Lutte contre le blanchiment des capitaux : « la justice guinéenne traîne les pas »

La justice guinéenne est-elle passive face au blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ? C’est ce que pense la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF). Cet organisme de l’Etat dit avoir saisi la justice d’une quarantaine de dossiers qui n’ont jamais eu de suite.

Elle l’a dit au cours d’un atelier dédié à la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, organisé le samedi, 03 novembre 2018 à Conakry, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

Cet atelier a été organisé par l’Association guinéenne pour la transparence, (AGT) et réuni des journalistes et des activistes de la société civile. A l’ouverture des travaux, Dr Mamadou Taran Diallo, président de l’AGT, a indiqué que le « le combat contre la corruption, les détournements de deniers publics, le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, nécessite de la société civile et des medias, la veille et la surveillance permanentes de la gestion des finances publiques et de la classe politique, administrative et économique du pays ».

S’adressant aux officiels présents à la rencontre dont Elhadj Mohamed Lamine Fofana, ministre Conseiller du Chef de l’Etat, chargé des relations avec les Institutions, et les responsables de la CENTIF, Koly Mara et Elhadj Mamadou Talibé Diallo, l’activiste de la société civile a rappelé qu’au nom de la redevabilité et de l’obligation de rendre des comptes, « tout gestionnaire, allocataire et bénéficiaire de biens et fonds publics est sujet et objet de contrôle et de sanctions positives ou négatives, à tout moment, pour s’assurer qu’il sert l’Etat, l’intérêt public au lieu de s’en servir ».

C’est pourquoi, il invite l’Etat à exploiter les informations fournies par la presse pour traquer les bandits à col blanc pour le bien de tous : « Il est temps, dans le cadre de la lutte contre l’impunité, que les services de contrôle et de répression de l’Etat compétents s’emparent de ces sources et indices d’information pour effectuer les vérifications approfondies assorties des sanctions qui s’imposent.

Exiger des preuves, en pareil cas, aux citoyens et aux journalistes lanceurs d’alerte, constitue une intimidation, un musèlement et une menace de ceux qui ne cherchent, pourtant, que la transparence et la bonne gouvernance de la gestion de la chose publique », a dit le président de l’AGT.

Pour ce qui est de la Cellule nationale de traitement des informations financières, elle dit être déjà bien engagée à lutter contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. L’organisme étatique dit avoir établis une quarantaine de rapports dans ce sens qu’il a adressés à la justice. Mais c’est à ce niveau que les choses sont bloquées, annonce Koly Mara, président de la CENTIF : « Malgré les inculpations, aucun de ces dossiers n’a connu de nos jours de condamnation », a-t-il indiqué.

A rappeler que le blanchiment d’argent est défini comme tout acte ou moyen visant à introduire dans le secteur financier ou économique des fonds issus de la corruption, de la vente de drogue, des armes ou de la prostitution. Quant au financement du terrorisme, il consiste à financer des activités terroristes, quelle que soit la provenance de l’argent qui sert à faire ce financement.

Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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