Cancers de l’enfant : « si les tumeurs sont vues très tôt, les chances de guérison avoisinent les 100% » (Dr. Bobo Souaré)

Dr Mamadou Bobo Souaré, médecin, cancérologue (CHU de Donka)

Depuis plus de 20 ans, le 15 février de chaque année est consacrée à la célébration de la journée internationale des cancers de l’enfant. Cette initiative mondiale vise à informer et à sensibiliser le grand public aux cancers de l’enfant ainsi que de récolter des fonds pour la recherche sur ces pathologies. Pour parler de cette journée, un reporter de Guineematin.com a donné la parole à Dr Mamadou Bobo Souaré, médecin au service de cancérologie de l’hôpital Donka. Dans cet entretien, le médecin est revenu sur le sens de cette journée avant d’apporter des détails sur le cancer de l’enfant, notamment sur la consultation précoce.

A l’entame, Dr Mamadou Bobo Souaré a apporté une définition du cancer et la différence entre le cancer de l’enfant et celui de l’adulte. « Ce qu’il faut savoir, le cancer, c’est en général une cellule qui, au cours de son processus d’évolution devient anormale, se transforme et colonise un organe. La particularité, c’est que les cancers de l’enfant ne ressemblent pas à ceux de l’adulte, ils sont d’abord plus rares et représentent environ 5% des cancers de façons générale. Et ce qu’il faut savoir aussi, c’est que des progrès ont été réalisés au cours des dernières années, qui permettent de mieux connaître ces cancers et de mieux les traiter. Les plus fréquents dans notre contexte, c’est le cancer du sang, la leucémie, le lymphome, les cancers du rein, qu’on appelle néphroblastome, le cancer des yeux, les tumeurs osseuses et des sarcomes de tissus mous. La particularité avec les tumeurs de l’enfant, c’est que si elles sont vues très tôt, les chances de guérisons avoisinent les 100%. Donc, c’est une grande chance pour les enfants. C’est pour cela qu’il faut mettre l’accent sur la sensibilisation, pour permettre de reconnaître au plus vite ces cancers et d’envoyer rapidement les enfants à l’hôpital… Donc, nous profitons de cette journée pour sensibiliser, surtout les personnels de santé, les pédiatres et les parents des enfants sur les premiers signes d’alerte qui vont pousser les parents à emmener les enfants à l’hôpital et, même les médecins à reconnaître les premiers signes de la maladie afin que les enfants soient vus très tôt. C’est l’occasion de lancer un appel à l’ensemble des populations pour tout signe inhabituel que l’on retrouve chez un enfant, c’est de le conduire rapidement à l’hôpital afin qu’il soit vu, diagnostiqué et pris en charge », a expliqué Dr Mamadou Bobo Souaré.

Dr Mamadou Bobo Souaré, médecin, cancérologue (CHU de Donka)

Par ailleurs, le médecin a expliqué les manifestations du cancer de l’enfant. « Les symptômes varient en fonction des maladies elles-mêmes. Alors, de façon générale, il y a la fatigue, la pâleur, la fièvre, il y a le manque d’appétit, des douleurs osseuses, des maux de tête, des déficits visuels. En fonction des sites atteints, il y a des symptômes pour chaque pathologie. Si je prends pour le cas du cancer des yeux chez les enfants, il y a deux signes qui alertent rapidement. C’est-à-dire, vous remarquez un grain blanc au fond de l’œil de l’enfant, sur la partie noire ou vous voyez que l’enfant louche, en ce moment, ce sont des signes d’alerte. Il faut l’envoyer rapidement à l’hôpital. Votre enfant se plaint de douleurs abdominales et vomi, il faut l’envoyer à l’hôpital », conseille Dr Mamadou Bobo Souaré.

En outre, ce cancérologue a fait savoir qu’il n’y a pas de causes évidentes du cancer de l’enfant avant d’indiquer que les tranches d’âges les plus touchées varient de 3 à 15 ans. « Il n’y a pas de causes évidentes, comme on ne cesse de rappeler, dans le cancer. Il y a des études qui sont en cours pour déterminer certaines causes. Par exemple, si vous prenez les facteurs environnementaux, les données sont insuffisantes pour conclure qu’il y a de lien entre cancer et facteurs environnementaux. Les facteurs génétiques, à une proportion plus faible, sont impliqués, notamment dans le cas de rétino-blasmo (cancer de l’œil). Pour le cas de leucémie par exemple, si vous avez un enfant qui a la trisomie 21, ça multiplie le risque d’avoir la leucémie pour les enfants de la même ligné. Il n’y a pas de causes proprement dites. Et les tranches d’âges les plus concernées varient de 3 à 15 ans. On n’a pas encore de données exhaustives sur le plan national. Mais par exemple, si je prends le cas d’onco-pédiatrie, le service hémato-onco-pédiatrie de Donka, entre janvier 2019 et janvier 2023, ils ont reçu 409 enfants atteints du cancer, parmi lesquels 83% sont reçu à des stades tardifs, malheureusement… »

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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