Mise en liberté de Damaro Camara : la Chambre des appels de la CRIEF se penche sur la question

Economiste et ancien président de l’Assemblée nationale, Amadou Damaro Camara est à la barre ce mardi, 14 novembre 2023, devant la chambre des appels de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Il est poursuivi pour « détournement de deniers publics, corruption, blanchiment de capitaux…) portant sur 15 milliards de francs guinéens. Mais, c’est l’ordonnance de mise en liberté prise en sa faveur le 9 octobre dernier par la chambre de jugement qui est en débat aujourd’hui devant la chambre des appels.

Le ministère public s’oppose à sa libération et estime que « la décision de la chambre de jugement avait été ordonnée de façon erronée ». Un argument que la défense balaie d’un revers de la main, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

A l’entame de la présente audience, la Cour a donné la parole au ministère public pour égrener les motifs qui l’ont conduit à relever appel de la décision du juge d’instance de la chambre de jugement concernant la mise en liberté du prévenu Amadou Damaro Camara. Et, dans sa prise de parole, le procureur spécial, Aly Touré, a déclaré que la chambre de jugement s’est fourvoyée dans cette affaire.

« Nous sommes ici parce qu’une liberté a été ordonnée de façon erronée… Dans cette affaire contre Amadou Damaro Camara découle de la mise à disposition de l’Assemblée nationale (dont le prévenu était le président) de la somme de 15 milliards de francs guinéens à l’effet d’entamer la construction d’un siège. Dans l’utilisation de cet argent, plusieurs gabegies ont été commises. La dilapidation de ces fonds a été faite par Amadou Damaro Camara. C’est pourquoi une procédure a été intentée contre eux pour détournement de deniers publics, enrichissement illicite, etc. Lorsque cette affaire est venue devant la chambre de l’instruction, ces magistrats ont décidé à ce que monsieur Amadou Damaro Camara soit détenu provisoirement. Cette détention provisoire a des motifs sérieux… Ces magistrats ont abouti à une ordonnance selon laquelle Amadou Damaro Camara doit être jugé devant la chambre de jugement pour ces faits de détournement. Et, lorsque la demandes de mise ne liberté a été posée au niveau du magistrat instructeur, cette demande a couru jusqu’à la Cour suprême. Et, c’est cette Cour qui a ordonné, en cassant l’arrêt de la chambre spéciale de contrôle de l’instruction, que monsieur Amadou Damaro Camara continue d’être en prison jusqu’à l’issue de cette procédure… Ainsi, en ordonnant la libération de monsieur Amadou Damaro Camara, nous estimons que la Chambre de jugement a méconnu le bien fondé des dispositions pertinentes relatives à la détention provisoire. La chambre est vite partie en besogne, elle a méconnu ses propres règles de fonctionnement. C’est pourquoi nous avons cru devoir relever formellement appel de cette décision. Parce que pour nous, monsieur Amadou Damaro Camara doit continuer d’être en prison jusqu’à l’issue de cette procédure. Nous estimons qu’en ordonnant la mise en liberté de monsieur Amadou Damaro Camara, la chambre de jugement a commis une grave erreur. La chambre de jugement s’est fourvoyée dans cette affaire », a martelé le procureur Aly Touré, tout en demandant à la Chambre des appels d’ordonner le maintien en détention de Damaro Camara.

Cependant, ces arguments ministère public ont très vite été balayés par les avocats de la défense. Ces derniers ont estimé que le parquet n’a invoqué « aucun motif de droit » pour motiver son appel contre la décision de la chambre de jugement.

« Moi je suis resté sur ma faim sur les motifs d’appel. Il (le procureur) n’a même pas invoqué de motif d’appel… Ce qui revient à dire monsieur le président, honorable assesseurs, de déclarer irrecevable l’appel du procureur sur le fondement des dispositions de l’article 593 du code de procédure pénale. Le parquet n’a encore rapporté aucune preuve de la culpabilité de monsieur Amadou Damara Camara dans cette affaire. Ce dossier ne repose sur aucun élément plausible », a martelé Me Santiba Kouyaté, un des avocats de Amadou Damaro Camara.

Les débats sont actuellement (15 heures) en cours dans ce dossier devant la Chambre d’appel de la CRIEF.

Nous y reviendrons !

Mamadou Baïlo Keïta et Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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