Discorde entre le Garde des Sceaux et Dr Bernard Goumou : ce qu’en dit Marwane Baldé, procureur de Kankan

La cacophonie au sommet de l’Etat, notamment entre le Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’homme, et le Premier ministre Dr Bernard Goumou polarise toujours les débats. En marge d’un point de presse organisé au tribunal de première instance de Kankan ce jeudi 15 février 2024, pour annoncer des poursuites judiciaires contre les maires, le procureur de la République Marwane Baldé minimise cet indicent. L’empereur des poursuites affirme que rien ne peut arrêter l’action publique, contrairement à ce que réclamerait le Premier ministre, rapporte un des correspondants de Guineematin.com basé dans la préfecture.

Des centaines d’injonctions aux fins de poursuites judiciaires ont été émises depuis des mois par le Garde des Sceaux, demandant d’engager des poursuites contre des centaines de cadres : des DAF, des directeurs d’EPA, des maires…. Des mesures qui ne sont pas prises en conseil des ministres et qui agacent Dr Bernard Goumou. Le Premier ministre l’a signifié à Alphonse Charles Wright à travers un courrier largement relayé dans les médias.

Mais, la réponse du berger à la bergère est sans équivoque. Charles Wright ne compte pas s’y plier. « Sur votre demande de suspendre toutes les procédures engagées, je suis au regret de rappeler que l’action publique ne peut être ni interrompue, ni suspendue ou éteinte par l’instruction du pouvoir exécutif, et toute insistance dans ce sens serait une entrave à la justice, constitutive d’infraction à la loi pénale, avant d’être une atteinte grave au principe de séparation des pouvoirs », précise le ministre Charles Wright dans sa lettre réponse au Premier ministre.

Pour beaucoup, ces échanges entre le PM et son ministre de la justice est une cacophonie au sommet de l’Etat. D’ailleurs, le Général Amara Camara, ministre secrétaire général à la présidence, aurait été saisi du différend.

Cependant, Marwane Baldé, procureur de la République près le tribunal de première instance de Kankan, prend la défense de son ministre de tutelle. « Non, il n’y a pas de bras de fer. Le département de la justice relève du pouvoir judiciaire. En s’inspirant du principe de la séparation des pouvoirs, il n’y a pas lieu d’immixtion. Il n’y a pas de bras de fer entre le ministre d’Etat, ministre de la justice, garde des sceaux et des Droits de l’homme, et le Premier ministre, chef de gouvernement. Moi, en ma qualité de poursuivant, je ne veux pas m’aventurer dans ce débat. Ce qui est clair et évident, une fois que l’action publique est mise en mouvement, au nom et en vertu du code de procédure pénale, il faut absolument une réponse pénale et une orientation judiciaire. C’est pourquoi ces personnes soupçonnées disposent du principe de la présomption d’innocence », a dit le magistrat.

De Kankan, Abdoulaye N’Koya SYLLA pour Guineematin.com

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