Minorités ethniques, diversité culturelle, réconciliation à Koundara : le préfet Abdourahamane Keïta à Guineematin

Colonel Abdourahamane Keïta, préfet de Koundara

Comme annoncé dans nos précédentes dépêches, la préfecture de Koundara (située à l’Ouest de la Guinée) est habitée par plusieurs communautés qui vivent en symbiose. Ces communautés parlent plusieurs dialectes, disposent d’une diversité culturelle et pratiquent majoritairement deux religions. Dans une interview accordée à Guineematin.com, le colonel Abdourahamane Keïta, préfet de Koundara, est revenu sur les minorités ethniques, la coexistence pacifique, la diversité culturelle de sa juridiction géopolitique. C’était à l’occasion du FESTAB.

A l’entame, le Colonel Abdourahamane Keïta a justifié l’objectif recherché à travers le FESTAB (Festival des Arts du Badiar) dans sa préfecture.

« Parlant de la minorité ethnique, c’est l’objectif recherché de ce festival qu’on appelle FESTAB de Koundara. Nous sommes à notre deuxième édition cette fois pour parler de Koundara, des minorités ethniques, de la diversité culturelle, de la principale préoccupation de la communauté de Koundara. Ce qui n’était pas connu auparavant. Koundara seulement a 12 ethnies ignorées par méconnaissance. Quand on parle des Peulhs, des Soussous, des Malinkés, des Diakankés, il y a d’autres communautés qui sont là. Elles sont entre autres Foulakounda, Badiaranké, Bassary, les Sarakolen, les Tanda, les Koniagui. Mais, ces communautés ne sont pas connues. Voici quelques noms rares de la Préfecture de Koundara aussi. Des fois ces noms sont mal connus par ailleurs. Ils ont fait l’objet de rejet dans l’élaboration des dossiers civils. Ces sont les noms des BIES, BEINDIA, BANDIA, NIABALY, THIANKO, SARAH, DAMENY, NIOKE, BIANKES, BIDIARE, MANE, SANDEN, FATTY, BOUMBALY, BANARO, BOCOUM, SAMBY. C’est pourquoi nous avons jugé nécessaire d’organiser le FESTAB où on va retrouver toutes les communautés qui sont là pour prouver à la Guinée qu’il y a ces communautés aussi. Malgré qu’elles sont minoritaires, elles existent. C’est une forte majorité dans leur localité qui est installée entre Youkounkoun, Djingan et Termessé. Ce sont des villages ou sous-préfectures qui sont frontalières au Sénégal. Ils vivent en harmonie », a rappelé le préfet de Koundara.

Poursuivant, le Colonel Abdourahamane Keïta a également expliqué la coexistence pacifique des communautés de Koundara.

Colonel Abdourahamane Keïta, préfet de Koundara

« Quand vous rentrez dans Koundara, vous ne pouvez pas faire la distinction entre ces ethnies ou communautés, parce qu’il y a une synergie d’action en matière de mariage, des cas sociaux, décès, etc. Il y a brassage entre celles-ci. Il n’y a pas d’animosité entre les communautés à part des conflits entre éleveurs et agriculteurs. Sinon, la cohabitation ne fait pas défaut. Les gens se comprennent très bien. Ils font tout en communion. Ce qu’on peut retenir, toutes ces communautés parlent Poular en dehors de leurs dialectes ou patois. Les Foulakounda sont là qui parlent leur langue différente du Poular. Les Soussous et Malinkés sont là. Quand on prend les forestiers, il y a les Toma, Kissi, Guersé…. Mais chaque fin d’année, on assiste à la cérémonie des Zihara. Cette fois-ci, c’est du côté des Koniaguis là-bas. On vient à Youkounkoun, on fait, ou bien ce sont les Soussous, les Foulakounda ou ce sont les forestiers qui organisent leur fête. Cette coexistence pacifique est là. Il n’y a pas d’agression entre les ethnies. La sensibilisation est faite dans ce sens à forte dose pour que les uns et les autres se donnent les mains. Si nous parlons de la réconciliation en Guinée, à Koundara il y a effectivement la réconciliation avant le mot », a précisé le préfet de Koundara.

Selon notre interlocuteur, c’est l’arrivée de la politique qui a divisé les gens. « L’arrivée de la politique, c’est ce qui a divisé un peu les gens. Mais, avec l’avènement de cette transition ayant à sa tête le bouillant colonel Mamadi Doumbouya, tout se passe bien. Il a mis les organes consultatifs à travers le ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation dirigé par Mr Mory Condé qui est en train de se battre sur le terrain à travers ces organes. Une mission est là pour vulgariser ces éléments avec la population. La commission travaille à tous les niveaux dans le cadre de la réconciliation… Il y a échange de mariage entre ces communautés, cousinage à plaisanterie. C’est quand vous rentrez en profondeur que vous vous rendez compte que tel est Bassary ou autres. Sinon tout le monde parle Poular. Quand vous rentrez ici, vous avez l’impression que ce sont les Peulhs qui sont là. Mais, il y a des Diakanké qui sont là aussi à Youkounkoun et d’autres personnes. Si nous parlons de religion, on n’a jamais assisté à une division ici. Quand il y a une cérémonie chez les musulmans, tout le monde est là-bas. Quand il y a cérémonie au niveau des chrétiens, tout le monde est là-bas. Toute de façon dans mes sensibilisations tout le monde dit « Allah ». J’ai posé même la question qui peut dire « Amin » dans sa langue ? Ça trouve que tout le monde dit la même chose. Sur ce, on a intimé à tout le monde que chacun suive sa religion. Et à Koundara, il n’y a pas cette guerre ici… Même entre les chrétiens et les musulmans, il y a échange de mariage », a indiqué le préfet de Koundara.

Par ailleurs, le préfet de Koundara est largement revenu sur le FESTAB dans sa préfecture.

« La participation de l’autorité préfectorale, c’est d’abord une fierté qui ne dit pas son nom. On a toujours voulu que toutes les communautés se retrouvent sur un même lieu, parlent le même langage et conjuguent les mêmes verbes. C’est ce que vous avez vu lors de la première sortie à travers un carnaval dans la ville. La deuxième fierté, c’est souvent la sécurité que nous avons donnée à cet événement… Parce que le FESTAB est un moment de se rencontrer, de se réconcilier et de se connaître. Nous accompagnons avec la participation physique et morale à savoir le lancement, la fermeture et accorder des interviews », a conclu le colonel Abdourahamane Keïta.

De retour de Koundara, Amadou Baïlo Batouala Diallo envoyé spécial de Guineematin.com

Tél. : (00224) 628516796

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