Oyé Guilavogui a-t-il rejoint Alpha Condé en Turquie ? C’est une « déclaration mensongère, diffamatoire »

Oyé Guilavogui, ancien ministre de des Postes et Télécommunications, des Transports et de l'Environnement

En Tunisie depuis plusieurs mois pour des soins de santé, Oyé Guilavogui a-t-il pris la fuite pour se soustraire de la justice guinéenne qui le poursuit pour détournement présumé de deniers publics ? C’est en tout cas ce que pense l’avocat de l’État guinéen qui était présent à l’audience tenue hier, mercredi 20 mars 2024, devant la chambre de jugement de la CRIEF. Me Babaen Camara a déclaré que l’ancien ministre est parti de Tunis pour rejoindre Alpha Condé en Turquie, où l’ex président guinéen est en exil suite au coup d’État militaire qui a mis fin à son règne. Et cette déclaration provoque la colère du camp Oyé Guilavogui, a constaté Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

« Mon client, M. Oyé Guilavogui, actuellement en traitement en Tunisie, a appris avec surprise totale et désagrément qu’il serait en Turquie auprès de l’ancien chef de l’État, le Professeur Alpha Condé. Qu’il aurait fui le procès et qu’il refuserait de comparaître. Mon client s’inscrit énergiquement en faux contre cette affirmation gratuite, tendancieuse, mensongère, mal fondée et à la limite, diffamatoire et calomnieuse », a réagi Me Salifou Béavogui, l’avocat de l’ancien ministre guinéen, avant de rappeler que c’est bien une décision de justice qui a autorisé son client à aller se faire soigner en Tunisie, puisque sa maladie ne pouvait pas être traitée en Guinée.

« Et, je précise que le jugement avant du droit n’a imparti aucun délai, parce que c’est la santé avant tout, et on ne peut jamais savoir à quel moment une maladie peut être totalement guérie. Donc, il est en Tunisie, il est sous soins intensifs, et les médecins traitants ont dressé un rapport circonstancier. Ce rapport, vu le mal qui le gangrène, vu la gravité de son état de santé, indique qu’il doit rester en traitement jusqu’en janvier 2025. Ce rapport, établi par une des plus grandes cliniques de Tunis, a été adressé à qui de droit, notamment à M. le président de la juridiction chargée du jugement et à M. le procureur, avec ampliation à la partie adverse.

Donc, c’est inconcevable qu’on véhicule une information selon laquelle, il ne serait pas en Tunisie. M. Oyé Guilavogui est bel et bien en Tunisie et sous soins intensifs. Il n’a jamais quitté ce pays pour une autre destination. C’est un légaliste. La décision a indiqué la Tunisie, il est en Tunisie, et cela peut se vérifier par tous les moyens. Donc, qu’on n’essaie pas de jeter du discrédit sur lui. M. Oyé est suffisamment responsable, il incarne les valeurs d’homme honnête et digne et pour aucune raison il ne peut se soustraire de la justice », a-t-il martelé.

L’avocat de la défense avait sollicité le renvoi du dossier judiciaire concernant Oyé Guilavogui jusqu’à ce que son client recouvre sa santé et rentre en Guinée. Mais la chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières a rejeté cette requête. Elle a décidé, malgré l’absence du prévenu, de reprendre le procès le 3 avril prochain. Une situation incompréhensible pour Me Salifou Béavogui.

« Comment les débats peuvent reprendre si la personne poursuivie est malade et se trouve à l’extérieur pour des soins ? Pourquoi se précipiter pour tenir coûte que coûte un procès à son insu, si ce n’est que favoriser l’injustice et l’arbitraire ? Nous avons adressé beaucoup de courriers à toutes les autorités judiciaires en charge de ce procès pour que le dossier soit renvoyé en 2025 pour qu’il soit présent. En tout cas, si on veut faire une bonne justice, qui repose sur les règles de droit, sur des considérations objectives pas subjectives, si on ne veut pas condamner un innocent, si on ne veut pas rendre une parodie de justice, il ne sert à rien de se précipiter ».

Alpha Diallo pour Guineematin.com

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