Camayenne (Conakry) : Ansoumane Diallo jugé pour avoir « vendu » à Saran Camara des magasins de l’Etat

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Jugé pour escroquerie, Ansoumane Diallo a comparu devant le tribunal correctionnel de Dixinn cette semaine. Selon l’accusation, il aurait vendu à Saran Camara, partie civile dans cette affaire, deux magasins qu’il avait reçus en bail des mains de l’Etat, en se faisant passer pour le propriétaire. Ces magasins, situés au quartier Camayenne, dans la commune de Dixinn, ont été démolis à l’arrivée du CNRD au pouvoir. Appelé à la barre pour donner sa version des faits, le prévenu a nié les faits mis à sa charge, mais reconnaît avoir cédé son droit de bail à Saran Camara à une somme 250 millions GNF, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Dans cette affaire, il s’agit d’une cession d’un bail commercial de deux magasins qui appartenaient à l’Etat. Détenu depuis le 20 juin 2024, Ansoumane Diallo, né en 1968 à Kankan, domicilié à Sonfonia gare, marié et père de 7 enfants, est reproché d’avoir revendu les magasins en se faisant passer pour leur propriétaire.

Une accusation que le prévenu a réfutée en bloc. A en croire ses dires devant le tribunal, Saran Kaba a repris le bail en connaissance de cause. « En 2014, j’ai acquis un domaine en faisant un bail. Ce sont deux magasins qui se trouvaient dans une école publique. M’ma Saran (Saran Camara) était mon locataire pendant 2 ans. Un jour, j’ai appelé M’ma Koné qui est sa cousine et d’ailleurs qui nous a mis en rapport, pour l’informer que je vais rendre le bail que j’ai fait. C’est quand j’ai voulu quitter que j’ai proposé à M’ma Saran si elle veut prendre, sinon elle libère pour que je puisse donner à quelqu’un d’autre. L’acte représentait mon commerce. Les 250 millions GNF, c’est ce que j’ai investi et c’est que j’ai demandé à M’ma Saran et sa cousine M’ma Koné ; et elle savait pertinemment que le domaine était celui de l’Etat. Elle savait qu’il existait des risques que l’Etat veuille un jour le récupérer. Cela pouvait être un an, deux ans, voire 15 ans. Moi-même, j’avais fait une dizaine d’années sur les lieux. Aussi, au moment où je donnais le magasin, c’était au temps d’Alpha Condé. Personne ne s’attendait à l’arrivée du CNRD, qui est venu casser toute la Cité Camayenne. Je n’ai jamais mentionné que le domaine m’appartenait et sur l’acte qu’on a signé, j’ai insisté pour ne pas qu’on mette le mot vente, parce je sais que je ne suis pas le propriétaire des lieux ; et M’ma Saran le savait », se défend-t-il.

Cependant devant cette juridiction, Saran Camara soutient mordicus qu’elle a été manipulée par le prévenu. Elle dit ignorer complètement que le domaine faisait l’objet d’un déguerpissement. « Ma cousine est allée me voir, elle m’a dit qu’il existe un magasin à louer. Je suis parti pour voir et on m’a dit que la location coûte 1 million 500 mille GNF, j’ai accepté. Mais, il n’y avait rien dans le magasin, pas de toilettes ni de climatiseur. C’est moi qui ai tout mis là-bas. Après quelques temps, Diallo m’a proposé de reprendre le magasin. J’étais un peu réticente, mais il m’a rassuré, en me disant, non l’État ne va pas raser les lieux et je suis allé aussi demander des renseignements au sein du directeur de l’école parce que le domaine était situé dans une école publique. Celui-là aussi m’a dit que non l’école ne faisait aucun objet de déguerpissement. J’étais alors rassurée. En plus, je faisais tellement confiance à ce monsieur que je ne voulais pas qu’il existe de papier entre nous. C’est ainsi que j’ai payé l’argent et j’ai fait des rénovations. Et quelques temps après, j’ai été surprise de voir des agents mettre des croix dessus. Je l’ai appelé pour l’en informer, et il m’a encore rassurée. C’est comme ça qu’un matin, je suis venue trouver que tout le domaine a été cassé avec mes biens. J’appelle Diallo, pensant qu’il allait compatir, pour au moins me réconforter. Mais non, quand je l’ai appelé pour le lui dire, il a rétorqué que cela ne le concernait pas. Mon mari aussi l’a appelé et il a dit à mon mari la même chose, que ce n’était pas son problème. Alors, mon mari a dit qu’il va nous rembourser l’argent qu’on a investi. Il nous a proposé une somme de 60 millions GNF. Mais mon mari a dit que dans cette affaire, il n’est pas question de cette somme, mais bien au-delà. C’est ce qu’il a refusé de faire. Et c’est pour cela que nous avons porté plainte, parce que je voulais qu’il me rembourse mon argent. Parce qu’il m’a trompée, il m’a manipulée. Il savait que le magasin se trouvait dans un domaine de l’Etat. Mais, il s’est fait passer pour le propriétaire », a expliqué Saran Camara.

Se présentant au nom de son cabinet comme garant, le conseil du prévenu a demandé au tribunal d’accorder la liberté provisoire pour Ansoumane Diallo. Une demande que le tribunal a acceptée avant de renvoyer l’affaire à la date du 1er juillet 2024 pour la suite des débats.

Mariama Barry pour Guineematin.com

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