L’occupation anarchique des arrêts de bus est un phénomène qui prend de l’ampleur dans la capitale guinéenne. Il suffit de faire un tour dans la cité, pour s’en convaincre. Ces lieux sont transformés en marchés ou chacun vient vendre ses marchandises. Dès l’arrivée de Soriba Sorel Camara au gouvernorat de Conakry, il avait fait du déguerpissement sur les emprises des voies parmi ses défis prioritaires.
Malheureusement, ce défi est loin d’être relevé. Certains observateurs disent d’ailleurs que les quelques tentatives enregistrées dans la lutte contre l’occupation anarchique des artères de la capitale, n’ont été qu’un feu de paille.
De nos jours, au niveau des arrêts de bus de Dixinn, en passant par Kaloum, précisément au port autonome de Conakry, le constat est palpable. Ces différents arrêts destinés pour accueillir des passagers sont transformés en lieux de vente de toutes sortes d’objet d’art et autres marchandises au vu et au su des autorités compétentes.
Aminata Bah, une vendeuse de galettes interrogée par notre reporter du côté de Dixinn, a indiqué, parlant de cet arrêt bus que : « c’est un lieu de vente qui est bien reconnu par des gens depuis des années. C’est pourquoi nous vendons. Nous occupons cette place depuis le temps du président Lansana Conté. Avant on était en rapport avec les autorités communales, parce qu’on payait les impôts du marché dans les plaques à 500 gf comme ceux du grand marché. C’est pourquoi nous n’avons pas de crainte pour ça. Mais ces derniers temps, avec l’avènement du nouveau régime d’Alpha Condé, on ne paye presque pas, tout simplement parce qu’ils ne viennent pas pour réclamer. »
Pour savoir s’ils ont d’autres lieux de vente à part l’arrêt bus, elle dira ceci : « Nous vendons ici parce que c’est ici que nous gagnons beaucoup de clients, bien qu’il y ait de la place dans le marché, mais s’il n’y a pas de clients, ce n’est pas important de rester», a-t-elle souligné.
A l’arrêt de bus du Port Autonome de Conakry, le constat est le même. Même si les vendeuses qui étaient présentes sur les lieux ont refusé de se prêter aux questions de notre reporter, de peur sans doute d’être déguerpis le lendemain.
Visiblement déçu, un passager affirme « Actuellement on ne peut pas se mouvoir tellement que les arrêts de bus sont aujourd’hui transformés en lieu de vente des marchandises. Sinon, ils ont fait ces hangars pour se reposer, mais aussi nous mettre à l’abri du soleil et de la pluie. Les autorités, surtout le ministère des Transports et le gouvernorat doivent revoir leur stratégie, afin d’aider au bon déroulement de cette opération»
Pourtant il ya certains responsables de la direction communale, du gouvernorat et des mairies qui disaient que cet encombrement des emprises serait à la base de l’insécurité. Car, selon ces responsables, dès que l’emprise est libre, tout va rentrer dans l’ordre. Et que si ces emprises sont encore transformées en marché, à quoi les citoyens vont-t-ils s’attendre ? Parce qu’à Madina, une fois à l’arrêt de bus, des citoyens se font voler leurs biens par des voleurs à la tire.
Yacine Sylla pour Guineematin.com
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