Saidou Diallo remis en liberté à Conakry : « Il ne m’a rien fait, c’est son frère qui me doit 125 millions de francs guinéens »

Reproché d’avoir détourné 125 millions de francs guinéens, une somme destinée à l’achat de 4 parcelles à Coyah, Mamadou Saliou Diallo a comparu au tribunal de Dixinn en début de semaine. Dans cette affaire, c’est plutôt son grand frère, Issiagha, qui aurait reçu des mains de Morou Baïlo Barry ladite somme. Après 10 mois de détention à la maison centrale, le prévenu a donné des explications qui ont poussé le tribunal, dirigé par le juge Lansana Kéita, à le remettre en liberté, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Le prévenu Mamadou Saidou Diallo, en détention depuis dix mois, explique ce qui s’est passé dans cette affaire. « Morou Bailo Barry m’a remis dix millions de francs guinéens à donner à Issiagha. C’est Issiagha même qui m’a appelé pour me dire que quelqu’un va venir avec deux officiers. Qu’ils vont me remettre ça. Issiagha, c’est le fils de mon oncle. Je devais juste donner l’argent à Issiagha. Ce que j’ai signé, c’est pour les dix millions GNF. J’ai fait dix mois en prison », a déclaré le prévenu, né en 1970 à Tougué, chauffeur de profession, domicilié à la Cimenterie, marié et père de six enfants.

A son tour, la partie civile va donner sa version des faits dans cette affaire. Morou Baïlo Barry a dit que le prévenu ne lui doit rien. « C’est Boubacar qui m’a mis en contact avec Issiagha qui dit avoir une parcelle à Kouria. Il m’a montré la parcelle, ça m’a plu. Il a dit que la parcelle appartient à Issiagha Diallo. Boubacar m’a dit que je pouvais choisir ce que je veux. Dans ce qu’il m’a montré, j’ai dit que j’allais prendre 4 parcelles dans le lot… Issiagha et Boubacar sont venus chez moi. J’ai demandé si réellement les parcelles appartiennent à Issiagha ? Boubacar Bah m’a rassuré que ça appartient à Issiagha. Chaque parcelle, c’est 25 millions. Les 4 parcelles, c’est 100 millions. Je leur ai remis 30 millions. Et on a convenu qu’à chaque fin de mois, que je paie un peu. J’ai payé 70 millions et j’ai demandé des documents. Boubacar Bah et Issiagha Diallo on fait la donation, qui dit que c’est Issiagha Diallo qui me cède les parcelles. J’ai demandé à ce qu’on aille à l’habitat, mais ils m’ont dit qu’il n’y avait aucun problème… Après, Boubacar Bah et Issiagha Diallo sont venus prendre 10 millions encore. Cette fois-ci, j’avais eu des doutes. J’ai alerté la gendarmerie. Ils ont mis la main sur Boubacar Bah. Ce dernier a appelé Issiagha pour dire qu’il a récupéré l’argent s’ils pouvaient se rendre chez lui, il dit non, qu’il est sorti. Après, Boubacar Bah a rappelé Issiagha, mais c’est ce monsieur (le prévenu) qui a pris le téléphone pour dire que son frère était absent… Boubacar Bah a passé la nuit au commissariat. Le lendemain, quelqu’un s’est rendu à la gendarmerie pour dire que les papiers sont prêts. Ils ont relaxé Boubacar Bah, on est allé voir. À l’habitat, ils ont appelé quelqu’un à Coyah qui a confirmé que Issiagha possède effectivement 42 parcelles. Je suis allé au lieu où se trouvaient les parcelles avec les agents. Ces derniers m’ont dit que c’était un bon marché. J’avais payé en tout 80 millions. Issiagha avait dit qu’il avait besoin de 1 million 500 mille GNF pour les documents… Les agents m’ont dit que le lieu était bon. Donc, si j’ai l’argent, de payer le reste… Issiagha dit qu’il n’est pas à la maison, de remettre l’argent à son petit frère. J’ai pris 10 millions pour remettre à Mamadou Saliou. Il ne faisait que faire les éloges de Khoundindé, lieu où se trouve les parcelles. Après, il a appelé son frère pour dire qu’il a reçu l’argent. Ce qui fait 90 millions. Deux jours après, j’ai appelé Boubacar Bah, j’ai pris le reste de l’argent pour le paiement des parcelles, 10 millions. Après, Boubacar Bah m’a appelé pour me dire que les papiers ne sont pas encore établis… Ils ont demandé que je verse de nouveau 25 millions pour la régularisation des dossiers, j’ai refusé. Mais il m’a convaincu. J’ai finalement remis les 25 millions en disant que je n’avais plus confiance en eux. Mamadou Saliou n’est jamais venu chez moi. Dans toutes les démarches, il ne faisait pas partie. C’est lorsqu’on est parti chez Issiagha, il a pris l’argent et a fait les éloges de Khoundindé et que son frère possède plus de 90 parcelles. À la police, ils m’ont dit que ce dernier doit être arrêté parce qu’il a reçu l’argent. Sinon lui, il ne m’a rien fait », a déclaré la partie civile.

Après avoir écouté la version des faits de la partie civile, le tribunal a ordonné la remise en liberté du prévenu avant de renvoyer le dossier au 9 juillet 2024 pour la suite des débats.

Kadiatou Barry pour Guineematin.com

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