Conakry : Ousmane Camara et Mamadou Diallo risquent 8 ans d’emprisonnement pour vol à main armée

Image d'archive

Le procès pour vol à main armée et viol de Mamadou Diallo et Ousmane Camara s’est ouvert vendredi, 17 mai 2024, au tribunal criminel de Mafanco. A la barre, les deux accusés ont plaidé non coupables, alors que le parquet se dit convaincu de leurs responsabilités dans ce dossier criminel. D’ailleurs, dans ses réquisitions, le procureur a requis leur condamnation à 8 ans de réclusion criminelle pour les faits de vol à main armée, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Ousmane Camara et Mamadou Diallo, détenus à la maison centrale depuis le 20 février 2018, ont eu l’occasion de s’expliquer dans cette affaire. Ils sont jugés pour vol à main armée. Pour le cas de viol, portant sur un garçon de 13 ans au moment des faits, c’est seulement Mamadou Diallo qui est poursuivi.

Dans sa déposition, l’accusé Ousmane Camara a rejeté en bloc les faits de vol à main armée articulés contre lui. « Moi, je partais chez mon ami pour passer la nuit.  Il était 22 heures. J’étais seul. On m’a arrêté au quartier T5. J’ai acheté quelques choses, je cherchais à m’embarquer pour aller chez mon ami pour passer la nuit. C’est là que les gens sont venus m’indexer pour dire, voilà, il fait partie du groupe. Ils m’ont interpellé et conduit aussitôt à la gendarmerie. Le prétendu vol à main armée est commis au quartier Entag, moi je travaille à Sonfonia, et on m’a arrêté à la T5. Je n’ai jamais détenu une arme et on ne m’a pas arrêté avec une arme. Depuis la gendarmerie. je leur ai dit que moi, je ne connais rien dans cette affaire », a déclaré Ousmane Camara.

Le second accusé, Mamadou Diallo, conducteur de taxi moto, poursuivi pour vol à main armée et  viol sur un petit garçon de 13 ans, a également nié les faits mis à sa charge. « Je suis un conducteur de taxi. Quand j’ai fini de travailler, je suis allé m’assoir dans un restaurant. Dans le restaurant, un certain Kaba est venu me trouver. On suivait la même fille. Il m’a dit que si je ne quitte pas dernier cette fille, il va me faire du mal. Il y a eu une dispute entre nous. Ses amis qui étaient là-bas, sont allés envoyer les agents de brigade anti criminalité (BAC). On m’a mis aux arrêts.  On m’a conduit à la gendarmerie. A la gendarmerie, j’ai trouvé un certain Sayon. Les agents ont tout fait pour que je dise que l’arme nous appartient avec ce Sayon.  Mais ils ne nous ont pas montré l’arme dont ils parlaient. Je n’ai pas vu cette arme… En 2014, on m’a interpellé pour des faits de vol à mains armée.  J’ai été acquitté à la barre de Mafanco ici.  Parce qu’ils n’ont pas trouvé de preuves.  Mais c’est le destin.  Sinon pour les deux interpellations, je ne sais rien. Pour le cas de viol aussi,  je n’en sais rien. Je n’ai jamais violé quelqu’un », a dit l’accusé Mamadou Diallo.

Après cette déposition, le jeune AB, victime du viol présumé, est venu à la barre pour expliquer ce qui lui est arrivé. « Les faits se sont déroulés derrière l’usine de Entag où se trouve un lieu de loisirs. En ce moment, j’avais 13 ans et je faisais la 7ème année. Le papa de Mamadou Diallo était le gardien à l’usine. J’étais venu avec des enfants de même âge que  moi apprendre le vélo. C’est là-bas que Mamadou Diallo m’a appelé. Il m’a dit de venir derrière un bâtiment afin de l’aider à transporter un bagage. Quand je suis venu, il m’a dit d’enlever ma chemise et ma culotte. J’ai enlevé. Aussitôt, lui aussi il s’est déshabillé. Il m’a menacé avec une arme blanche. Il m’a imposé de coucher avec lui. Je me suis couché et il m’a abusé sexuellement jusqu’à ce qu’il a éjaculé. Son sexe était imbibé de sang, de sperme, et de selles. Cela m’a travaillé dans la tête. J’étais traumatisé. Je suis resté tout le temps angoissé, stressé, voir tout le temps malade. Je n’ai pas voulu expliquer ça à ma mère. J’avais honte. Je n’ai pas pu m’asseoir correctement pendant plusieurs mois. Ce traumatisme me suit. Je souffre de ces douleurs….Et c’est lui qui m’a violé.  Je demande à ce que justice soit faite. C’est lui-même qui m’a violé à Entag.  Je réclame 5 millions de francs guinéens.  J’ai toujours le traumatisme et les mauvais souvenirs qui persistent », a-t-il expliqué.

