Procès de Sékou Jamal Pendessa : la décision du tribunal attendue pour le 23 février prochain

Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du SPPG

Le dossier de Sékou Jamal Pendessa a été mis en délibéré ce mardi, 20 février 2024, par le tribunal correctionnel de Dixinn. Ce journaliste et secrétaire général du syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) est poursuivi devant cette juridiction pour « participation à une réunion publique non autorisée par les autorités administratives compétence, participation délictueuse à un attroupement non armé, atteinte et menace de porter atteinte à l’ordre public, à la sécurité publique, à l’intégrité et à la dignité des individus par le biais d’un système informatique et de complicité par instigation de ces faits dont d’autres en sont les acteurs principaux ». Les débats qui se sont ouverts la matinée dans cette affaire se sont déroulés jusque dans l’après-midi. Ils ont été suivis de la phase des réquisitions et plaidoiries des parties. Le ministère public a demandé la condamnation de Sékou Jamal Pendessa à 6 mois de prison et à 500 000 francs guinéens d’amende. Alors que la défense a plaidé non coupable et a sollicité le renvoi de Sékou Jamal Pendessa des fins de la poursuite pour délit non constitué, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Le secrétaire général du SPPG a été interpellé le 19 janvier dernier suite à un appel à manifester la veille pour exiger la levée de la restriction d’accès à internet et l’arrêt du musèlement des médias en Guinée. Après trois jours de détention à la brigade de recherche de Kipé, ce journaliste et leader syndical a été déféré au parquet du tribunal de première instance de Dixinn. C’était le 22 janvier 2024. Et sur place, il a été inculpé, placé sous mandat de dépôt et conduit en prison à la maison centrale de Conakry.

A l’ouverture de son procès ce mardi, ce professionnel de média a plaidé non coupable. « Je ne reconnais pas les faits », a-t-il déclaré à la barre.

Cependant, ces déclarations de Sékou Jamal Pendessa n’ont pas arrêté le ministère public dans sa hargne et son avidité de le voir croupir encore en prison. Le procureur audiencier, Biwon Millimouno, est allé jusqu’à demander au tribunal d’entrer en condamnation contre ce journaliste.

« Nous vous demandons de le condamné à 6 mois d’emprisonnement et le paiement d’une amende de 500 000 francs guinéens », a-t-il requis.

Cependant, le collectif des avocats en charge de la défense de Sékou Jamal Pendessa s’est très vite insurgé contre ces réquisitions du ministère public.

« Nous avons entendu beaucoup de choses qui vont en faveur du gouvernement. Mais nous, ce n’est pas ça qui nous intéresse. Ce qui nous intéresse c’est le respect de la loi. Et Sékou Jamal Pendessa a été interpellé de façon illégale, sans convocation ni mandat. Je vous demande de le renvoyer des fins de la poursuite », a dit Me Faya Gabriel Kamano.

Abondant dans le même sens, Me Thierno Souleymane Baldé, un des avocats de Sékou Jamal Pendessa, a déclaré que ce dossier devait être « classé sans suite » par le parquet.

« Ces radios sont brouillées pour ne pas que les médias disent ce que fait le gouvernement. Le ministère public devrait classer ce dossier sans suite. Ce n’est pas normal », a-t-il dit.

De son côté, Me Alseny Aïssata Diallo a clamé l’innocence de Sékou Jamal Pendessa et a demandé au tribunal de passer outre les réquisitions du parquet.

« Pendessa est innocent.  Il n’en est pour rien. Le ministère public n’a rien apporté comme preuve. Aujourd’hui tout le pays est en prison. Pas d’internet, pas de courant, pas de routes. Aujourd’hui tu ne peux même pas parler à ta femme ou à ton fils qui est aux États-Unis… Le ministère public nous parle de 60 millions de dollars pour rétablir l’internet. Il parle de 60 millions de dollars obtenu par un gouvernement qui est venu comment ? Donc ne le suivez pas, renvoyez Sékou Jamal Pendessa des fins de poursuites », a plaidé Me Alseny Aïssata Diallo.

Pour sa part, Me Salifou Béavogui estime qu’il n’y a « pas d’infraction » dans cette affaire contre Sékou Jamal Pendessa. Il a aussi demandé au tribunal de renvoyer Sékou Jamal Pendessa des fins de la poursuite et rendre sa décision sur siège pour permettre à ce journaliste de rejoindre sa famille.

« Actuellement si vous captez espace, Djoma, Fim Fm, Evasion, c’est le noir. Personne n’aurait imaginé cela. Dans cette affaire, il n’y a pas d’infraction. Mais quand c’est à Dixinn, on fait tout pour emprisonner. Je vous prie de le renvoyer purement et simplement des fins de la poursuite pour délit non constitué à son égard. Nous vous prions de rendre la décision sur siège. Si le délibéré va être prorogé, nous vous demandons d’accorder une liberté provisoire » a brièvement plaidé Me Salifou Beavogui.

Aussitôt, le ministère public s’est opposé à cette demande de mise en liberté sollicitée par la défense.

Finalement, le tribunal a rejeté cette demande de mise en liberté et a renvoyé l’affaire au 23 février 2024 pour la délibération.

Saïdou Hady Diallo et Lamine Touré pour Guineematin.com

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