Journée mondiale de l’eau : « Nous sommes en train de rattraper un retard de 40 ans dans le secteur de l’eau »

Aboubacar Camara, ministre de l'Energie, de l’hydraulique et des Hydrocarbures

Ce que les gens ne comprennent pas, c’est que pour avoir de l’eau, il faut chiffrer les coûts des travaux dans chaque ville ; ensuite, mobiliser les fonds avant de commencer à investir. En l’espace de deux ans, le gouvernement a réussi à mobiliser environ 600 millions de dollars pour le secteur de l’eau, alors que les investissements, qu’ils soient privés ou publics, se situaient autour de 100 millions de dollars au cours des 40 dernières années, a indiqué Aboubacar Camara. Le ministre guinéen de l’Energie, de l’hydraulique et des Hydrocarbures a prononcé ce discours à l’occasion de la journée mondiale de l’eau, célébrée ce vendredi, 22 mars 2024.

Ci-dessous, Guineematin.com vous propose l’intégralité de ce discours du ministre Aboubacar Camara :

Guinéennes et Guinéens,

Depuis un peu plus de trois (3) décennies, l’Organisation des Nations Unies (ONU) a créé la journée mondiale de l’eau pour interpeller le public, les États, les associations internationales et les acteurs du privé sur l’importance de l’eau. Elle sensibilise les pouvoirs politiques et l’opinion publique à la préservation de cette ressource naturelle, en particulier l’eau douce. Cet événement vise à garantir l’accès de tous à l’eau, à son assainissement et à assurer une gestion durable des ressources.

Cette année, le thème choisi est ‘’L’eau pour la paix’’.

L’eau peut être source de paix ou de conflit. Lorsque l’eau est rare ou polluée, ou que certains n’y ont pas accès ou que l’accès est inégal, des tensions peuvent apparaître entre les populations et les pays concernés.

Plus de 37 milliards de personnes dans le monde dépendent de ressources en eau transfrontalières. Alors que, vingt-quatre (24) pays seulement ont conclu des accords de coopération pour l’ensemble de leurs ressources en eau partagées.

Face à l’aggravation des effets du changement climatique et à la croissance démographique, il est urgent, pour les pays concernés, de coopérer pour protéger et conserver notre ressource la plus précieuse.

La santé publique et la prospérité, les systèmes alimentaires et énergétiques, la productivité économique et l’intégrité environnementale sont tous tributaires d’un cycle de l’eau fonctionnel et géré de manière équitable.

Mes Chers compatriotes,

L’eau est « source de vie » comme le dit l’adage populaire. L’eau n’est pas seulement une ressource vitale pour la survie humaine, elle joue également un rôle crucial dans la santé de nos écosystèmes, de nos économies et de nos sociétés.

Sa rareté, son abondance et/ou sa mauvaise gestion peut engendrer des sécheresses, des inondations, des destructions diverses et conflits graves de tout genre entre les communautés locales et impliquer même les États qui se la partagent à travers fleuves, lacs, et aquifères transfrontaliers.

Qualifiée de « château d’eau de l’Afrique de l’Ouest », la République de Guinée en sus de l’importance de ses ressources en eau, dispose de nombreux autres atouts naturels dont la mise en valeur requiert en matière d’eau, une bonne gestion et un encadrement concerté de toutes les composantes nationales de la vie politique, sociale et économique.

Cependant, la Guinée qui, à maintes reprises a été confrontée à des contingences regrettables sur le plan social et politique, fait face de nos jours à de multiples difficultés et contraintes qui plombent la performance de son mode de gestion et particulièrement de la valorisation de ses ressources en eau.

Mes Chers compatriotes,

La situation des ressources en eau de notre pays est caractérisée par une gestion inappropriée du sous-secteur de l’eau potable,  marquée par le sous-investissement, une capacité opérationnelle limitée,  des ouvrages de production et de distribution insuffisants avec un faible recouvrement des coûts des services d’eau.  C’est ainsi que le Gouvernement guinéen a fait de « l’accès universel et équitable à coût abordable pour l’ensemble des populations » une priorité.  Aujourd’hui le taux d’accès au service de l’eau potable   est de 31% en milieu  urbain (40% Conakry), 26% villes de l’ intérieur).

Le Gouvernement Guinéen conscient de ces enjeux a engagé plusieurs actions dont entre autres : l’élaboration et l’adoption d’une Politique Nationale de l’eau, l’Organisation du forum national de l’eau, les réformes structurelles et économiques du sous-secteur d’Approvisionnement en Eau Potable et la mise en œuvre de plusieurs projets et programmes au niveau du secteur de l’eau.

