Ourékaba (Mamou) : des populations impactées par l’exploitation minière interpellent le gouvernement

Les communautés impactées par l’exploitation minière et leurs partenaires ne baissent pas les bras dans la lutte pour l’amélioration de leurs conditions de vie. C’est dans cette dynamique que le plaidoyer pour l’adoption du référentiel national en matière de compensation, d’indemnisation et de réinstallation des communautés impactées se poursuit. Après la Basse Côte, c’est la préfecture de Mamou qui accueille la mission. Ce sont les communautés des sous-préfectures  de Ourékaba et de Soyah qui ont organisé une cérémonie de plaidoyer dans ce sens ce week-end. La maison des jeunes  de Ourékaba, à 70 kilomètres de la commune urbaine, a servi de cadre à la rencontre de très nombreux acteurs, rapporte le correspondant de Guineematin.com basé dans la préfecture.

Lancé en 2017 sur initiative du Ministère des Mines et de la Géologie pour doter le pays d’un document de référence en matière de compensation, d’indemnisation et de réinstallation des communautés impactées par les projets de développement, ce document référentiel national peine à être adopté et mis en application. C’est pour inverser cette tendance que les plaidoyers se multiplient.

A la maison des jeunes de Ourékaba, devant les autorités locales et administratives, les communautés ont invité le gouvernement à signer le référentiel national de compensation des zones impactées avec des slogans évocateurs : « je suis une femme, j’ai droit à la compensation », « adopter le référentiel, c’est  garantir nos droits », « adopter ce référentiel, c’est lutter contre la précarité », ou encore, « nos terres, nos mères ».

Mamadou Dioudia Sow, coordinateur du comité de suivi des impactés de Mamou

Mamadou Dioudia Sow, leader communautaire et coordinateur du comité  de suivi et évaluation des impactés de Mamou, plaide pour la protection des droits fondamentaux des populations impactées ou déplacées. « Voyant les différents résultats sur les populations impactées sur le terrain, nous avons décidé  unanimement d’organiser cette rencontre pour interpeller le gouvernement. Il y a des hauts et des bas. Ce projet, lancé par le gouvernement guinéen, nous impacte vraiment. Sur le passage du chemin  de fer, nous avons enregistré beaucoup de dégâts qui sont entre autres, d’abord la mauvaise  compensation des différentes communautés impactées ou touchées. Sur les différents axes, il y des débordements. Ils prennent  jusqu’au  50 mètres  au lieu de 30 mètres. Il y a aussi des bouts de nis bas-fonds, non compensés. Les marigots, nos cours d’eaux sont complètement  détruits. Aucun forage n’est réalisé  dans nos localités. Nos animaux  subissent  aussi. En un mot, la faune et la flore  sont complètement détruites. Nous invitons  les acteurs  impliqués de nous aider, de nous accompagner pour adopter ce document référentiel pour le bien être  de nos citoyens. Nous n’avons plus de terres à cultiver, plus de pâturages pour nos animaux. Comment nous allons nous justifier devant nos enfants ? Nous invitons le gouvernement  d’adopter  ce référentiel auprès du conseil national de la transition », a déclaré  monsieur Sow.

Mme Fatoumata Camara, porte parole des femmes impactées de Soyah et Ouré Kaba

Pour sa part, Fatoumata Camara, porte-parole des femmes de Ourékaba, a interpellé l’État sur les difficultés auxquelles les communautés sont confrontées. « Nous n’avons pas autre activité, sauf faire l’agriculture et quelquefois l’élevage. Maintenant, ce projet a négativement affecté nos terres. Aujourd’hui, les marigots ou les rivières  qui nous servaient ont tous taris. Nous parcourons des kilomètres pour obtenir l’eau.  Et cette terre que  nos ancêtres nous ont légués, nous l’aimons très profondément. Avant, on cultivait  l’arachide, le fonio voire le riz. Maintenant, néant. Nous invitons l’État guinéen à nous aider. Pendant la saison sèche, tout le monde est  malade sous l’effet de la poussière et de la chaleur. Nous souffrons franchement. Et nous souhaitons  que  le gouvernement ait pitié de nous », a-t-elle plaidé.

Ibrahima Sory Baldé, sous préfet de Ouré kaba

De son côté, Ibrahima Sory Baldé, le sous-préfet de Ouré Kaba, a sollicité auprès du  gouvernement l’adoption du référentiel national pour le bonheur  des populations  impactées. « Ma réaction, c’est d’abord  remercier le président de la République, le chef de l’État et son gouvernement, et exprimer ma profonde gratitude à l’endroit du président pour cette initiative visant à améliorer les conditions de vie des communautés impactées car les enquêtes menées ont montré quelques souffrances que ces citoyens impactés subissent.  Aujourd’hui, c’est des doléances que nous posons à l’endroit du gouvernement pour que ce référentiel soit adopté auprès du  Conseil national de la transition pour le bonheur des populations. Les conséquences sont  nombreuses. Non seulement  beaucoup de localités  n’ont  pas où trouver de l’eau, mais aussi et  surtout où faire l’agriculture comme d’habitude. Donc, c’est une prière  et une doléance que nous formulons  auprès  du gouvernement, auprès du président de la  République pour que ce document référentiel soit adopté  et appliqué. Nous osons espérer que si cela est fait, les populations seront très heureuses », a lancé le sous-préfet de Ouré Kaba.

De retour de Ouré kaba  Boubacar Ramadan Barry pour Guineematin.com. 

Tel: 625 69 89 19/657343939

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