Conakry : jugé pour viol sur mineure, Tona Guilavogui pourrait bien se tirer d’affaires 

Accusé de viol sur une mineure âgée de 9 ans au moment des faits, Tona Guilavogui pourrait être innocenté dans ce dossier. A l’occasion de l’audience du tribunal criminel de Dixinn, tenue jeudi dernier, 27 juillet 2024, le parquet a requis son acquittement, au bénéfice du doute. Pourtant, la famille de la victime maintient les accusations contre Toma Guilavogui qu’elle accuse d’avoir atteint sexuellement la fillette de 9 ans, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Tona Guilavogui, mécanicien de profession, domicilié au quartier Hafia, dans la commune de Dixinn, a déclaré à la barre ne pas être l’auteur de ce viol. Dans ses explications, il a fait savoir qu’il a surpris la victime avec un autre garçon nommé Mohamed, dans sa chambre à lui. « Je leur ai demandé ce qu’ils faisaient. Ils ont répondu qu’ils ne faisaient rien. Mohamed m’a supplié de ne rien dire à la maman de la fillette », a-t-il expliqué.

Couturière de profession, KD, la mère de la victime, a été entendue à titre de simples renseignements. « J’étais en train de laver les bols. J’ai dit à ma fille de partir verser l’eau. Quand elle est sortie, elle a duré. Je l’ai appelée à plusieurs reprises, sans réponse. Je suis sortie. Elle avait déposé le seau là où elle a versé l’eau. Je l’ai appelée encore, elle n’a pas répondu. J’ai demandé à ses amis et aux voisins s’ils ne l’ont pas vue. Ils m’ont répondu que non. Je suis allée à un endroit aussi où elle avait l’habitude de jouer, elle n’y était pas. Je suis venue dans une même cour à plusieurs reprises. C’est comme si Dieu me guidait dans cette cour. Non loin de là, un peu en bas, il y a une boutique. Je me dirigeais vers le boutiquier, j’avais le dos tourné à la fameuse cour. A un moment, je me suis retournée et je l’ai vue courir, en pleurant. Je lui ai demandé pourquoi elle pleurait, elle a dit maman, je vais te dire la vérité. J’étais chez Tona. Quand tu m’as appelée, c’est Tona qui a attrapé ma bouche…  Tona dit qu’il a attrapé Mohamed et ma fille la nuit. J’ai dit que moi, ma fille m’a dit qu’elle est sortie de chez toi… Les voisins ont pris mon enfant pour l’amener chez Billy. Cette dernière dit que mon enfant n’est pas vierge depuis longtemps… Ce jour, lorsque je suis venue, il y avait des gens au niveau de la véranda. Quand je suis venue, j’ai demandé à ces gens au moins trois fois, ils m’ont dit qu’elle n’était pas là-bas. Eux, ils ne savaient pas si Tona était à la maison… Ma fille a ses 10 ans cette année. Le médecin m’a dit personnellement d’aller à Ignace Deen pour connaître si réellement ma fille a été touchée ce jour… Ma fille m’a dit que Tona l’a prise au collet, l’a amenée dans la chambre, l’a terrassée, l’a bâillonnée puis, a introduit son doigt dans sa partie intime », a expliqué la dame.

Interrogé par le Tribunal, le père de la victime a sollicité réparation pour les préjudices subis.

Le représentant du Ministère Public, Biwon Millimouno, a rappelé les faits avant de requérir l’acquittement de l’accusé. « Tona Guilavogui, mécanicien de profession, est poursuivi pour des faits de viol sur une fillette de 9 ans au moment des faits.  Le commissariat de Kaporo rails a été saisi par les parents de la victime. Ce jour, la fillette a disparu, sa maman a cherché sa fille. C’est là que la maman a constaté que sa fille sortait de la cabane de Tona Guilavogui. La première réponse, elle dit que c’est Mohamed son ami qui l’avait retenue. La deuxième réponse, elle dit que c’est Tona qui l’a violée. C’est avec l’insistance de la maman que la fille a donné une seconde réponse. Le médecin à Ignace Deen a dit qu’elle a été touchée sexuellement. Tona a toujours nié les faits. Il y a le doute. C’est pourquoi, le Ministère Public que je représente, au regard de ces éléments, sur la base du doute, requiert qu’il vous plaise faire application de l’article 544 du code de procédure pénale, en renvoyant l’accusé des fins de la poursuite », a-t-il requis.

L’avocat de la défense est allé dans le même sens que le parquet. « Tona a fabriqué un hangar pour y vivre, mais qui ne se ferme pas et est devenu un lieu de cache-cache pour les enfants. Un jour, en revenant du travail, il a surpris Mohamed et ZB sortant de la chambre. Le petit l’a supplié de ne rien dire… Il y a des antécédents entre la sœur de Tona et la mère de la victime, et Tona avait pris la défense de sa sœur. C’est pourquoi, quand la mère a demandé à sa fille qui avait abusé d’elle et elle a donné sa première version, sur l’insistance de la mère, la fille a changé de version pour dire que ce n’était plus Mohamed, mais Tona.. Nous demandons très respectueusement de faire application des dispositions de l’article 544 du code de procédure pénale », a plaidé l’avocat.

Pour sa propre défense, Tona Guilavogui dira : « on m’a accusé. Je demande pardon… ».

Le Tribunal a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 11 juillet 2024. L’accusé est reparti à la maison centrale où il est en détention préventive depuis le 10 juillet 2023.

Kadiatou Barry pour Guineematin.com

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