Mise en place des délégations spéciales : le RPG-AEC soupçonne un agenda caché du CNRD

Pour le RPG/Arc-en-ciel la mise en place de délégations spéciales dans le contexte actuel n’obéit à aucune loi de la République. Le parti fondé par Alpha Condé redoute une caporalisation de l’administration par le CNRD au pouvoir en Guinée. Cette sortie est une réponse au discours du Colonel Mamadi Doumbouya, prononcé à l’occasion du nouvel an et annonçant la mise en place de délégations spéciales dans tout le pays. Cette annonce a été faite à l’occasion de l’assemblée générale du parti, tenue hier samedi, 06 janvier 2023, à son siège, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Après la création de nouvelles communes urbaines et rurales, la junte au pouvoir en Guinée envisage d’installer des délégations spéciales à travers le pays, pour remplacer les exécutifs communaux dont le mandat est arrivé à terme. De nombreux acteurs politiques dénoncent cette initiative et redoutent un agenda caché du CNRD.

Le RPG/AEC dénonce une ignorance du fonctionnement de l’administration publique. « Vous avez entendu ces derniers temps qu’il est question de mettre en place, sur toute l’étendue du territoire national, ce qu’ils ont appelé les délégations spéciales. Ça, c’est mal connaître l’administration parce qu’une délégation spéciale se met quand il y a faute lourde. Mais dans notre cas, on prend toutes les communes de la République, urbaines comme rurales, et on dit délégations spéciales. Chers militants, vous savez que derrière ça, il y a une idée, il y a un agenda caché. On n’a même pas besoin de réfléchir beaucoup. On voit automatiquement qu’il y a un agenda caché derrière la mise en place systématique de ces délégations spéciales. Donc, nous au RPG, nous savons que la délégation spéciale est placée quand il y a faute lourde. Et si les mandats arrivent à terme, comme c’est le cas, qu’est-ce qu’on fait, on fait les élections ou bien on prend un arrêté ou un décret pour proroger leur mandat. C’est ça la loi. Mais si rien de cela n’est fait, on tombe directement sur des délégations spéciales, c’est qu’il y a un agenda caché. Compte tenu de ce fait, le RPG arc-en-ciel rejette catégoriquement la mise en place des délégations spéciales. Nous insistons soit sur l’organisation des élections ou sur la prorogation de leur mandat par décret ou arrêté par le ministre de l’Administration du territoire. Dans le cas contraire, le RPG rejette toute mise en place des délégations spéciales », a lancé Lansana Komara, membre du bureau politique du RPG/AEC.

Par ailleurs, le secrétaire administratif du RPG/AEC estime que doter la Guinée d’une nouvelle constitution est une perte de temps d’autant plus que le pays dispose déjà de plusieurs constitutions qui peuvent être simplement amendées. « On parle aussi de constitution. Depuis combien d’années on en a parlé ? Depuis le début de cette transition, ils ont dit qu’ils ont dissout la constitution. Bon, on ne dissout pas une constitution, on la suspend. Cette dissolution ne peut pas prendre deux ans. Un pays sans constitution, nous sommes gérés par des textes. Quelque chose d’anormal. Mais, c’est en fonction des humeurs que nous sommes gérés actuellement. Parce que même les textes qu’ils ont concoctés ne sont pas respectés. La charte de la transition n’est pas respectée. Ce sont les humeurs qui nous gèrent actuellement », dénonce Lansana Komara.

Devant cette situation, l’ancien ministre secrétaire général du gouvernement sous Alpha Condé demande au CNRD de faire son travail conformément à la loi pour rendre le pouvoir à un régime légal et légitime. « Ce que nous voulons demander actuellement et exiger aux autorités de la place, qu’on n’a pas besoin de concocter une autre constitution. Quand j’entends dire que la constitution va résister au temps et aux hommes, ça fait un peu rire. On n’a pas besoin de s’assoir à chaque fois et rédiger des constituants, ça n’a aucun sens. Vous prenez par exemple des États-Unis d’Amérique, il n’y a qu’une seule constitution, mais vous pouvez voir en son intérieur plus de 200 amendements. C’est ça la démocratie. Et ces amendements sont effectués par des élus du peuple. Ce ne sont pas deux ou trois personnes qui s’asseyent dans un couloir pour décider de quelque chose et dire voilà, c’est notre constitution. Donc, nous exigeons de revoir cette position. Pour faire une Constitution, il y’a déjà celle de 2010, celle de 2020. On n’a pas besoin d’aller chercher une autre constitution parce que ce sont les mêmes thèmes et termes. Parce qu’on ne va pas rester comme ça dans cette situation puisqu’on a l’impression que les autorités veulent s’éterniser au pouvoir… »

Malick DIAKITE pour Guineematin.com

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