Massacre du 28 septembre 2009 : « on s’est retrouvés devant une véritable boucherie humaine [à l’hôpital Donka] », révèle Dre Fatou Sikhé Camara

Dre Fatou Sikhé Camara, ex DG de l’hôpital Donka.

Comme annoncé précédemment, l’ancienne directrice générale du CHU Donka est à la barre ce mardi, 23 janvier 2024, devant le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’appel de Conakry. Dre Fatou Sikhé Camara comparaît devant cette juridiction en qualité de témoin dans le cadre du dossier du massacre du 28 septembre 2009. Et, dans sa déposition, elle a confié que 815 blessés ont été reçus à l’hôpital suite à ce massacre perpétré au stade du 28 septembre. Elle assure que la salle des urgences de cette structure sanitaire était devenue « une véritable boucherie humaine », rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Devant cette juridiction de première instance, Dre Fatou Sikhé Camara a rassuré le tribunal de l’existence à l’hôpital national Donka des archives liées au massacre du 28 septembre.

« Les archives liées aux événements du 28 septembre sont restées archivées à l’hôpital Donka. Et j’insiste sur cet élément, parce qu’elles auraient pu disparaître dans l’incendie. Deuxièmement, lors du déménagement dans la précipitation pour le lancement des travaux de réhabilitation de l’hôpital Donka, beaucoup d’archives sont restées et nous les avons perdues. Elles auraient pu aussi souffrir de mauvaise gestion », a-t-elle dit.

S’agissant de la journée du 28 septembre 2009, l’ex directrice générale du CHU Donka a confié qu’elle profitait de son « fériée » à la maison au quartier Landreah (dans la commune de Dixinn) quand elle a été alerté sur le cas des tirs et des blessés au stade du 28 septembre. Et, quand elle s’est rendue à l’hôpital Donka, elle s’est retrouvée devant « une véritable boucherie humaine » aux urgences.

« La première victime de l’hôpital national Donka vient de mon quartier [Landreah]. C’était le fils de l’imam de la mosquée qui se trouve face au stade. La famille est venue m’annoncer que leur fils a été blessé au stade. Et immédiatement, sans savoir exactement de quoi il s’agissait, j’ai demandé qu’il se rende aux urgences de l’hôpital Donka pour une prise en charge immédiate. Et, quelque temps après, il y a eu des mouvements, de l’agitation dans le quartier. On me disait que ça tirait au stade et qu’il y avait des blessés. Donc, comme j’ai l’habitude de le faire, j’ai immédiatement appelé l’ambulancier du jour de l’hôpital Donka pour que je m’y rende afin de comprendre exactement si c’est vrai. L’ambulancier est venu me chercher à la maison et on est partis immédiatement à l’hôpital national Donka. Arrivée à l’hôpital, je me suis immédiatement rendue dans la salle des urgences où toutes les équipes étaient déjà mobilisées. Nous avons vu beaucoup de blessés arrivés dans des états très insupportables… J’étais vraiment sidérée par ce que nous avons vu ce jour. On s’est retrouvé devant une véritable boucherie humaine », a-t-elle expliqué.

Parlant du nombre de blessés qui ont été reçus le 28 septembre 2009 et les jours suivants au CHU Donka, Dre Fatou Sikhé Camara a évoqué un total de 815.

« Au stade où nous étions, les stocks [de médicaments] de l’hôpital Donka ne pouvaient plus tenir pour la prise en charge des victimes qui arrivaient… Comme j’ai vu que nous étions débordés, parce que nous avons reçu plus de 500 blessés en une journée, j’ai directement appelé le directeur national des établissements hospitaliers et de soins et le ministre de la santé pour leur dire que nous sommes dans une situation d’urgence et nous avons besoin d’assistance en produits pharmaceutiques d’urgence… Quelque temps après, monsieur le ministre de la santé est arrivé, il nous a trouvés dans la salle des urgences où on lui a expliqué la situation. Il est ressorti pour se rendre à la pharmacie centrale de Guinée afin qu’une dotation puisse être mise à notre disposition. Et effectivement, dans la matinée, nous avons reçu des stocks d’urgence pour continuer la prise en charge des blessés… Au finish, quand on a capitalisé les jours suivants, on s’est retrouvé pour le cas de l’hôpital Donka, à 815 blessés », a-t-elle confié au tribunal.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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