureusement, il n’y a pas eu de solution. Le droit de manifestation est un droit garanti, et par la charte de la transition et par l’essentiel des instruments juridiques internationaux auxquels la République de Guinée est partie. Donc, lorsque les gens décident de recourir à ce droit et qu’ils ont respecté la forme, je ne vois pas pourquoi ils vont les empêcher d’exercer un tel droit. En démocratie, on se s’attaque pas aux journalistes. Ce qui s’est passé hier, c’était dangereux. C’est une menace réelle pour notre démocratie. Cela résulte de la volonté systématique de taire toutes les voix dissonantes. Or, les journalistes constituent les voix des sans voix, c’est eux qui livrent les messages des populations les plus vulnérables. Je me demande pourquoi violenter des journalistes qui n’ont que leurs matériels de travail. Je pense que la moindre des choses qu’on pouvait faire, c’était de les encadrer et de les accompagner jusqu’au lieu où la manifestation se termine et les laisser partir. Après, on pouvait leur envoyer des convocations. Mais c’est très malheureux et regrettable. Ça démontre que les anciennes pratiques que nous avons toujours dénoncées persistent. Certes, les hommes ont changé, mais les pratiques n’ont pas changé. Pourtant, le Colonel s’était engagé à faire de la justice la boussole. Il doit faire attention à de telles pratiques, parce que cela n’honore pas la Guinée. C’est un recul réel pour notre démocratie. Il faut situer les responsabilités. Nous avons demandé que ceux qui sont derrière cette violence soient arrêtés et que des enquêtes sérieuses soient menées », a-t-il laissé entendre.

En outre, Alseny Sall interpelle les juges en charge du dossier et condamne cette forme d’intimidation des journalistes. « Cela démontre qu’ils sont dans la logique du harcèlement judiciaire et de l’intimidation des journalistes et des voix dissonantes. On n’en avait pas besoin. Surtout, nous sommes dans une période de transition où nous avons besoin de la participation de tout le monde, notamment les médias qui informent le peuple sur la conduite de la transition. Lorsque vous vous attaquez à la presse, vous vous attaquez à ceux qui vous aident à faire votre travail. Nous constatons qu’il y a des juges qui ont le courage de dire le droit et de veiller au respect des libertés. Alors, nous espérons que les juges prendront toute leur responsabilité pour rendre justice en ordonnant que les journalistes qui ont été blessés soient soignés, mais aussi de demander à ce que les matériels endommagés soient restitués ou réparés », a-t-il indiqué.

Ismaël Diallo pour Guineematin.com

Tél : 624693333

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