Djoma TV « retirée sans préavis » du bouquet Canal+ : le DG de Djoma Médias, dénonce « un sabotage » et annonce des poursuites judiciaires

Kalil Oularé, Directeur Général de Djoma Média

La triste nouvelle s’est propagée dans la matinée de ce jeudi, 7 décembre 2023, comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. La télévision privée, Djoma TV, a été retirée du bouquet Canal+ sans préavis. Cette coupure aurait été opérée hier (mercredi) par Canal sur instruction des autorités guinéennes. Kalil Oularé, le directeur général du Groupe Djoma Médias, dénonce un « sabotage » et annonce des poursuites judiciaires contre Canal en France et en Guinée, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Depuis le 5 septembre 2021, le Groupe Djoma Médias est constamment dans le viseur de la junte militaire du CNRD. Cette entreprise de presse privée a d’abord vu son compte bancaire gelé, puis elle a subi des restrictions (brouillages de ses fréquences) et les multiples convocations de ses journalistes à la Haute Autorité de la Communication (HAC). Le 24 novembre dernier, ses ondes radio ont été brouillées. Cette censure injuste et illégale perdure encore. Et depuis hier, c’est sa télévision (Djoma TV) qui est dans la ligne de mire des autorités guinéennes. Ces dernières auraient enjoint Canal+ de retirer Djoma TV de son bouquet.

« Depuis hier (mercredi), on regardait l’émission ‘’On refait le monde’’ quand on a constaté que le signal s’est coupé. Alors, nous avons d’abord fait les tests chez nous pour savoir si c’est un problème qui venait de chez nous. Mais, on sait rendu compte que tout allait bien. On a demandé à la structure qui transporte le signal à Canal, elle a vérifié et elle a trouvé que le signal arrivait très bien et qu’il le transportait très bien jusqu’à Canal. Et donc, c’est Canal qui ne mettait pas le signal à l’antenne. Ainsi, il fallait voir avec Canal. C’est ce que nous avons fait, on a appelé tous les dirigeants de Canal en Guinée et ailleurs. Mais, personne n’a daigné nous répondre. On a envoyé des mails, aucun retour. Et, à l’heure où je suis comme ça (10 heures40’), j’ai encore appelé au moins cinq fois ce matin le directeur de Canal Guinée pour que je puisse le rencontrer afin qu’il m’explique, mais il ne décroche pas. Donc, nous avons quand-même fait nos enquêtes, et celles-ci ont révélé que les autorités guinéennes ont enjoint Canal+ de couper les chaînes Djoma TV et Djoma FM de son bouquet. C’est ce que Canal a fait unilatéralement, sans préavis, sans nous informer et sans tenir compte du contrat qui nous lie », a déploré Kalil Oularé, le directeur général du Groupe Djoma Médias.

Face à cette action « unilatérale » et illégale de Canal en Guinée, Djoma Médias ne compte pas rester les bras croisés. Le directeur général dudit Groupe dénonce un « sabotage » et promet des poursuites judiciaires contre Canal en France et en Guinée. Kalil Oularé s’indigne aussi de savoir que « Canal+ accepte d’être l’instrument politique des autorités » guinéennes pour museler la presse en Guinée.

« On va, dès ce matin, engager des procédures dans ce sens-là. On va faire un constat d’huissier ce matin. Et, puisque le contrat est régi par le droit français, c’est donc le tribunal judiciaire de Paris qui doit statuer. Nous avons informé nos avocats en France pour qu’on puisse leur fournir l’ensemble des informations qu’il faut pour que Canal nous rétablisse dans nos droits. Parce que ce n’est pas normal. On va aussi engager des procédures en Guinée ici pour voir comment cela va être résolu. A ce jour, nous on n’a pas connaissance d’une sanction de la HAC, on n’a pas connaissance d’une procédure judiciaire qui aurait abouti à une quelconque censure de notre chaîne, on est en règle, nos licences sont à jour, les redevances sont payées, on n’a aucun problème avec une quelconque autorité. Donc, on ne comprend pas pourquoi aujourd’hui nous faisons l’objet de ce sabotage. Mais, ce qui est surtout très grave, c’est que Canal+ accepte d’être l’instrument politique des autorités de la Guinée. Parce qu’aujourd’hui il y a beaucoup de chaînes guinéennes qui sont dans ce bouquet, et si à la première demande Canal doit exécuter, ça veut dire que toutes les autres chaînes de Guinée qui sont sur Canal doivent se faire de soucis. C’est très grave que Canal s’associe à une campagne de musellement de la presse en Guinée », a martelé Kalil Oularé.

Depuis le 24 novembre dernier, plusieurs médias privés (dont la radio Djoma FM) sont brouillés et les réseaux sociaux sont restreints en Guinée. Le gouvernement guinéen décline toute responsabilité dans cette affaire vécue par la presse locale comme une « menace d’extinction des médias privés ».

Dans une déclaration conjointe publiée le 4 décembre dernier, les associations de presse et le SPPG (syndicat des professionnels de la presse de Guinée) ont désigné le Premier ministre (Dr Bernard Goumou) et certains cadres de son administration « ennemis de la presse ». Ces organisations professionnelles de la presse guinéenne ont aussi prévu des actions de protestation contre cette censure dictée par les autorités. Il s’agit entre autres : d’organiser des journées sans presse, faire un sit-in à la HAC (Haute Autorité de la Communication), organiser une marche pacifique et boycotter les activités des organes de la Transition.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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