Soumaïla Cissé : « les maliens n’accepteront jamais un président élu sur la fraude »

Soumaïla Cissé

Comme nous l’annoncions précédemment, ce samedi, 18 août 2018, Soumaïla Cissé et certains de ses pairs de l’opposition ont battu pavé dans les rues de Bamako. L’objectif étant de faire annuler les résultats publiés par le ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD), qui donnent Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) vainqueur de l’élection présidentielle avec 67,17% des suffrages.

Au boulevard de l’indépendance où il a animé un meeting géant après la marche, les opposants ont tour à tour dénoncé le « bourrage d’urne » qui aurait caractérisé ce scrutin dont ils réclament l’annulation, rapporte l’envoyé spécial de Guineematin.com à Bamako.

Ils étaient plusieurs centaines de manifestants dans les rues de Bamako ce samedi. Les marcheurs se sont d’abord mobilisés à la place de la Liberté où ils ont scandé, pendant plusieurs minutes, des propos discourtois à l’endroit du président réélu, Ibrahim Boubacar Keïta. Après plusieurs minutes de « show », les marcheurs ont pris la direction du Boulevard de l’Indépendance, via Bamako-Koura, toujours avec des slogans comme « Soumaïla Cissé président ! IBK voleur ! Souamaïla Cissé Président ! IBK, rends-nous nos voix ! ».

Ras Bath sur les messages de félicitations venant notamment de la France : « si la Cour constitutionnelle du Mali venait à faire comme la Cour Suprême du Kenya, en renversant les résultats et confirmer la victoire de notre candidat, Macron et Hollande seraient amenés à tenir deux langages différents…»

Au lieu du meeting, le bal des discours a été ouvert par Ras Bath, le très populaire chroniqueur et activiste malien. Alternant bambara et français, l’ancien animateur de l’émission « Carte sur table » de « Maliba FM » a dénoncé « le vol qui a caractérisé le scrutin 12 août ». Ras Bath s’est également dit écœuré face aux messages de félicitations que la France s’est précipitée d’envoyer à IBK.

Ras Bath, le très populaire chroniqueur et activiste malien« La fraude, le vol est le pire des crimes qu’un être humain puisse être amené à cautionner dans ce monde ! Nous disons que nous n’allons pas gagner dans le mensonge ; mais, nous ne perdrons pas dans le mensonge. Toute victoire obtenue par le mensonge est bannie par Dieu et les hommes. La présidente de la Cour constitutionnelle a l’obligation, à l’instar des autres juges, de rentrer par la porte de l’honneur et de la dignité. Nous sommes là aujourd’hui pour dire que nous sommes des républicains, nous sommes des démocrates. Nous respectons le peuple français, nous respectons la République de France, nous respectons Macron. Mais, nous nous posons une question ? Nous avons été à leur école, nous avons appris les mêmes leçons qu’eux. Je n’ai jamais vu un président féliciter quelqu’un de son élection avant la proclamation définitive des résultats. Et, si la Cour constitutionnelle du Mali venait à faire comme la Cour Suprême du Kenya, en renversant les résultats et confirmer la victoire de notre candidat, Macron et Hollande seraient amenés à tenir deux langages différents ! Ce qui n’est pas bon », a notamment indiqué le chroniqueur.

Quand vous divisez 600 minutes par cinq, vous avez 150 votants. Ici, il y a des bureaux où il y a 800 votants. Ça veut dire que les gens ont voté en deux secondes, en trois secondes »

Choguel Maïga, candidat malheureux du parti RPM au premier tour était dans ce meeting ! Cet opposant avait un message aux maliens et particulièrement aux militants de son parti qui pourraient se demander ce qu’il fait dans ce meeting…

Choguel Maïga, candidat malheureux du parti RPM« Je suis là pour défendre les votes de ceux qui ont voté dans mon parti. Je suis là pour défendre les votes de tous les candidats dont les voix ont été perdues en cours de route. Je suis là pour vous dire ceci, pour que vous compreniez le sens de notre combat. Les partis politiques, les candidats se mobilisent, appellent le peuple, font des discours et mobilisent leurs militants pour aller voter. Le jour du vote, on regarde les chiffres. Et bien, je vais vous dire ce que les chiffres ont montré. Au Mali, on vote de 08 heures à 18 heures, ça fait 10 heures de temps. Une heure, ça fait 60 minutes. 10 heures de vote, ça fait 600 minutes. En Europe, du moment où un citoyen rentre dans le bureau de vote, prendre son bulletin, voter, signer et sortir, il fait quatre minutes. Quand vous divisez 600 minutes par cinq, vous avez 150 votants par bureaux de vote ; ça, c’est en France. Au Mali, la bonne partie de la population est illettrée, l’élection n’est pas bien organisée ; ça veut dire qu’on fait plus de cinq minutes au Mali. Quand vous divisez 600 minutes par cinq, vous avez 150 votants. Ici, il y a des bureaux où il y a 800 votants. Ça veut dire que les gens ont voté en deux secondes, en trois secondes », a-t-il révélé, précisant que c’est une preuve sur plusieurs qu’il y a eu fraude et bourrage d’urnes lors de ces élections.

Nous n’accepterons pas qu’on nous vole notre victoire, qu’on vole votre victoire. Il s’agit de l’avenir du Mali, il s’agit de l’avenir de la sous-région

C’est sous les ovations de ses militants et sympathisants que Soumaïla Cissé a pris la parole pour rassurer ceux qui craignent qu’il accepte la défaite qu’il ne pas trahira ses militants. Le chef de file de l’opposition malienne annonce qu’il se battra jusqu’au bout pour reconquérir ses suffrages.

Soumaïla Cissé « Les maliens n’accepteront jamais d’avoir un président élu sur la fraude ! La fraude est une violence contre le peuple. La fraude, c’est le vol de votre vote. La démocratie est assise d’abord sur le vote, la condition est que ce vote soit sincère. Ils trichent partout, ils trichent jusque dans les petits bureaux. Un bureau de six personnes en Turquie, Soumaïla 4, IBK 2. Mais, à l’arrivée, Soumaïla zéro et IBK 6. A-t-on besoin de tricher partout ? Peut-on construire une démocratie sur le vol ? Je dis tout simplement non ! Nous n’accepterons pas qu’on nous vole notre victoire, qu’on vole votre victoire. Il s’agit de l’avenir du Mali, il s’agit de l’avenir de la sous-région. Parce que la mauvaise gouvernance n’amènera pas la paix, la mauvaise gouvernance ne permettra pas de développer ce pays. La mauvaise gouvernance, c’est la négation de l’avenir radieux pour nos enfants et nos petits-enfants… C’est pour ça que vous êtes mobilisés, c’est pour ça que nous nous battons, c’est pour ça que le combat n’est pas un combat de notre camp seulement. C’est le combat de tous les partis politiques y compris le RPM. Si nous continuons à soutenir un président élu par le vol, les députés élus par le vol, les maires élus par le vol, etc. Ce pays ne pourra pas fonctionner parce que personne ne se reconnaîtra dans ces votes. Et, si les gens ne se reconnaissent pas, ils ne vont pas travailler », a indiqué Soumaïla Cissé, le challenger du président IBK.

Ibrahima Sory Diallo, envoyé spécial de Guineematin.com à Bamako

Tél. : (00223) 92 57 77 96

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