Manque de routes à Kérouané : une foire de poussière en saison sèche, un bourbier en saison des pluies !

Située au cœur de la région de la Haute-Guinée, la préfecture de Kérouané regorge d’immenses ressources minières et de terres agricoles fertiles. Mais, malgré ces potentialités, la ville n’a jamais connu le bitume depuis l’accession de la Guinée à l’indépendance. Cette absence de routes goudronnées a pourtant des conséquences sur la qualité de vie des habitants. Car à chaque saison sèche, la ville de Kérouané se transforme en une foire de poussière qui bouleverse le quotidien des populations, a constaté un des correspondants de Guineematin.com dans la région de Kankan.

Depuis le début de la saison sèche, les citoyens de Kérouané sont confrontés à une poussière omniprésente susceptible de causer des problèmes respiratoires et d’autres pathologies. Face à cette situation qui rend leur quotidien difficile, ces populations tirent la sonnette d’alarme. C’est le cas de Dramane Condé que notre reporter a trouvé dans un café bar en train de siroter son petit café.

« Je vis ici, à Kérouané, depuis 30 ans. Mais très sincèrement, nous avons l’impression que cette ville est totalement oubliée par nos dirigeants. Kérouané ne mérite pas ce qu’elle est en train de traverser, franchement. Dans les années antérieures, la plus grande partie des hommes riches du pays, même certaines autorités, se sont fait fortune ici grâce à la quantité de diamants qui étaient extraits ici. Mais, ce qui est étonnant, jusqu’à nos jours, aucune trace de bitume n’est visible dans cette préfecture. Aujourd’hui, nous traversons un véritable calvaire à cause de la poussière. Même le simple café que nous consommons est envahi par la poussière. Tout le monde est enrhumé. Parfois, quand tu mets ton doigt dans tes narines, tu ne trouves que de la poussière. C’est vraiment un danger pour notre santé », a-t-il déploré.

Mamadi Dioubaté, citoyen

Selon Mamadi Dioubaté, un autre citoyen, les conséquences de l’absence de bitume vont au-delà des problèmes de santé. Les déplacements sont rendus difficiles, notamment pendant la saison des pluies où les routes se transforment en véritables bourbiers. Et cela affecte négativement les activités économiques. Car, il est difficile d’acheminer les produits agricoles vers les marchés extérieurs.

« Que ça soit l’été ou l’hivernage, les habitants de Kérouané souffrent. Pendant l’été, nous tombons tous malades à cause de la poussière. Nos habitats sont entachés de poussière, même dans nos placards. Dès que vous arrivez en saison sèche, la première chose qui attire votre attention, c’est bien l’effet de la poussière sur les bâtiments. En hivernage également, c’est une autre descente aux enfers. Nos routes sont coupées et nous souffrons pour non seulement transporter nos produits agricoles vers d’autres villes, mais aussi les commerçants des autres villes ne viennent pas à Kérouané à cause du mauvais état de la route. Ce qui joue beaucoup sur nos activités économiques », a-t-il déclaré.

Depuis de nombreuses années, ces habitants réclament la construction de routes bitumées pour mettre fin à cette nuisance et améliorer leur qualité de vie. Malheureusement, leurs appels sont jusque-là restés sans réponse. Et pourtant, leur calvaire perdure et devient de plus en plus pénible à vivre.

Lonceny Touré, citoyen

« Vraiment, le seul souci que nous avons actuellement, c’est comment avoir des routes goudronnées à Kérouané. Nous l’avons tant réclamé, mais jusque-là rien n’est fait pour nous soulager. Avec le régime d’Alpha Condé, nous avons eu l’espoir. Mais, cet espoir s’est évanoui. Parce que malgré les annonces, la ville de Kérouané est restée toujours sans bitume. Et depuis l’arrivée du CNRD, aucun acte n’a été posé dans ce sens. Il faut que les autorités comprennent que Kérouané est une préfecture qui doit être dans le viseur de l’Etat, parce que c’est une zone qui a des terres agricoles fertiles et minières très prometteuses. Alors, la construction de routes serait un premier pas permettant à la préfecture de révéler tout son potentiel », a lancé Lonceny Touré.

De Kankan, Souleymane Kato CAMARA pour Guineematin.com

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