Mamadou Oury jugé pour violences sur sa femme : « Quand elle sort de la maison le matin, c’est jusqu’à 23 h… »

Après 15 ans de mariage, fait de hauts et de bas, Aïssatou Bah, infirmière de son état, a porté plainte contre son époux, Mamadou Oury Diallo. Le prévenu, âgé de 66 ans, est poursuivi pour violences et voie de fait au tribunal correctionnel de Dixinn. A l’audience d’hier, jeudi 22 février 2024, le mari, présenté comme violent, a nié les faits mis à sa charge, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Très réticent à l’entame du procès, Mamadou Oury Diallo, tailleur de profession, a finalement accepté d’aborder avec beaucoup de peine ce sujet qui l’oppose à sa femme. « C’est elle qui m’a envoyé ici, c’est à elle d’en expliquer les raisons. Je ne saurais rien dire ici avant qu’elle ne parle », a-t-il dit d’entrée.

Après l’insistance du président du tribunal, le sexagénaire a finalement accepté d’aborder les faits pour lesquels il est jugé. « Je l’ai connue à travers son oncle. Quand on s’est vus pour la première fois à Mamou, je lui ai demandé c’est quoi sa condition puisqu’elle dit vouloir se remarier. Elle m’a dit ceci : puisque j’ai le niveau bac, je veux que tu me laisses poursuivre mes études. J’ai dit moi aussi, si c’est pour aller à école revenir à la maison, il n’y aura pas de problèmes. C’est ainsi qu’il y a eu le mariage. Mais, puisqu’elle n’a pas pu avoir son bac par deux fois, je lui ai dit d’abandonner alors. Mais, elle n’a pas voulu obtempérer. Elle est allée s’inscrire dans une école professionnelle de santé. Depuis lors, quand elle sort de la maison le matin, c’est jusqu’à 23 heures, voire plus. Après plusieurs plaintes auprès de ses parents à Conakry, on est allés trois fois dans sa grande famille à Mamou, mais hélas. Finalement, j’ai décidé de la répudier. Elle a refusé de quitter la maison. Une fois, quand elle voulait brancher le réchaud, j’ai dit qu’elle ne va pas préparer à la maison. Elle a dit qu’elle allait faire la cuisine. préparer. Du coup, elle est allée se procurer de deux couteaux dans la maison pour me tuer. Pris de peur, j’ai dit à ma grande sœur de rester auprès de moi parce que Aïssatou a dit qu’elle va me tuer aujourd’hui. Tout le temps, ce sont les mêmes menaces. Une fois, c’est un voisin qui a décidé de nous conduire au poste de police pour ne pas qu’il y ait mort d’homme », a-t-il expliqué.

Appelée à son tour à la barre, Aïssatou Bah, âgée 40 ans, a livré sa part de vérité. « Quand il m’a dit de ne pas étudier, je lui ai dit de me laisser alors faire le petit commerce. Je suis allée ouvrir un restaurant. Il m’a dit d’arrêter ça aussi. Je lui ai demandé pour quelle raison il n’en voulait pas. Il a répondu que mes coépouses ne le font pas ; donc, je ne le ferai pas moi aussi. J’ai répliqué que mes coépouses ont tout de même de grands enfants ; et moi, les miens sont encore petits. Donc, j’ai continué mon activité. Depuis, il ne me donnait plus à manger. Mon père m’a dit alors de faire la cuisine là où je vends pour donner à manger à mes enfants. Une fois, il est allé renverser la marmite chaude sur moi. Je me suis blessée à la main droite. Ensuite, une fois à la maison, il m’a enfermée dans une chambre pour me frapper avec un fil électrique. Mes coépouses sont venues à la fenêtre pour plaider d’ouvrir la porte. Il n’a pas accepté. Tout le temps, il me violente et il ne me donne pas la dépense », a-t-elle expliqué.

À la question du procureur de savoir si c’est bien elle qui a déposé une lettre de désistement dans le dossier de la procédure, Mme Diallo répond par l’affirmative et précise : « j’avais fait rédiger une lettre de désistement. Mais à date, je ne suis pas prête à pardonner. Parce que depuis qu’on est arrivés au tribunal, il a lui-même demandé qu’on règle à l’amiable. Sauf que depuis lors, je suis abandonnée, il ne me donne pas la dépense, il ne me demande même pas de faire la cuisine à la maison », a-t-elle rétorqué, avant de poursuivre : « je ne veux pas qu’il aille en prison quand-même. Mon souhait, c’est de rester dans le foyer auprès de mes enfants… ».

Le président du tribunal a renvoyé le dossier au 14 mars 2024, pour les réquisitions et plaidoiries.

Malick DIAKITE pour Guineematin.com

Tél : 626-66-29-27

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