Journée de la fin de l’impunité pour les crimes contre des journalistes : le SPPG invite les autorités à une prise de conscience

Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du SPPG

La journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes est célébrée le 02 novembre de chaque année. Elle est née de l’enlèvement et de l’assassinat des journalistes de Radio France Internationale (RFI), Ghislaine Dupont et Claude Verlon au nord Mali le 02 novembre 2013. En Guinée, cette journée intervient dans un contexte de restriction de la liberté de la presse et d’actes de violences perpétrés contre les journalistes. Sékou Djamal Pendessa, secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG), fer de lance de la lutte contre l’arbitraire, dénonce et réaffirme l’engagement à lutter contre le bâillonnement de la presse.

Il y a quelques jours, des journalistes guinéens ont été victime d’actes de violences inouïes de la part de services de sécurité, perpétuant la tradition des mauvais traitements infligés aux hommes de médias. Sékou Djamal Pendessa dresse un bilan peu reluisant sur la liberté de la presse et déplore les violences contre les journalistes, jusque-là restées impunies.

« Il y a beaucoup de crimes commis contre des journalistes en Guinée qui n’ont pas connu d’issues judiciaires. En 2017 déjà, on a connu les bastonnades spectaculaires à l’Eco 3 de Matam où des dizaines de journalistes ont été sauvagement battus. Le SPPG a porté plainte à l’époque avec l’aide de OSIWA qui avait pris en charge les frais d’avocat pour nous. Mais dans la foulée, le président de la République d’alors a dit dans un discours que les journalistes avaient craché sur le visage des gendarmes. C’est pour cela que ceux-ci les avaient battus. Depuis, il a donné des orientations. Vous savez, nous sommes dans un contexte guinéen, africain, où les magistrats n’ont pas le courage d’aller dans le sens contraire des orientations de l’exécutif », a dénoncé le confrère.

La situation n’a pas connu de changement malgré le changement de régime et les promesses de rupture avec le passé sombre de notre pays. « Depuis l’arrivée du CNRD, nous avons enregistré, pour l’année 2022, vingt-cinq actes et actions liberticides, des agressions physiques contre des journalistes. Rien n’a été sanctionné. Un seul cas sanctionné sur le plan administratif, c’est au niveau de la commune de Ratoma où le maire Sacko avait sanctionné un conseiller pendant trois mois pour agression contre un journaliste de Africaguinee.com pendant une opération de déguerpissement. Le cas le plus récent, à l’occasion de la marche pacifique organisée par le SPPG, le 16 octobre dernier pour la libération de Guineemati.com qui est victime de restrictions illégales depuis trois mois, nous avons également été gazés, frappés et jetés dans des pick-up, avec des coups de pieds. On arrive au commissariat et au tribunal de première instance de Kaloum, au lieu que le procureur se préoccupe de ces crimes commis contre les journalistes pour mettre fin à cette impunité comme le demande cette journée qui est célébrée aujourd’hui 2 novembre, il a plutôt poursuivi les victimes. C’est le paradoxe guinéen », a martelé le secrétaire général du SPPG.

Sékou Djamal Pendessa interpelle les autorités sur leurs responsabilités. « Nous demandons à tous les procureurs qui n’étaient pas au courant de l’existence de cette journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes, décrétée par les Nations Unies, de profiter de cette journée pour prendre conscience du danger qui nous guette. L’Etat guinéen a souscrit à des engagements au niveau international. Quand le CNRD est arrivé, dans les premiers discours du Colonel Mamadi Doumbouya, il s’est engagé à respecter tous les engagements pris par la Guinée au niveau international. Lundi prochain, nous organisons une marche pacifique à Kaloum encore… Notre marche, c’est le 6 novembre prochain, soit trois jours d’intervalle seulement avec la journée d’aujourd’hui, ils n’ont aucune raison de nous violenter. Nous allons encore marcher, mais ils n’ont pas droit de nous violenter », a lancé le Secrétaire général du SPPG.

Amadou Lama Diallo pour Guineematin.com

Tél : 669681561

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