Violences faites aux enfants : religieux et communicateurs traditionnels en conclave

Pour lutter contre les pratiques néfastes sur les enfants en Guinée, un forum s’est tenu hier, mercredi 27 juin 2018, à Conakry. Organisée par la COLTE/CDE en collaboration avec le secrétariat général des affaires relieuses, avec l’appui technique et financier de Save the Children International basé à Dakar, la rencontre vise à impliquer les leaders religieux et les communicateurs traditionnels dans le combat contre les violences dont sont victimes les enfants dans notre pays.

Ce forum s’est tenu au centre islamique de Donka. Il a réuni des leaders religieux et des communicateurs traditionnels qui sont des couches très écoutées par les communautés. L’objectif est de les emmener à s’impliquer dans la sensibilisation pour l’abandon des pratiques néfastes sur la santé physique et morale des enfants. Des pratiques qui sont entre autres : les punitions corporelles, les mutilations génitales féminines, l’excision et le mariage précoce.

Ibrahima Ly

« Ce forum a pour but d’associer, d’impliquer et de mettre en avant les leaders religieux chrétiens et musulmans, les communicateurs traditionnels afin qu’ils nous aident à lutter contre les violences comme les MGF, les punitions corporelles, et toutes autres formes de violence dont l’enfant subit. Nous nous sommes dit que si nous n’avons pas les leaders religieux, on ne peut pas arriver à notre fin. Parce que c’est des gens qui sont écoutés dans la communauté, qui ont une certaine influence. Nous pensons que s’ils parlent, les autres vont pouvoir suivre ce qu’ils disent parce qu’ils sont investis d’un pouvoir public », a indiqué le chargé de communication pour le changement de comportement de Save the Children International basé à Dakar, Ibrahima Ly.

Selon lui, ce forum n’est que le début d’un processus qui va s’étendre aussi à l’intérieur du pays pour pouvoir toucher le maximum de personnes : « On va descendre à l’intérieur du pays pour aussi porter le message. Ça ne va pas uniquement s’arrêter ici sinon ça sera une peine perdue, car la Guinée ne s’arrête pas seulement à Conakry » a-t-il souligné.

Parlant des attentes de cette initiative, Ibrahima Ly soutient qu’ils attendent à ce que «les leaders religieux, les communicateurs traditionnels qui ont participé au forum fassent des sermons si c’est à la Mosquée, ou aussi des prêches si c’est à l’Eglise. Ceci permettra aux fidèles de comprendre que les maltraitances dont l’enfant subit ne sont pas normales. Et qu’on doit veiller à ce que l’enfant soit protégé et qu’il garde toute son intégrité physique et morale pour son épanouissement futur ».

Aboubacar Sidiki Nabé

De son côté, Aboubacar Sidiki Nabé, directeur général adjoint du bureau de stratégie et de développement au secrétariat général des affaires religieuses, a souligné que les messages doivent être passés dans les mosquées au cours des sermons, les baptêmes et les homélies dans les églises. C’est de cette façon, dit-il, que les leaders religieux peuvent s’impliquer pour la préservation des droits des enfants contre la punition, l’excision, l’exploitation même des enfants.

Monsieur Nabé a fait savoir que ce processus visant à emmener la communauté à changer de comportement, est une dynamique de longue haleine. « Si avant nos grands-parents pratiquaient certaines pratiques, aujourd’hui, avec la technologie et surtout le développement de la médecine, on se rend compte que certaines pratiques comme l’excision nuisent à la santé de la femme. Donc, à l’issue de ce forum, nous allons continuer à sensibiliser la communauté, les fidèles religieux musulmans et chrétiens pour que nous puissions changer le comportement pour le bien-être des communautés », a promis le responsable religieux.

A l’issue de ce forum, les participants ont défini un certain nombre de stratégies de lutte contre ces pratiques néfastes. Il s’agit de l’implication des leaders religieux à travers l’organisation de conférences religieuses ; de caravanes de sensibilisation bibliques et islamiques ; l’engagement communautaire et des acteurs sociaux dans les actions de prévention à travers la scolarisation des jeunes filles ; la création des activités génératrices de revenus ainsi que le témoignage douloureux des victimes de ces pratiques néfastes comme moyens de dissuasion.

Au terme des travaux, les recommandations ci-après ont été élaborées par les participants: vulgariser les textes de loi et des principes religieux sur les pratiques néfastes en vue de leur meilleure appropriation par les communautés ; renforcer la sensibilisation des communautés sur l’impact négatif de ses pratiques dont sont victimes les enfants, les femmes et filles comme les mutilations génitales féminines, les châtiments corporels, les mariages d’enfants, à travers les prêches, les sermons dans les lieux de cultes musulmans et chrétiens.

Enfin, les leaders religieux ont lancé un appel aux différentes entités et composantes de la communauté guinéenne, à prendre conscience des inconvénients des pratiques traditionnelles néfastes et à accepter le changement de comportement à travers l’abandon des pratiques qui nuisent à la santé de l’être humain.

Saidou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 654 416 922/664 413 227

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