Manifestation interdite par le CNRD en Guinée : « ils nous ont confondus aux manifestants… »

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Nabya Camara, Mamadou Barry et Sékou Amadou Tidiane Barry sont jugés au tribunal de Dixinn pour participation délictueuse à un attroupement. Le parquet de Dixinn les reproche d’avoir participé à une manifestation de jeunes qui protestent contre la pénurie de carburant il y a juste un mois au quartier Wanindara, dans la commune de Ratoma. A l’audience d’hier, mercredi 07 février 2024, ils ont plaidé non coupables des faits mis à leur charge, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

C’est en marge d’une manifestation spontanée de jeunes que ces 3 prévenus ont été interpellés. Ils protestaient contre la pénurie du carburant occasionnée par l’explosion du dépôt d’hydrocarbures à Kaloum.

Les 3 compagnons d’infortune Nabya Camara, Mamadou Barry et Sékou Amadou Tidiane Barry ont été interpellés et placés sous mandat le 9 janvier 2024.

Dans sa déposition, le prévenu Nabya Camara a expliqué que depuis 7 ans il est à Wanindara. Mais, il dit n’avoir jamais participé à un attroupement non autorisé susceptible de troubler l’ordre public. « Je ne faisais pas partie du groupe de jeunes qui manifestaient sur les lieux. Ça fait 7 ans que je suis à Wanindara, mais je n’ai jamais participé à une manifestation. Ce jour, j’étais parti récupérer ma moto que j’avais envoyée au lavage. Entre-temps, des jeunes sont sortis massivement pour barricader la route. Ils ont barricadé la route avec des pneus, des branches d’arbres et des cailloux. La circulation est restée coupée pendant un bon moment. Les gens ont eu peur. C’est ainsi que les agents sont venus les pourchasser. Et tout le monde a pris la fuite. C’est en ce moment qu’ils m’ont mis aux arrêts alors que je n’ai rien fait. J’étais venu juste pour récupérer ma moto. J’ai été interpellé par les agents de la CMIS numéros 6 de Wanindara », a-t-il expliqué.

Dans la même lancée, Mamadou Barry, staffeur de profession, dit dans sa déposition qu’il ne savait même pas pourquoi les jeunes ont manifesté ce jour. « Je ne reconnais pas les faits. Le matin, j’étais parti à Lambanyi réparer les plafonds d’un client. En ce moment, ça ne manifestait pas à Wanindara. C’est de là-bas que ma tante m’a appelé pour me dire qu’il y a une manifestation à Wanindara. Elle m’a dit de rentrer parce que ça manifestait.  J’ai mis mes outils dans le sac. Et comme j’étais avec mon ami Sékou Amadou Tidiane Barry, on a pris le raccourci, à pied, dans le quartier pour rentrer à la maison avec. Arrivés à Wanindara, comme nos pieds étaient sales, ils ont pensé que nous étions des manifestants. Ils nous ont mis aux arrêts. Ils ont fouillé mon sac, ils ont trouvé mes outils de travail. Les paires de ciseaux étaient dans mon sac. Nous avons été interpellés par la mobilisation des jeunes du quartier de Wanindara. Ces jeunes, nous ont remis aux agents. Ils nous ont confondus aux manifestants parce que nos pieds étaient très sales. Moi je ne savais même pas pourquoi ces jeunes manifestaient », a dit Mamadou Barry.

De son côté, Sékou Amadou Tidiane Barry, élève en classe de Terminale Sciences Mathématiques, dit avoir été arrêté en possession d’une cagoule. « On m’a interpellé avec Mamadou Barry. Je l’avais accompagné au quartier Lambanyi pour réparer les plafonds parce que ce jour, il n’y avait pas eu cours dans les écoles à cause de la pénurie de l’essence. Quand ils nous ont mis aux arrêts, ils ont fouillé le sac contenant les outils. Ils ont trouvé le grattoir et les ciseaux. Moi, j’avais ma cagoule dans ma poche. J’aime porter la cagoule par plaisir, parce que je voyais les artistes porter des cagoules. Les jeunes nous ont interpellés dans le quartier, et ils nous ont remis aux agents. Mais nous, on ne manifestait pas. On a provoqué personne », a-t-il laissé entendre.

Au terme de ces différentes dépositions, l’avocat des prévenus, maître Mamadou Lamine Sylla a formulé une demande de mise en liberté de ses clients, notamment l’élève qui est en classe d’examen. Une demande à laquelle le parquet s’est vivement opposé.

Finalement, le tribunal a rejeté la demande de mise en liberté avant de renvoyer l’affaire au 15 février pour la comparution du chef de quartier de Wanindara à titre de témoin.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 620 589 527/664 413 227

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