Guinée: les interdits alimentaires traditionnels, une autre problématique de la santé

Dr NamanL’Alliance Femmes et Médias (AFEM) en collaboration avec les partenaires de Terre des Hommes et UNICEF, avec l’appui à la mobilisation de la société civile pour le renforcement de la nutrition en Guinée, vient de lancer un projet sur le plaidoyer des médias guinéens pour la nutrition avec le thème ‘’des interdits alimentaires traditionnels : quel impact sur la nutrition des femmes enceintes ?’’

Après quelques semaines d’enquête sur le terrain, il a été relevé que les interdits alimentaires traditionnels chez les femmes enceintes n’existent pas. Mais, il existe un certains nombres de groupes d’aliments que les femmes enceintes doivent respecter.

De part et d’autre, des spécialistes ont précisé que ce sont ces tabous d’aliments qu’il faut éviter. Nous avons approché deux spécialistes en santé nutritionnelle. Il s’agit du chef de Division nutrition du ministère de la Santé, Mamady Daffé et le responsable du projet d’Appui à la mobilisation de la société civile pour le renforcement de la nutrition en Guinée (Scaling Up Nutrition-MPTF) à Terre des hommes, Dr. Naman Camara.

Sur ce sujet, Mamady Daffé a levé l’équivoque en précisant tout d’abord que : « L’impact chez les femmes est en train d’évoluer avec les enfants. La femme doit avoir beaucoup plus de protéines,  d’éléments minéraux pour protéger son enfant, contre non seulement l’insuffisance pondérant et même les malformations congénitales. Pour cela, elle a besoin des trois groupes d’aliments qui sont les aliments de construction, les aliments énergétiques et les aliments de protection en quantité suffisante. Mais, dans nos traditions, quand une femme prépare son repas, la partie la plus riche est donnée à l’homme, alors que les besoins chez la femme enceinte et chez l’enfant est plus accentué que l’homme», a-t-il dit.

Egalement, monsieur Mamady Daffé a ajouté que : « pour le développement d’un enfant ou d’une femme enceinte,  les besoins sont plus grands  du point de vu quantité, mais aussi du point de vu de la qualité. Donc, ces femmes enceintes et leurs enfants ont besoin des aliments riches.»

Selon le chef de Division nutrition du ministère de la Santé, en Guinée, les interdits alimentaires varient d’une région à une autre région. « Quand vous partez en forêt, l’interdit qui est là-bas pour les femmes enceintes et pour les enfants peuvent être différents de ce qui existe  en Basse Côte, Moyenne Guinée, voire la Haute Guinée. Donc, nous sommes en train de faire les enquêtes pour savoir réellement ce qui fait que ces interdits existent pour qu’on puisse élaborer des messages conséquents pour lutter contre ces mauvaises pratiques»,  a précisé monsieur Mamady Daffé.

Mais, pourquoi ces interdits alimentaires ? Ce spécialiste ignore les raisons : « Je ne peux pas dire pourquoi on le fait. Mais, je pense que c’est de la tradition. Ce sont des pratiques encrées dans nos sociétés traditionnelles et qu’on est en train d’essayer de combattre. Il faut savoir qu’il y a de bonnes et de mauvaises traditions. Maintenant, il faut conserver celles qui sont bonnes et essayer de combattre d’une manière diplomatique celles qui sont mauvaises »,  estime-t-il.

Comme solution, Mamady Daffé a estime qu’il faut nécessairement qu’on donne de l’importance à l’alimentation de la femme enceinte, mais aussi celle qui sont avancées dans la grossesse en leur donnant des aliments très nutritifs comme la viande, les aliments végétaux qui sont très riches en protéine et en vitamine. Aussi et surtout les fruits et les légumes qui sont les aliments protecteurs. C’est pour avoir des femmes et des enfants sains au niveau de nos populations et surtout au moment de l’accouchement.

Pour le bien être des femmes enceintes, il conseille d’aller dans les structures de santé pour recevoir des conseils et d’appliquer ces conseille qui vont dans le cadre non seulement de leur alimentation et aussi de l’enfant qu’elle porte.

Sur la même question, le chef des projets au ministère de la Santé affirme que  ce sont des choses qui sont tabous, sinon, d’après lui, les aliments locaux sont nécessaires pour le bien être de la femme enceinte.

 

Pour sa part, Dr. Naman Camara, a expliqué qu’il est recommandé à une femme enceinte de manger normalement tout ce qu’elle a envi de manger comme aliments en quantité et en qualité. En plus d’éviter de manger beaucoup de sel, ça lui fait une rétention d’urine et ça lui provoque plus souvent une hypertension qui peut être une complication à l’accouchement, rappelle-t-il. Mais, ce qui est recommandé, c’est de le manger si c’est préparé ou si c’est des sels iodés. « On interdit le sel à cause du risque que ça peut engendrer au niveau de l’accouchement, mais si la femme consomme le sel avec modération en utilisant surtout le sel iodé. C’est bon pour son état de santé et pour son futur bébé, car l’iode est essentiel pour la prévention des goitres. Les interdits alimentaires n’existent pas, mais par rapport aux aliments qu’on interdisait que nous appelons des tabous,  jusqu’à présent il y a certaines croyances qui existent en faveur», a-t-il indiqué.

Foulé Sylla, mère de famille soutient qu’il n’y a pas d’aliments traditionnels interdits à la femme enceinte et s’il existait, ils seront néfastes pour la santé et le bien-être de la femme et de l’enfant. « J’ai deux enfants aujourd’hui et qui sont en bonne santé.  Vous savez, nous avons des valeurs pour les femmes enceintes. Parfois, on nous recommande de consommer des feuilles de certaines plantes pour lutter  contre l’excès de sel ou le sucre. Mon premier geste, je l’ai fait chez moi et sans problème avec l’assistance d’une vieille du quartier», confie-t-elle.

Qu’à cela ne tienne, Dr. Naman Camara fait des recommandations aux femmes enceintes, notamment de se rapprocher toujours aux professionnels de santé pour des conseils, de manger en quantité et en qualité tous les aliments dont elles ont besoin, de manger au  minium trois fois par jour et manger des aliments variés et riches pour une alimentation équilibre. « C’est vrai que notre population a ses coutumes et ses mœurs, mais il est nécessaire de laisser les mauvaises pratiques alimentaires car cela est fondamental pour le développement harmonieux de notre nation la Guinée », a-t-il expliqué.

Yacine Sylla pour Guineematin.com

Tel : (+224) 628 71 71 56

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