Journée mondiale de la télévision : Jacques Léwa Léno (DG d’Espace TV) à Guineematin

Instituée par l’Organisation des Nations Unies (ONU) en 1996, la journée mondiale de la télévision est célébrée le 21 novembre de chaque année. La journée est mise en exergue par les professionnels de l’audiovisuel pour discuter des progrès et défis liés à ce média. Dans un entretien accordé à un journaliste de Guineematin.com ce mardi, 21 novembre 2023, Jacques Léwa Léno, Directeur Général d’Espace TV, parle d’une journée de réflexion sur les contenus et à l’adaptation au monde actuel avec les technologies de l’information et de la communication.

Guineematin.com : À l’issue du forum organisé les 21 et 22 novembre 1993, les Nations-Unis ont institué la journée mondiale de la Télévision. Vous, en tant que Directeur général de média audiovisuel, qu’est-ce que cette journée représente pour vous et que vous inspire-t-elle ?

Jacques Léwa Léno : une journée pour célébrer la télévision, moi je dirai que c’est une journée qui appelle à la réflexion sur le travail qui se fait à la télévision. Parce que lorsque la télévision naissait, il y avait beaucoup de fantasmes, tous ceux qui travaillaient à l’intérieur, les techniciens, les politiciens avaient estimé qu’ils avaient trouvé le média le plus complet : avec le son, la vidéo et puis le texte qui accompagne. On avait estimé que, comparativement aux médias qui avaient existé avant, notamment la presse écrite, la radio, qu’on était à une des meilleures inventions. Sauf qu’avec les progrès techniques et technologiques, on se rend compte qu’il y a de nouveaux moyens de communications qui sont nés et qui ont la possibilité voire qui ont plus de possibilités aujourd’hui que la télévision traditionnelle. Donc, c’est un appel à la réflexion pour dire d’où nous sommes partis et où nous sommes aujourd’hui et où nous devons aller. Cette réflexion doit porter sur les contenus à améliorer et puis c’est un appel à l’adaptation au monde actuel.

Selon vous, comment la télévision s’en sort-elle aujourd’hui, à cette période de floraison des plateformes de streaming vidéo ? Ne craignez-vous pas que vos contenus soient moins suivis par rapport aux contenus sur intérêt ?

Jacques Léwa Leno, Directeur Général d’Espace TV

Certes, il y a une menace, mais tout dépendra de comment nous allons nous y prendre. Parce que vous savez qu’on avait juré que la Radio, c’était fini, et que même la presse écrite c’était fini. Oui, dans notre pays, la presse écrite ce n’est plus quelque chose, mais c’est encore quelque chose dans les pays voisins comme le Mali, le Sénégal, la Côte d’Ivoire parce qu’on fait en sorte que les contenus soient améliorés, soient riches. Ce que vous ne pouvez pas trouver à la radio que vous puissiez le trouver dans un journal papier. La télévision aussi peut résister à ces nouveaux canaux de communication sur le web. Il suffira tout simplement de s’adapter et de pouvoir faire mieux. Moi, je ne les prends pas mal, je dis tout simplement que c’est le progrès parce qu’on est appelé à avancer. C’est pourquoi, nous du monde de la télévision, nous devons amener la télévision aux citoyens. Il ne faut plus que le citoyen vienne à la télévision. Puisqu’on sait que le citoyen moderne, il est sur son téléphone et il faut l’amener à la télévision. Et s’il a encore les anciennes habitudes de suivre sa télévision au salon devant un petit écran, il faut l’amener la télévision là-bas. Donc, il faut que la télévision soit partout et il faut que la télévision s’intéresse aux questions que traitent ces gens-là de façon professionnelle pour que ce soit la version du journaliste qui soit prise en compte.

De nos jours, quels sont les défis auxquels doit faire face la télévision aujourd’hui ?

Il y a de grands défis. La télévision, c’est le média le plus cher en termes d’organisation, de production, d’entretien même du personnel qui doit faire le travail ; c’est beaucoup de choses. Et aujourd’hui, si on veut être au même diapason que les autres, on doit avoir suffisamment de moyens, et ces moyens-là manquent beaucoup aux promoteurs africains et guinéens. Il y en a qui se démerdent, qui s’en sortent bien et il y en a d’autres qui ont des soucis. Le plus grand, c’est de pouvoir trouver ces moyens-là, de pouvoir être présent partout et pour pouvoir être assez libre dans la création de contenus. Parce que la production coûte très chère et très souvent, les promoteurs n’ont pas assez de moyens à consacrer à la production. L’avenir de la télévision, ce sera dans la production en diversifiant les choix, en diversifiant les sujets et en faisant en sorte que la télévision soit un moyen qui participe à la construction. Il ne faut pas que la télé fasse peur, il faut que la télé donne du goût aux gens de vivre…

Vous, en tant que Directeur général d’Espace TV, l’une des télés les plus suivies en Guinée et au-delà, quel conseil avez-vous à passer à l’occasion de cette journée à l’endroit des professionnels de l’audiovisuel guinéen ?

Il faut que nous restions tout simplement journalistes. Si nous nous confondons à nos nouveaux concurrents sur le web, c’est nous qui allons disparaître. Parce que nous avons quand même un minimum de pudeur qui fait que ce qu’ils font, nous n’allons pas le faire. Donc, mieux vaut ne pas les suivre. Nous devons suivre nos chemins, mais en utilisant les mêmes canaux qu’eux. Puisqu’ils utilisent les nouveaux moyens de communication, nous allons les utiliser ensemble ; et le public qui viendra chercher son information saura facilement où aller sur les réseaux sociaux.

Jacques Léwa Leno, Directeur Général d’Espace TV

Propos recueillis par Malick DIAKITE pour Guineematin.com

Tél : 626-66-29-27 

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