Après cette déposition de la partie civile,  l’accusé  Mamadou  Diallo est revenu à la barre pour tout nier. « Je n’ai jamais habité à Entag. Ma famille n’a pas vécu à Entag. Moi, j’ai habité à Comboyah, dans Kissosso. Mon père est décédé depuis que je suis enfant. Moi, je n’ai même pas connu mon père. C’est sa photo qu’on m’a montré…», a-t-il lancé.

Prenant la parole pour ses réquisitions, le ministère public va demander au tribunal de retenir les deux accusés dans les liens de la prévention en les condamnant à 8 ans de réclusion criminelle. « C’est un procès pathétique, à entendre la partie civile. Mais, nous sommes là pour la manifestation de la vérité. Mamadou Diallo, accompagné de Ousmane Camara, sont poursuivis pour des faits de vol à main armée. Ils ont été arrêtés avec une arme à feu. Et dans la même procédure, Mamadou Diallo a été poursuivi par A.B. pour des faits de viol. C’est un individu reconnu dans son quartier comme un malfaiteur,  qui sème la terreur. Donc,  le ministère public requiert qu’il vous plaise de retenir les deux dans les liens de la prévention de vol à main armée. Pour le cas de viol reproché à Mamadou Diallo, c’est pathétique.  Mais la seule chose que nous pouvons faire en tant que magistrat,  c’est l’application de la loi. Les humeurs des personnes, les préjugés, ne doivent pas emporter le magistrat. Monsieur AB se dit être victime d’agression sexuelle.  Il faut des éléments probants qui peuvent démontrer qu’il a subi ces atrocités. Mais là,  en tant que ministère public, je suis perdu,  j’ai du mal à établir les faits. Nous respectons les déclarations de la victime. Mais nous, nous  avons besoin des actes matériels qui peuvent établir les faits. Nous avons du mal à établir que AB a été violé. On n’a aucun rapport établi par un médecin légiste. En conséquence, nous requérons qu’il vous plaise de retenir  Ousmane Camara  et Mamadou  Diallo pour des faits vol à mains armée. Pour la répression vous les condamnerez à 8 ans de réclusion criminelle. Pour les faits de viol reprochés uniquement à Mamadou Diallo, nous vous demandons de le renvoyer des fins de la poursuite au bénéfice du doute », a requis le procureur.

De son côté, la défense, par la voix de maître Oularé, va demander l’acquittement de ses clients au bénéfice du doute.  « L’ordonnance  de renvoi est truffée d’incohérences.  Aucune arme n’a été saisie sur eux.  L’arme qui est déférée au tribunal, le juge d’instruction dit qu’elle appartient à un certain Koto. Il y a un sérieux doute par rapport à l’imputabilité de cette infraction. En matière pénale, le doute profite à l’accusé. Partant de ce doute notoire et les débats faits à la barre,  vous constaterez qu’il y a une insuffisance notoire de preuves. Nous vous demandons d’acquitter Ousmane Camara et Mamadou Diallo au bénéfice du doute. Pour le cas de viol, j’en fais miennes les réquisitions du procureur »,  a plaidé maître Oularé.

Le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 31 mai 2024.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com 

Tel : 620 589 527/664 413 227

Facebook Comments Box