Conakry : « la communauté doit respecter le métier de travailleur domestique », (Mme Doukouré Asmaou Bah)

Madame Doukouré Asmaou Bah, secrétaire générale du Syndicat National des Employés de Maison de Guinée (SYNEM-Guinée)
L’humanité a célébré la journée internationale des droits des femmes vendredi 08 mars 2024. Une occasion pour les femmes de passer en revue les acquis et de se pencher sur les perspectives en ce qui concerne la couche féminine. Pour parler de cette célébration, un reporter de Guineematin.com a donné la parole à Mme Doukouré née Asmaou Bah, secrétaire nationale du Syndicat des employées de maison. Au cours de cet entretien, il a été question de plusieurs sujets liés à la cause féminine en général en République de Guinée.

Nous vous proposons ci-dessous l’intégrité de l’interview
Quels sont les principaux défis auxquels les femmes guinéennes, en particulier les domestiques, sont confrontées actuellement ?
Actuellement, il y a beaucoup de défis, particulièrement pour les travailleuses domestiques, car vous savez qu’elles sont sous-évaluées, leur travail est dévalorisé, mais grâce au syndicat national des travailleurs domestiques et aux médias, on en parle beaucoup et beaucoup de choses commencent à changer. Le mois de Ramadan arrive, donc trouver une domestique n’est pas facile, car elles ont maintenant compris qu’il faut payer le SMIG guinéen qui a été révisé le 02 avril 2022 par un décret présidentiel, passant de 440 000 FG à 550 000 FG. Maintenant, il est rare que les femmes de ménage ou les travailleuses domestiques acceptent d’être payées en dessous du SMIG guinéen ; c’est une avancée. Et elles savent maintenant qu’il y a des syndicats qui les défendent. S’il y a quelque chose qui ne va pas, elles savent où aller se plaindre, et nous travaillons en étroite collaboration avec elles ou avec les représentantes de nos antennes dans les différentes communes, jusqu’à l’intérieur du pays maintenant. Et nous collaborons avec les autorités telles que la gendarmerie, l’OPROGEM, au cas où il y aurait des abus.
Existe-t-il des initiatives spécifiques mises en place par le Syndicat pour améliorer les conditions de travail et le bien-être des domestiques en Guinée ?
La reconnaissance du métier, la sensibilisation pour leur dire que leur travail est un travail noble, qu’il ne faut pas avoir honte, et grâce aux sensibilisations, elles ont compris. Pour améliorer leurs conditions de vie, je viens de dire qu’elles doivent accepter le SMIG guinéen, pas en dessous du SMIG guinéen. Et autre chose, elles ont compris que si elles sont violentées et violées dans les ménages, elles ont où aller se plaindre. En général, la loi guinéenne les reconnaît dans le monde du travail. La Guinée a ratifié la convention 189 de l’OIT relative à ces travailleurs domestiques.
Comment le Syndicat des employées de maison envisage-t-il de sensibiliser la société guinéenne sur les droits et les contributions des femmes, en mettant l’accent sur le rôle crucial des domestiques dans les foyers ?
Avec les travailleurs domestiques d’abord, nous organisons des séances de formation. Maintenant, en ce qui concerne la société, nous passons des messages à travers les médias. Nous les sensibilisons des deux côtés, les travailleurs domestiques et les employeurs, car c’est une couche vulnérable mais nécessaire. Nous avons aujourd’hui des familles où il y a jusqu’à cinq employés domestiques.
Quels sont les objectifs à long terme du Syndicat pour promouvoir l’égalité des genres et améliorer la situation des femmes, notamment celle des domestiques, en Guinée ?
C’est de continuer à œuvrer pour le bien-être des travailleurs et travailleuses domestiques, comme son nom l’indique ; c’est pour défendre les intérêts matériels et moraux des travailleurs, y compris des travailleurs domestiques, que nous nous battons, et de continuer ce combat à long terme pour que les travailleurs domestiques retrouvent leur dignité humaine.
Y a-t-il des partenariats ou des collaborations avec d’autres organisations ou institutions pour renforcer l’action du Syndicat en faveur des droits des femmes, en particulier des domestiques ?
Nous travaillons avec toutes les autorités compétentes de notre pays, avec certaines institutions telles que l’UNICEF, l’OIM, car n’oubliez pas qu’il y a la traite des êtres humains, ainsi qu’avec les enfants domestiques. Nous travaillons avec le réseau africain des travailleurs domestiques qui couvre aujourd’hui vingt-huit pays, avec la fédération africaine des travailleurs domestiques et avec d’autres organisations syndicales internationales.
Comment les membres du Syndicat sont-ils encouragés à participer activement à la célébration de la Journée internationale des droits des femmes et à promouvoir ses valeurs auprès de la communauté ?
Être syndicaliste lorsqu’on est élu est déjà un grand engagement. Si vous n’avez pas la conviction, vous ne pouvez pas être syndicaliste, car il n’y a pas d’argent. C’est pourquoi beaucoup de gens ne militent pas pour représenter les sans-voix, donc c’est une conviction.
Quels sont les messages clés que le Syndicat souhaite transmettre lors de cette journée de sensibilisation, en mettant en lumière les besoins et les aspirations des femmes, y compris celles des domestiques ?
Notre message sera de dire que le métier de travailleur domestique est un métier noble, ce métier doit être respecté.
 Comment la communauté peut-elle soutenir les efforts du Syndicat dans sa lutte pour l’égalité du genre et l’amélioration des conditions de vie des femmes, en particulier des domestiques, en Guinée ?
La communauté doit respecter le métier de travailleur domestique, payer ce qu’il faut, en un mot respecter ce que la loi guinéenne et les normes internationales disent pour soutenir et pour valoriser ce travail et défendre ces travailleurs domestiques.
Propos recueillis par Fatoumata Bah pour Guineeematin.com 
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