Viol suivi de grossesse à Yimbaya (Conakry) : l’imam Elhadj Amadou Barry risque gros à la Cour d’appel

image d'archive

Le procès en appel de l’imam Elhadj Amadou Barry, accusé de viol suivi de grossesse sur une fillette de 14 ans, a connu ses réquisitions et plaidoiries ce jeudi, 14 mars 2024. Le Parquet général et la partie civile demandent à la Cour de confirmer les 15 ans de réclusion criminelle infligés à l’accusé au tribunal de première instance de Mafanco. Par contre, l’avocat de l’accusé parle de relations sexuelles consenties et sollicite la condamnation de l’imam au temps mis en prison, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les faits avaient fait couler encre et salive en 2021 à Conakry. L’imam Elhadj Amadou Barry avait été accusé de viol suivi de grossesse au quartier Yimbaya, dans la commune de Matoto. En première instance, malgré sa dénégation, il avait été condamné à 15 ans de réclusion criminelle. Le dossier a fini par atterrir à la Cour d’appel où on en était aux réquisitions et plaidoiries.

En abordant la phase des plaidoiries, l’avocat de la partie civile, maître Paul Lazard Gbilimou, a tout d’abord demandé à la cour de confirmer la condamnation à 15 ans de réclusion criminelle rendue par le tribunal de première instance de Mafanco. Ensuite, l’avocat a sollicité de condamner l’accusé au paiement de 300 millions de francs guinéens pour appel abusif en lieu et place de la somme des 100 millions de francs guinéens fixés par le tribunal de première instance de Mafanco.

« L’imam a toujours nié les accusations portées contre lui.  Au niveau des enquêtes préliminaires, au cabinet d’instruction, à la barre, il n’a pas reconnu les faits. Pourtant, la victime a décrit toutes les parties de son corps. Même les tatouages qui se trouvent sur son corps, la victime les a décrits. Mais il a tout nié. Je vous rappelle tout cela, pour vous dire qui est devant vous. C’est à la Cour d’appel ici qu’il s’est confondu en excuses. C’est un habitué des faits. Il l’a fait avec tant de filles avant de tomber sur cette fille. Au moment des faits, en 2021, la fille était âgée de 14 ans. Il y a eu deux rencontres. Au niveau de la mosquée, et la 3ème rencontre, au niveau de sa boutique, au quartier Cosa où il vend des produits traditionnels. Le viol est consommé. Aujourd’hui, l’enfant est envoyé à Kankan, il n’a pas de soutien… Je vous demande de confirmer la décision rendue par le tribunal de première instance de Mafanco qui l’a condamné à 15 ans de réclusion criminelle et 100 millions de francs guinéens de dommages et intérêts. Mais pour les dommages et intérêts, je vous demande de le condamner cette fois-ci à payer la somme de 300 millions de francs guinéens pour appel abusif », a plaidé l’avocat de la partie civile.

Dans la même lancée, le parquet général, représenté à cette audience par l’avocate générale, Joséphine Loly Tinkiano, a demandé à la cour de confirmer purement et simplement la décision rendue par le tribunal de première instance de Mafanco. « Le test ADN a confirmé que l’enfant lui appartient. Il est difficile aujourd’hui pour la mère de se reconstruire. Aujourd’hui, le rêve de cette fille a basculé. Mais de tels comportements ne passeront pas devant votre cour. En tant qu’imam, il devrait servir de bon exemple… Nous sollicitons la confirmation pure et simple de la décision rendue par le tribunal de première instance de Mafanco », a requis l’avocate générale.

La défense quant à elle va écarter l’infraction de viol et parle de relations sexuelles consenties. Maître Cécé Victorien Théa va demander à la cour de condamner son client au temps mis en prison. « Nous ne sommes pas devant un cas de viol. C’était des relations consenties. C’était des copains. Il y a eu des relations à la mosquée et dans la boutique. Cela montre qu’il n’y a pas eu de surprise ni de contrainte ni de violence. Au contraire, ce sont des relations consenties. Elle a accepté plus de 3 fois. Donc, ce n’est pas de viol, il s’agit d’une atteinte sexuelle. Accordez-lui de larges circonstances atténuantes. C’est un bon religieux, une bonne personne à récupérer. Cela fait 2 ans et 5 mois qu’il est en détention.  Je vous demande de le condamner au temps mis », a plaidé l’avocat.

Au terme de cette phase, la Cour a demandé à l’accusé de dire son dernier mot pour sa propre défense. « Je reconnais avoir eu des contacts sexuels avec la victime. Je demande à la Cour de m’accorder la liberté, je vais prendre l’enfant en charge. Et je ne vais plus reprendre ce genre d’actes », a dit Elhadj Amadou Barry.

La cour a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 28 mars 2024.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Facebook Comments Box