Depuis 2018, notre pays a élaboré et adopté une Politique Nationale de l’Eau afin de mettre en adéquation la gestion de l’eau avec les exigences de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE). Ce processus répond surtout à un impératif politique de disposer d’un référentiel national en matière d’eau à même de faire face aux défis de la gouvernance nationale, sous-régionale et internationale des ressources en eau, base du développement socio-économique et environnemental harmonieux et durable du pays.

L’organisation du Forum national de l’eau et la table ronde des bailleurs de Fonds en mai 2023 ont enregistré la participation de plus de 600 participants. Les conclusions de ces rencontres ont conduit à l’annonce de financement du secteur à hauteur de deux milliards deux cents millions (2,2) d’Euros, dont 576 millions proviennent des acteurs publics et 1.597 millions représentent l’engagement des acteurs privés.

L’État pour sa part s’est engagé à financer le programme à hauteur de 20% du total des investissements.

A date, nous avons mobilisé la totalité du financement de la première phase des investissements à hauteur de 540 millions USD.

C’est le lieu d’exprimer notre gratitude aux partenaires techniques et financiers notamment Exim-Bank Inde, la Banque Mondiale, la Banque Européenne d’Investissement et l’Union Européenne qui financent cette phase. Après plus de trois décennies de sous-investissement, la mise en œuvre de cette première phase va considérablement améliorer la production journalière de l’eau potable dans le grand Conakry (200.000 m3).

Pour les villes de l’Intérieur, les discussions sont en cours pour mobiliser le financement à travers plusieurs bailleurs et partenaires privés. S’agissant des 6 capitales régionales des mémorandums d’entente ont déjà été signés.

C’est le lieu de féliciter le Président, S.E le Général de Corps d’Armée Mamadi Doumbouya, Chef de l’Etat, pour son leadership et son engagement à promouvoir le secteur de l’eau.

En l’espace de deux ans, le Gouvernement guinéen a réussi à mobiliser environ 600 millions de dollars pour l’eau, alors que les investissements dans ce secteur se situaient autour de 100 millions de dollars au cours des 40 dernières années.

Mes Chers compatriotes,

La vision de la Politique Nationale de l’Eau de la République de Guinée est de « Faire de l’eau et de son utilisation, un facteur de bien-être social et de développement économique inclusif bénéfique à toutes les couches sociales du pays, fondé sur (i) la bonne gouvernance, (ii) le consensus national, (iii) la paix sociale, (iv) la préservation et la protection de l’environnement, (v) l’intégration économique ouest-africaine et la coopération internationale et transfrontalière ».

Cette vision à travers ses objectifs prend suffisamment en compte le thème de la journée mondiale de l’eau 2024, qui porte sur ‘’l’Eau pour la Paix’’

A cette occasion, le Ministère de l’Energie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures en sa qualité de leader pour la mise en œuvre de la Politique Gouvernementale en matière de l’eau et dans sa dynamique de mettre en œuvre cette vision, est engagé à travers des actions concrètes qui permettront l’atteinte des objectifs fixés.

Les partenaires techniques et financiers sont invités à soutenir la Guinée pour la finalisation et le financement de plan d’action de gestion intégré des ressources en eau, gage de la protection et de la préservation et de la valorisation des ressources en eau de notre chère Guinée.

Chers Compatriotes,

Nous devons donner la priorité aux stratégies de conservation et de gestion de l’eau qui favorisent la durabilité et la résilience face à des défis croissants tels que le changement climatique, la croissance démographique et l’urbanisation.

En outre, nous devons reconnaître l’interdépendance de l’eau avec d’autres problèmes mondiaux, tels que la santé, la sécurité alimentaire, l’égalité des sexes et la consolidation de la paix.

En abordant de manière globale les défis liés à l’eau, nous pouvons ouvrir des opportunités de progrès et de prospérité pour tous.

En cette Journée internationale de l’eau, unissons-nous par solidarité pour plaider en faveur d’une gestion durable et équitable des ressources en eau, promouvoir la connaissance et l’éducation relatives à l’eau et donner aux communautés les moyens de devenir les gardiens de leur propre avenir en matière d’eau.

Ensemble, œuvrons pour un avenir où chaque individu a accès à une eau propre et salubre, où la rareté de l’eau appartient au passé et où la gestion durable de cette ressource précieuse est au cœur de nos efforts collectifs pour construire un monde meilleur.

Vive la journée mondiale de l’eau ;

Vive la communauté internationale ;

Vive la République de Guinée.

Transmis par la Cellule de Communication  et des Relations  Publiques 

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