Les anciens dignitaires absents à leur procès : Damaro Camara a fait une crise, Michel Kamano opéré 

Amadou Damaro Camara, ancien président de l'Assemblée nationale de la 9è législature

Les honorables Michel Kamano et Amadou Damaro Camara n’ont pas répondu présents à la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) ce lundi, 29 avril 2024. Des raisons de santé sont évoquées pour expliquer cette absence de ces deux anciens dignitaires du régime Alpha Condé, jugés pour détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment d’argent, corruption d’agents publics, prise illégale d’intérêt, notamment. La chambre de jugement de la CRIEF avec une nouvelle composition, dirigée par Yaghouba Conté, a renvoyé le dossier à quinzaine, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Amadou Damaro Camara, ancien président de l’Assemblée nationale ; Michel Kamano, ancien questeur de la même institution ; Zenab Camara, ancienne députée ; et Jin Sun Cheng, homme d’affaires chinois, sont poursuivis devant la CRIEF. Ils répondent des faits présumés de détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment d’argent, corruption d’agents publics, prise illégale d’intérêt et complicité portant sur une somme de 15 milliards de francs guinéens destinés à la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale, au préjudice de l’Etat guinéen. Sur ces 4 prévenus, seul Michel Kamano, autorisé à aller se faire soigner à l’étranger, n’est pas encore entendu par la Cour.

À la précédente audience, la Cour avait renvoyé le dossier à la date d’aujourd’hui pour sa comparution. Mais, après avoir évoqué le dossier, la Cour a constaté l’absence de Michel Kamano, et même d’Amadou Damaro Camara dans la salle.

Pour ce qui est de l’ancien président de l’Assemblée nationale, le ministère public a fait savoir à la Cour qu’il a fait une crise ce lundi matin et se trouve à l’hôpital pour des soins médicaux. Quant à Michel Kamano, très attendu à cette audience, ses conseils ont pris la parole pour informer la Cour de son état de santé. Ils ont déclaré que Michel Kamano est ce lundi sur la table d’opération chirurgicale. Par la même occasion, les conseils de Michel Kamano ont communiqué des pièces produites par le médecin en charge du traitement du prévenu ainsi que leur courrier relatif à son état de santé.

S’agissant de la suite à donner à cette procédure, après avoir constaté l’absence des prévenus Amadou Damaro Camara et Michel Kamano, le ministère public a requis que la Cour ordonne une expertise, d’une part, sur la gestion des 15 milliards de francs guinéens incriminés dans la présente procédure, mais de l’autre, sur la gestion en général des affaires à l’Assemblée nationale.

Une demande que les avocats de la partie civile et ceux de la défense ont soutenu en partie, c’est-à-dire l’expertise sur la gestion des 15 milliards GNF, et non sur la gestion en général au niveau de l’Assemblée nationale.

Me Elhadj Mohamed Kounta, un des conseils de Michel Kamano, a exprimé les raisons qui justifient l’absence de son client à la présente audience et sa position par rapport à la demande de désignation d’un expert pour examiner la gestion des 15 milliards de francs guinéens incriminés dans la présente procédure.

« Monsieur le président, je tiens à faire deux observations : la première, à l’égard de mon confrère de l’agent judiciaire de l’Etat qui est en doute de la véracité sur l’état de santé de mon client. Au cours de longs débats, même avant votre composition, l’état de santé de mon client a été débattu, ce qui lui a valu l’autorisation de sortir par deux fois du territoire national de la Guinée pour aller se faire soigner pour la première fois en Tunisie, et cette fois-ci pour l’Europe. Il se trouve que la maladie ne prévient pas. Ce qui est valable pour Damaro Camara l’est aussi pour mon client (Michel Kamano), qui effectivement, n’a que trop hâte de se retrouver devant votre juridiction pour défendre son honneur et pour faire éclater la vérité. Cela dit, personne dans cette salle n’est médecin. Moi je n’ai pas de connaissances médicales. Par contre, j’ai parfaitement foi en ce que les spécialistes disent et écrivent. Et en cela, on vous a fourni les documents idoines qui attestent de la réalité des affections de mon client qui, au moment où je vous parle, est sur une table d’opération. On devrait plutôt prier le bon Dieu pour qu’il s’en sorte dans les meilleures conditions. Et tout ça pour vous dire qu’il est dans un état de nécessité. Il n’a pas fui le pays et il n’a pas l’intention de perdurer autrement à l’extérieur. Maintenant, la deuxième observation, c’est la demande du ministère public. Si j’ai bien compris, c’est une demande d’expertise. Tant mieux si cela pourrait nous aider à y voir un peu plus clair. Sauf que de mon point de vue, il n’y a pas de zone d’ombre dans cette procédure. Tout a été clarifié lors des longs débats, il y a des documents comptables, il y a tout ce qui peut aider votre juridiction à prendre votre décision la plus éclairée possible. Si le ministère public n’est pas prêt à faire des réquisitions fondées objectivement, nous, on ne s’oppose pas sur le principe de l’expertise mais la seule réserve qu’on apporte, c’est que le rapport, s’il y a lieu, nous soit transmis bien avant les débats pour que cela soit contradictoire et que l’on puisse apporter des observations », a expliqué Me Elhadj Mohamed Kounta.

Un avis partagé par les avocats de la défense d’Amadou Damaro Camara. Ils vont même profiter pour solliciter la mise liberté provisoire de leur client.

Finalement, la Cour a rejeté la demande de mise en liberté provisoire d’Amadou Damaro Camara, avant de renvoyer l’affaire au 13 mai 2024 pour la comparution de Michel Kamano et la suite des débats.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél. : 622 919 225

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