Guinée : 9 pêcheurs (ghanéens et léonais) contaminés en haute mer

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Ce sont des pêcheurs vivant en Guinée d’origine ghanéenne et léonaise. Ces neuf (9) personnes ont été contaminées dans la zone de transbordement de Rio Pongo (et non Rio Tinto comme écrit précédemment par erreur) et celle de Koukoudé, le 18 mars 2024. Depuis hier (mardi 19 mars 2024), elles sont hospitalisées à l’hôpital Donka. Parmi les neuf, un seul se trouve dans un état grave. Ce sont des brûlures au niveau des mains, des pieds et de l’entre jambe.

Rencontré par Guineematin.com à l’hôpital de Donka, Fodé Idrissa Kallo, Secrétaire Chargé des Affaires Extérieures, Communication et Information de la Fédération des Pêcheurs, Artisans de Guinée, est revenu sur les causes de ces blessures.

« Nous sommes face à l’éruption cutanée des pêcheurs qui ont reçu des blessures aux larges des côtes de Conakry dans leurs activités de pêche. Donc, ils sont entrés en contact avec les produits chimiques. Ils ont des brûlures sur les corps et d’autres sur les parties intimes. Ce sont eux qui ont été conduits à l’hôpital Donka. Ils sont au nombre de neuf personnes à Conakry, mais un cas nous a été signalé du côté de Koukoudé. La cause, c’est le déversement des produits chimiques par les navires miniers. Ce sont les navires miniers qui ont fait le déversement en mer », dit M. Kallo.

Kallo poursuit en rappelant qu’il y a presqu’un an, plus de 800 pêcheurs ont mis des irruptions cutanées. Ensuite, il détaille le comportement peu orthodoxe de certains navires miniers qui favorisent l’irruption cutanée des pêcheurs dans la zone maritime guinéenne.

Fodé Idrissa Kallo, Secrétaire chargé des affaires extérieures, communication et information de la fédération nationale des pêcheurs artisanaux de Guinée

« L’année passée, le 13 avril 2023, c’était la même chose, la même zone. Ça fait une année et que ça refait encore surface. Il y a eu plus de 800 pêcheurs qui ont reçu ses brûlures pareilles. Du fait que certaines dispositions n’ont pas été prises, c’est ce qui a fait le laisser aller que les navires sont en train de continuer leurs activités. Le balisage des navires miniers ça peut se faire, mais c’est réglementé. Quand les navires quittent dans les autres pays pour venir en Guinée, ils viennent vides. Et pour que le navire soit stable sur l’eau, il faut qu’il prenne beaucoup d’eau. Mais, avant qu’il ne rentre dans notre zone territoriale maritime, il devait se débarrasser de cette eau-là d’abord avant qu’il ne soit dans la zone de mouillage, là où ils font le transbordement. C’est ce que certains navires ne font pas. Par conséquent, ils vont maintenir cette eau jusqu’à niveau de la zone de mouillage et transbordement. Lorsqu’ils mettent la bauxite dans ces navires, ils se libèrent maintenant de cette eau et ça se trouve qu’ils ont mis des produits chimiques pour le nettoyage. C’est cette eau libérée qui contamine les pêcheurs. C’est quelque chose qui est connu aujourd’hui par nos autorités. C’est seulement des dispositions à prendre », regrette-t-il.

Par ailleurs, M. Kallo craint une rupture de poissons au marché local. « Nous voyons que c’est notre activité qui sera paralysée parce que l’année passée, on avait interdit à certaines embarcations de ne pas débarquer leurs poissons pour que ça soit analyser. Et d’autres avaient eu peur de sortir en mer pour ne pas contracter ses brûlures. Comme ça recommence, les pêcheurs vont avoir peur de sortir en mer. Et c’est l’activité qui sera au ralenti », a-t-il dit.

Par contre, le Secrétaire Chargé des Affaires Extérieures, Communication et Information de la Fédération des Pêcheurs, Artisans de Guinée dit s’attendre à d’autres victimes.

« Il faut s’attendre à d’autres victimes, parce qu’il y a des embarcations qui sont en mer dans cette zone. Si l’État ne se lève pas à temps pour prendre des dispositions pour qu’on puisse comprendre à l’heure actuelle quelle est la position de la nappe d’eau contaminée, quelle direction cette nappe d’eau est en train de prendre, il faut s’attendre à d’autres victimes », a indiqué M. Kallo.

La victime la plus grave a reçu une délégation du ministre de la santé et de l’Hygiène Publique, Dr Oumar Diouhé Bah, en compagnie de Mme Fatima Camara, Ministre de la Pêche et de l’Économie Maritime ce mercredi, 20 mars 2024, à l’hôpital Donka.

Boubacar Diallo pour Guineematin.com

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