Massacre du 28 septembre 2009 en Guinée : Alpha Condé, Bernard Kouchner, Nicolas Sarkozy, Jean Graebling cités dans le “complot”

Alpha Condé, ex président de la Guinée

« L’ambassadeur Jean Graebling était le plus actif et c’est lui qui a menacé les partis politiques du retrait du soutien de la France si ces partis politiques ne sortaient pas le 28 septembre 2009. Ses propos ont été rapportés par feu Ahmed Tidiane Cissé qui a été ministre d’Alpha Condé par récompense. Ce dernier a raconté devant le comité de médiation, composé du Premier ministre Kabinet Komara, du ministre de la coopération internationale Koutoubou Sanoh, de la représentante des anciens ministres et parlementaires, Hadja Saran Daraba, et autres que : nous irons parce que l’ambassade nous a clairement dit que si nous ne sortons pas ce jour, le 28 septembre 2009, la France nous retirera tout son soutien »

Comme annoncé précédemment, Me Jean Baptiste Jocamey Haba, un des conseils du capitaine Moussa Dadis Camara, plaide toujours devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la cour d’appel de Conakry) dans le cadre du procès du massacre du 28 septembre 2009. L’avocat a entamé son exposé de ce mardi, 18 juin 2024, par dénoncer un “complot international” ourdi en 2009 contre son client. Il assure que ce complot qui a abouti au massacre du 28 septembre a été commandité par des militaires et des hommes politiques. Et parmi ces hommes politiques, il a cité Alpha Condé (ex chef d’Etat guinéen), Bernard Kouchner (ex ministre français des affaires étrangères) et Nicolas Sarkozy (ex chef d’Etat français), rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

A en croire Me Jean Baptiste Jocamey Haba, le massacre de plus de 150 personnes et le viol de plus d’une centaine de femmes au stade de Conakry le 28 septembre 2009 avait un but purement politique. Ce massacre visait à “salir le capitaine Dadis (qui était au pouvoir en Guinée)” pour le faire remplacer par quelqu’un qui est favorable à une accession d’Alpha Condé (à l’époque opposant) au pouvoir. Ce quelqu’un, assure l’avocat, était le Général Sékouba Konaté, à l’époque ministre de la défense et numéro de la junte militaire du CNDD.

Cependant, cet avocat précise que ce “complot contre le capitaine Moussa Dadis Camara” avait une dimension “internationale”. Et le cerveau principal dudit complot était Nicolas Sarkozy (à l’époque chef de l’Etat français). Il avait à ses côtés Bernard Kouchner, le “frère jumeau” et soutien politique inconditionnel d’Alpha Condé.

“Les commanditaires étaient des Guinéens qui vivaient ici et ailleurs, des gens qui ne sont pas des Guinéens. Le premier commanditaire, et c’est l’aile politique, c’est bien le président Alpha Condé (ex chef de l’Etat guinéen). Il était membre du comité d’organisation du meeting [des forces vives], il est le véritable bénéficiaire de ce complot, mais il a été tellement malin qu’il a abandonné les autres pour partir à l’étranger. Alors que c’est lui (Alpha Condé) qui a imposé la date du 28 septembre 2009, à travers ses maîtres. Et Sidya Touré, le président de l’UFR, l’a dit et une transcription a été faite ici… L’autre élément du complot international, c’est bien Bernard Kouchner (ancien ministre français des affaires étrangères). Il était le véritable soutien politique d’Alpha Condé, parce que c’était le moment ou jamais. Puisqu’il était le ministre des affaires étrangères, il fallait peser pour aider son frère jumeau (Alpha Condé)… C’est lui (Bernard Kouchner), quelques jours après, qui a été auditionné par une commission parlementaire en France. Et il avait déjà tenu le président Dadis pour responsable, sans aucune enquête préalable. Il l’a même comparé à Idi Amin… Parce qu’ils avaient déjà tout organisé, tout planifié, tout coordonné pour qu’à la fin qu’on dise que c’est le président Moussa Dadis Camara. Mais, il (Bernard Kouchner) n’était pas seul, parce qu’il y avait également le président Nicolas Sarkozy. L’autre commanditaire, c’est bien Jean Graebling, ambassadeur de la France en Guinée en 2009”, a déclaré Me Jean Baptiste Jocamey Haba.

