Khorira (Dubréka) : les travaux de construction du port fluvial de Sol-Ciment arrêtés, un PA installé (les raisons)

Port fluvial de la société Sol Ciment à Khorira

La société Sol-Ciment (SAU) est épinglée par les autorités guinéennes pour non-respect des normes environnementales. Elle a été interdite de continuer les travaux de construction de son port fluvial dans la commune rurale de Khorira, dans la préfecture de Dubréka. Une décision prise depuis le 12 décembre 2023, par le Ministère de l’Environnement et du Développement durable, suite à une mission inopinée et conjointe, effectuée sur les lieux avec le Ministère de la Pêche, de l’Aquaculture et de l’Economie Maritime, ainsi que le Ministère de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.  

Les constats de cette mission ont mis en lumière des manquements institutionnels et une dégradation de l’environnement, incluant l’absence de permis de défrichement, d’autorisation de remblayage et un dépassement de la superficie initialement prévue pour le remblai, apprend-on. En conséquence, le Ministère de l’Environnement et du Développement durable a notifié à la société d’arrêter immédiatement les travaux sur le chantier portuaire de Sol-Ciment SAU, jusqu’à nouvel ordre.

Pour procéder à l’arrêt des travaux de construction du port fluvial de la société Sol Ciment, une mission conduite par le Directeur général de la protection des milieux marins et côtier, Lama You Camara, s’est rendue sur le terrain le vendredi, 18 janvier 2024. Après avoir arrêté les travaux de construction de ladite infrastructure, la mission y a installé un PA pour empêcher la reprise des travaux.

Lama You Camara, directeur général de la protection des milieux marins et côtiers

Interrogé par notre reporter, Lama You Camara a apporté des détails sur cette mission. « C’est sur instruction de madame la ministre de l’Environnement et du Développement durable que nous sommes venus en mission. La mission est composée de plusieurs cadres en charge de la protection de l’environnement et d’autres de la gendarmerie environnementale pour procéder à l’arrêt des travaux de construction du port fluvial de la société Sol Ciment, sise ici Teïgna, dans la commune rurale de Khorira, conformément à un acte de notification qui a été dressé suite au passage d’une mission mixe pilotée par monsieur le Secrétaire général du Ministère de l’Environnement et du Développement durable, Dr Camara, qui a constaté des anomalies dans ce chantier. Donc, l’objectif de la mission aujourd’hui est de venir procéder à l’arrêt des travaux et la mise en place d’un PA (poste d’appui ou de surveillance). Ce PA, composé d’agents de la conservation de la nature, d’agents de la gendarmerie de l’environnement, va rester ici pour empêcher l’évolution des travaux parce que nous avons constaté que malgré le passage du Secrétaire général sur le site ici, malgré les décisions qui ont été prises, les travaux continuent sur le terrain. On a visité le terrain, mais le constat est alarmant puisqu’il y a de nouveaux défrichages, de nouveaux remblayages que nous avons remarqués sur le site. A la lumière du constat fait par la mission conduite par monsieur le Secrétaire général sur le site ici, il était dit qu’il y a eu un dépassement de défrichement par rapport d’abord au document que la société Sol Ciment a présenté et un dépassement du point de vue remblayage. Il n’y a pas eu d’autorisation de défrichage et de remblayage. Mais ce qui est sûr, les travaux sont arrêtés. Vous avez la machine qui était en train de faire les opérations de remblayage. Le chauffeur est déjà dans les mains de la gendarmerie, la machine est immobilisée, tous les travailleurs ont vidé le site et le PA est installé. C’est ça l’objectif et c’est ce qui est très important », a-t-il fait savoir.

En outre, Lama You Camara a expliqué que ces manquements ont des impacts négatifs sur l’écosystème marin et côtier. « Les opérations qui s’effectuent sur le site ici ont des impacts sur la biodiversité marine et côtière. Il y a aussi l’écosystème côtier qu’on appelle ici la mangrove qui est impacté. En Guinée, la loi dit que l’installation d’une société doit obéir un certain nombre de principes et de rigueur, c’est-à-dire en passant par l’article 28 du Code de l’environnement, qui stipule que l’installation doit passer par une étude d’impact environnemental, social et économique. Mais si on constate qu’il y a des anomalies, il y a des dérapages, il faut revoir le projet pour savoir si tous ces paramètres ont été pris en compte. Donc, il y a des impacts négatifs sur l’environnement. La décision de madame la ministre de l’environnement est salutaire d’autant plus que c’est dans l’intérêt des communautés mais aussi de l’Etat. Je pense que pour ce qui d’une éventuelle action judiciaire contre les dérapages, cela relèverai de l’analyse des faits que le département va faire. Je sais que madame la ministre va suivre cette affaire, tout sera fait pour appliquer les textes de loi en la matière », a indiqué monsieur Camara.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél. : 622 919 225

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