Établissement d’un faux passeport : une cadre du Ministère de la Sécurité condamnée au tribunal de Mafanco

Tribunal de Mafanco, TPI

Dame Kadiatou Diallo, opératrice de saisie de passeport au Ministère de la Sécurité et de la Protection civile, a été reconnue coupable de faux et usage de faux ce lundi, 15 janvier 2024. Jugée au tribunal de Mafanco pour avoir confectionné un faux passeport au préjudice de Mariama Dalanda Diallo, elle a écopé de 6 mois 2 jours d’emprisonnement, à 5 millions d’amende et à 40 millions GNF de dommages et intérêts. Des faits qu’elle avait reconnus à la barre, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

En service au Ministère de la Sécurité et de la Protection civile, elle est jugée pour avoir établi un faux passeport au préjudice de Mariama Dalanda Diallo, étudiante. Cette dernière a été refoulée de l’aéroport au Canada avec ce document altéré où elle était partie poursuivre ses études. Après son expulsion du Canada, la victime a porté plainte contre la prévenue.

Dame Kadiatou Diallo comparaissait libre jusqu’à ce lundi à Mafanco. Après les plaidoiries et réquisitions, suivies de l’énoncé du verdict, le tribunal a décerné un mandat de dépôt contre elle à l’audience.

A la barre, et à l’absence de Dalanda Diallo, la prévenue a plaidé coupable des faits mis à sa charge. « C’est sa maman qui a insisté pour que je fasse ce document pour elle.  Sa maman m’a dit qu’elle a besoin de ce document pour faire des affaires. Mais comme je suis dans l’effectif de la police, j’ai cherché un stagiaire, Adama Camara, qui est d’ailleurs décédé. Ce dernier m’a aidé à confectionner ce passeport. Mais, je ne sais pas où ce document a été établi. J’ai dit à sa maman de ne pas utiliser le passeport au niveau des aéroports, parce que c’est un passeport altéré. Il y a eu des personnes qui se sont impliquées pour qu’elle ne fasse pas l’entretien. Donc, je reconnais que j’ai violé les principes en tant qu’agent public de l’Etat », a expliqué Kadiatou Diallo.

Après cette déposition, l’avocat de la victime a déclaré que sa cliente a subi beaucoup de préjudices dans cette affaire. Il va réclamer la somme de 50 millions de francs guinéens à titre de réparation. « Mariama Dalanda, cette jeune étudiante qui n’a même pas 30 ans a été interpellée à l’aéroport de Canada sous prétexte qu’elle détient un faux passeport, un passeport altéré.  Son expulsion a été ordonnée. Elle a été refoulée du sol Canadien. La prévenue, qui a comparu devant vous, a reconnu les faits. C’est pourquoi on n’a même pas fait un long débat. Elle a reconnu ici que c’est en pleine connaissance de cause qu’elle a établi ce passeport. Il y a eu un délit de faux et usage de faux… Alors, pour tous préjudices confondus, nous demandons au tribunal de condamner la prévenue au paiement de 50 millions de francs guinéens au profit de ma cliente », a plaidé l’avocat.

De son côté, le ministère public, par la voix de Salimou Diaby, va demander au tribunal de retenir Kadiatou Diallo dans les liens de la prévention de faux et usage de faux. Pour la répression, le parquet va solliciter sa condamnation à 18 mois d’emprisonnement. « Étant un agent public de l’Etat, elle a outrepassé toutes ses limites pour permettre l’émission d’une pièce publique de l’Etat qui devrait suivre toute une procédure. Elle est allée jusqu’à dire qu’elle agissait en toute connaissance de cause, jusqu’à dire de ne pas utiliser cette pièce au niveau des aéroports. Je me demande à quoi cette pièce pouvait servir. Par cupidité, la prévenue dame Kadiatou Diallo a sacrifié son honneur. Alors, qu’elle subisse la rigueur de la loi. Cette infraction est très grave. Aujourd’hui, les études de Mariama Dalanda Diallo sont sacrifiées, son avenir est voué à l’échec.  Le ministère public vous demande de la retirer dans les liens de la prévention de faux et usage de faux.  Pour la répression, vous la condamnerez à 18 mois de prison ferme et décernerez un mandat de dépôt contre elle à l’audience », a requis le procureur.

Après avoir plaidé coupable, la défense va demander au tribunal d’accorder de larges circonstances atténuantes à Kadiatou Diallo, en la condamnant avec sursis.

Dans le verdict, rendu sur siège, le tribunal a déclaré la prévenue coupable des faits mis à sa charge. Un mandat de dépôt a été décerné contre elle à l’audience. Pour la répression, elle a été condamnée à 6 mois 2 jours d’emprisonnement et le paiement d’une amende de 5 millions de francs guinéens.  Sur l’action civile, elle a été condamnée au paiement de 40 millions de francs guinéens à la partie civile pour tous préjudices confondus.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 620 589 527/664 413 227

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