Éducation, Formation Professionnelle et Enseignement Supérieur en Guinée : un regard lucide sur les réformes annoncées

Gayo Diallo, Enseignant-chercheur

Par Gayo Diallo, Enseignant-chercheur : Dans l’ouvrage « Quel avenir pour les jeunes de Guinée ? » publié en 2005 chez l’Harmattan, j’identifiais déjà les défis majeurs de l’éducation en Guinée, mettant en lumière les enjeux impliquant divers acteurs. Ce recueil, réunissant des auteurs guinéens, pose des questions cruciales : De quel système éducatif bénéficient les jeunes guinéens ? Quelles sont les conditions de vie des étudiants à l’intérieur et à l’extérieur du pays ? Quelle part de responsabilité revient à l’État, à la société, à l’école, à la famille, aux étudiants et aux élèves dans l’avenir des jeunes guinéens ?

Il y a maintenant deux décennies donc, je plaidais déjà pour une refonte profonde du système éducatif et la nécessité d’une politique définissant clairement la voie à suivre. En 2023, lors d’un atelier à Paris sur le système éducatif guinéen, organisé par une association de jeunes guinéens en Île-de-France et l’Agence Guinéenne pour la Promotion de l’Emploi (AGUIPE), mes propos restaient les mêmes.

Cependant, face à une vague de publireportages et à une succession d’annonces de réformes précipitées, masquées derrière une communication effrénée, il est impératif de porter un regard critique sur les annonces dans le domaine de l’éducation, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Notre objectif est de contribuer à éclairer les citoyens et les décideurs, et d’éviter les errements qui pourraient compromettre l’avenir collectif d’une Guinée déjà aux prises avec une crise persistante depuis son indépendance.

En septembre 2021, l’espoir était permis avec l’arrivée d’une équipe jeune aux commandes. Deux ans et demi plus tard, il est malheureusement nécessaire de reconnaître que l’action mobilise des recettes anciennes et qu’elle incarne davantage le nouveau visage d’une vieille tradition guinéenne marquée par le populisme et la médiocrité. Il parait utile de rappeler que “quand la culture sert la médiocrité, elle devient de l’inculture”.

Oui, on tente avec une certaine réussite, il faut bien l’avouer, de transformer des procédés d’énonciation non scientifiques en arguments d’autorité qui acquièrent une importance particulière, car hélas, la sphère politique et journalistique utilise la « vraie science » pour justifier des annonces teintées d’un amateurisme certain, sur les sujets de l’éducation et de la recherche.

À travers une série d’observations factuelles et d’indicateurs, cette première partie examine de manière critique les annonces de réformes au MEPUA, vantées à grands renforts de communication dans les médias en ligne, les éditoriaux et les publications sur Facebook. Une seconde partie, à paraître prochainement, mettra l’accent sur celles respectivement du ministère de l’enseignement technique et celui de l’enseignement supérieur. Enfin, dans une troisième partie l’accent sera mis sur les propositions à implémenter pour donner cohérence et direction à un secteur vital pour le présent et l’avenir du pays. Il est temps de mettre fin à ce cirque carnavalesque actuel afin d’éviter des dérives qui compromettraient de manière irréversible le destin de la Guinée.

Systeme Educatif Guinee_Partie_1

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