S’agissant de l’ambassadeur Jean Graebling, l’avocat du capitaine Moussa Dadis Camara l’a présenté comme celui qui était “le plus actif” à Conakry. Il assure que ce diplomate français a brandi des menaces contre les leaders politiques guinéens pour les obliger à battre le pavé le 28 septembre 2009. Et après le massacre du 28 septembre, révèle Me Jean Baptiste Jocamey Haba, l’ambassadeur Jean Graebling était de plein pied dans la procédure qui a abouti à l’ordonnance de renvoi qui saisi aujourd’hui le tribunal criminel de Dixinn dans cette affaire.

“Il (Jean Graebling) était le plus actif et c’est lui qui a menacé les partis politiques du retrait du soutien de la France si ces partis politiques ne sortaient pas le 28 septembre 2009. Ses propos ont été rapportés par feu Ahmed Tidiane Cissé qui a été ministre d’Alpha Condé par récompense. Ce dernier a raconté devant le comité de médiation, composé du Premier ministre Kabinet Komara, du ministre de la coopération internationale Koutoubou Sanoh, de la représentante des anciens ministres et parlementaires, Hadja Saran Daraba, et autres que : nous irons parce que l’ambassade nous a clairement dit que si nous ne sortons pas ce jour, le 28 septembre 2009, la France nous retirera tout son soutien. D’ailleurs, l’ambassade de France en Guinée n’a pas cessé de faire pression après. Puisque dans cette entreprise de falsification l’histoire de notre passé, c’est son responsable improvisé de renseignement, qui est magistrat à la base, qui m’a invité à l’ambassade de France ici, puisque nous avions, lui et moi, deux amis en commun (…), pour m’informer de l’ordonnance qui vous saisit monsieur le juge président et messieurs les juges assesseurs. L’ordonnance avait été prise comme ils ont voulu, mais il y avait trop de failles et il voudrait que nous en parlions. Ma réponse a été très cinglante : est-ce qu’un membre de l’ambassade de la Guinée en France se permettrait d’inviter l’avocat de Nicolas Sarkozy à aller à l’ambassade de Guinée pour discuter d’une procédure franco-française ?” a indiqué Me Jean Baptiste Jocamey Haba.

Par ailleurs, cet avocat du capitaine Moussa Dadis Camara a aussi révélé le rôle joué par l’Union européenne dans ce “complot” contre son client. Jean Baptiste Jocamey Haba a également pointé du doigt certains acteurs politiques guinéens dont les partis étaient membres des Forces vives à l’origine du meeting du 28 septembre 2009.

“Mais, je n’oublie pas l’Union européenne et la communauté dite internationale. Rappelez-vous ce qui s’est passé entre le Capitaine Moussa Dadis Camara et le représentant de l’Union européenne, par ailleurs ambassadeur de la république fédérale d’Allemagne en Guinée. Avec le recul, on a compris que les questions qu’il posait étaient aussi prétentieuses qu’aucun diplomate africain ne pouvait se permettre de poser de telles questions à un chef d’Etat occidental. Et d’ailleurs, l’histoire a donné raison au président Dadis, puisque les mêmes questions ont été posées au président Alpha Condé. Il faut que l’on comprenne que l’origine, les comploteurs contre le président Dadis viennent de là. Mais, je n’oublie pas certains organisateurs de ce meeting du 28 septembre 2009 qui se sont laissés dupés par les autres qui avaient des intérêts cachés. Je les accuse d’avoir défié l’autorité de l’Etat, je les accuse de n’avoir pas respecté la notabilité et les religieux. Je n’invente rien. Et ce que je dis est d’ailleurs étayé des déclarations de certains leaders politiques dont les partis étaient membres du comité d’organisation du meeting, mais aussi de certains diplomates occidentaux”, a déclaré l’avocat du capitaine Moussa Dadis Camara.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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