Meurtre de manifestants à Conakry : un tribunal ordonne la comparution des responsables du Margis-chef Ibrahima Baldé

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Ouvert le 19 juin dernier, le procès du Margis-chef Ibrahima Baldé s’est poursuivi dans la journée d’hier, lundi 16 octobre 2023, au tribunal criminel de Dixinn. Ce gendarme est accusé de meurtre, d’atteinte à la vie, de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. C’était suite à une manifestation du FNDC à Conakry qui avait entraîné la mort de 3 personnes. Le dossier a été renvoyé pour la comparution de deux officiers, responsables hiérarchiques de l’accusé, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.  

L’audience a été renvoyée à ce jour, pour permettre aux différentes parties civiles de faire leurs dépositions. Après la déposition de Mariama Benthé Diallo, le tribunal a renvoyé l’affaire au 23 octobre 2023 pour la comparution du commandant Aboubacar Keïta et son adjoint a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Dans cette affaire, les faits reprochés au Margis-chef Ibrahima Baldé datent du 20 octobre 2022, à l’occasion d’une manifestation du Front national pour la défense de la constitution (FNDC). Ce jour, au moins trois jeunes gens : Thierno Moussa Barry, Thierno Bella Diallo et Elhadj Boubacar Diallo, avaient été tués par balles à Conakry. Les enquêtes ouvertes sur le meurtre de ces 3 jeunes ont abouti à l’arrestation de ce gendarme. Il avait été filmé, armé d’un pistolet, dans la banlieue de Conakry, ce jour de manifestation. Après son arrestation, il a été inculpé et placé sous mandat de dépôt le 6 décembre 2022.

A l’ouverture de son procès le lundi 19 juin dernier, le Margis-chef Ibrahima Baldé a plaidé non coupable. Ce lundi 16 octobre 20123, Mariama Benthé Diallo, la sœur de feu Elhadj Boubacar Diallo, a fait sa déposition. Elle a déclaré ne pas pouvoir confirmer que les balles qui ont atteint son jeune frère provenaient des tirs du Margis-chef Ibrahima Baldé. « Ce jour, j’étais avec mon petit frère Elhadj Boubacar Diallo, âgé de 17 ans. Il m’a aidé à faire les travaux ménagers. Quand j’ai fini de faire la cuisine, il m’a dit qu’il allait rentrer pour se reposer. Quand on s’est séparé, j’ai entendu des tirs. Et les tirs ont atteint mon petit frère. Je ne peux pas dire que c’est lui qui a tiré sur mon petit frère. Mais les gens m’ont dit que ce sont les gendarmes qui ont tiré sur lui. Moi, c’est la vidéo que j’ai vue. On entendait les tirs sur l’axe jusqu’à 14 heures. Mais ils n’ont pas tiré dans le quartier Koloma où nous étions. Seulement, quand mon petit frère a reçu la balle, les tirs ont cessé. Aujourd’hui, je ne peux pas dire que réellement c’est lui qui a tiré sur lui. Je ne peux pas l’accuser. Mais, Dieu est là », a-t-elle laissé entendre.

Au terme de cette déposition, l’avocat de la partie civile, Me Thierno Souleymane Baldé a sollicité que le tribunal ordonne la comparution des supérieurs hiérarchiques du Margis-chef Ibrahima Baldé. L’avocat insiste à ce que ceux-ci viennent s’expliquer pour la manifestation de la vérité dans cette affaire. « Il y a trois parties civiles constituées dans cette affaire. Vous n’étiez pas présent, je n’étais pas présent. L’accusé n’était pas seul sur les lieux. Il y avait ses supérieurs hiérarchiques et son adjoint. La vidéo a même été filmée par ses propres collègues. Nous vous prions que ses supérieurs hiérarchiques viennent déposer pour nous dire réellement ce qui s’est passé », a sollicité maître Baldé.

Le ministère public n’étant pas opposé à cette demande de la partie civile, le tribunal a finalement ordonné la comparution du Commandant Aboubacar Keïta et de son adjoint, responsables hiérarchiques de l’accusé. L’affaire a été renvoyée au 23 octobre 2023.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

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