Rédaction d’une nouvelle constitution : « Il y a des éléments cachés qu’on ne veut pas faire connaître à la population », alerte Dr Zoutomou

Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou, président de l'UDRP

La Guinée est toujours en attente d’une nouvelle constitution, depuis le coup d’Etat militaire du 5 septembre 2021. Le président de la Transition, Général Mamadi Doumbouya, avait promis un référendum au cours de cette année pour l’adoption d’une nouvelle constitution. Une « constitution qui ressemble et rassemble » les Guinéens. Mais, quatre mois après cette promesse, nul ne connaît encore la teneur de ce texte dont la rédaction est confiée au Conseil National de la Transition (CNT) qui fait office de parlement pendant cette période d’exception.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce vendredi, 19 avril 2024, Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou, le président de l’UDRP, a laissé entendre que cette affaire de nouvelle constitution est un « jeu » visant à obtenir une « prolongation de la Transition ». Ce leader politique assure qu’il existe « des éléments cachés » que la junte militaire du CNRD ne veut pas faire connaître au peuple de Guinée. Et parmi ces éléments cachés, il estime qu’il y a l’intention du Général Mamadi Doumbouya de briser sa promesse pour se présenter à la prochaine élection présidentielle dans le pays.

« On ne peut pas aller à des élections sans qu’on ait une sorte de bréviaire qui se trouve être la constitution et le fichier électoral. A l’heure qu’il fait, les gens (la junte militaire du CNRD) ont concocté pour écrire une nouvelle constitution que nous autres (l’UDRP et ses alliés) n’avons pas trouvée nécessaire. Parce qu’à chaque fois qu’il y a un changement de gouvernement ou de régime, cela ne veut pas dire qu’il faut écrire une nouvelle constitution… Mais ce qui est très déplorable, c’est au niveau du CNT (conseil national de la transition) même, où on devait avoir un débat de substance sur la constitution, la commission loi elle-même ne sait pas qu’on est en train de rédiger une constitution dans leurs murs. Alors, comment pouvez-vous pouvez expliquer la transparence d’un tel processus. Ça veut dire qu’il y a des éléments cachés qu’on ne veut pas faire connaître aux gens, à la population. Sinon, une constitution ne s’écrit pas avec une poignée de personnes qu’on recrute, qu’on trie au volet par affinité parce qu’on veut qu’ils y mettent des choses que l’on a cachées. A l’heure actuelle, l’avant-projet de la nouvelle constitution n’est même pas sorti. Donc, on ne peut pas parler d’élection. C’est pourquoi nous nous avons dit que l’une des raisons pour lesquelles la constitution tarde à sortir, c’est parce qu’il y a des éléments qu’on ne voudrait pas faire connaître au peuple de Guinée d’abord. On est en train de tâter le terrain pour voir quelle sera la réaction de la population dans l’ensemble. En même temps, prendre les dispositions nécessaires pour préparer le terrain. Le président de la Transition a dit qu’il ne sera pas candidat, mais cela ne veut pas dire que les choses ne vont pas changer… Il peut bien être candidat, c’est une question de timing. C’est juste que le moment n’est pas venu pour qu’on dise : voilà ce que je veux faire. Et c’est la raison pour laquelle la constitution tarde à venir… Cette nouvelle constitution ne viendra pas, parce que les gens (la junte militaire du CNRD) ne sont pas encore prêts à dévoiler tous les secrets qu’ils sont en train de concocter. Cette nouvelle constitution fait partie du jeu pour allonger le chronogramme de la transition. Parce que si l’avant-projet de la constitution au cours de ce premier semestre, ça veut dire que le glissement de calendrier auquel le Premier ministre, Bah Oury, a fait allusion à la volée comme ça, sans concertation, est quelque chose d’effectif et qui s’inscrit dans leur programme initial prolongation inutile de la transition », a indiqué Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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