Mariée et mère de trois enfants, Aminata Camara était hier, mercredi 08 décembre 2021, à la barre du tribunal correctionnel de Dixinn. Cette jeune femme était poursuivie devant cette juridiction de première instance pour « escroquerie ». Elle y a été trimbalée par son copain (Stéphane Sagno, comptable) à qui elle a soutiré de l’argent, en lui faisant croire qu’elle a accouché d’un petit garçon dont il est le père. La prévenue a reconnu les faits mis à sa charge et le tribunal l’a condamnée à un an de prison dont six mois assortis de sursis, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.
C’est une histoire à dormir débout et qui, par moment, a bien fait marrer le petit public qui était dans la salle d’audience. Pour avoir de l’argent, Aminata Camara est allée jusqu’à inventer un enfant et l’attribuer à son copain. Sauf que cet enfant n’a jamais existé. Et, le but de la manœuvre de la jeune femme était de soutirer le maximum d’argent à son amant qui se croyait déjà père. Le pauvre croyait de toutes ses forces à cette histoire d’enfant, d’autant plus qu’un bébé lui avait été présenté. Malheureusement, c’était un leurre. Et, c’est à ses dépens qu’il l’a constaté, après avoir subi une saignée financière.
« On s’est connu depuis 2019 lorsqu’elle (Aminata Camara) était venue faire son commerce à Conakry. Elle prenait des marchandises à Kamsar pour venir les revendre à Conakry. Après notre connaissance, elle est rentrée à Kamsar. À son retour, elle a fait 4 mois ici à la Belle Vue. Pendant tout ce temps, on sortait ensemble. Un jour, elle m’a dit qu’elle est malade. Je suis allé voir un médecin dans notre quartier pour venir la consulter. Après examen, le médecin m’a dit qu’elle a le palu et en plus qu’elle était enceinte. J’ai dit d’accord, j’ai donné de l’argent pour ses soins. Elle est repartie à Kamsar et elle est revenue faire 3 mois avec moi. Entretemps, elle m’a dit que son commerce ne marchait pas bien, de lui donner de l’argent pour qu’elle se relance. Je lui ai donné 5 millions pour ça. Pendant ce temps, on couchait ensemble et j’ai bien constaté son ventre qui poussait progressivement. Elle s’est retirée encore pour Kamsar. Quand elle a accouché là-bas, sa mère et ses frères m’ont tous appelé pour m’informer de la naissance de mon enfant. Je me suis même déplacé pour aller voir le bébé à Kamsar. L’enfant était un garçon. J’ai fait des photos. Une semaine après mon arrivée à Conakry, elle est venue aussi. Quand je l’ai demandé après l’enfant, elle m’a dit qu’elle l’a laissé avec sa maman. Chaque fin de mois, pendant 6 mois, je lui envoyais 500 ou 400 mille francs comme dépense pour l’enfant. À chaque fois, quand je demande après l’enfant, Aminata me dit qu’il va bien et il se trouve avec sa grand-mère. Quand elle a accouché, son oncle m’a demandé de l’épouser. J’ai dit : non, ce n’est pas ce qu’on s’était dit. Pour moi, comme j’ai refusé de l’épouser, c’est la raison pour laquelle ils ont détourné l’enfant. Pourtant, à la gendarmerie, sa mère avait reconnu que c’est mon enfant et elle avait promis au commandant, au téléphone, qu’elle allait ramener mon enfant pour ne pas que sa fille soit déférée au tribunal. C’est parce qu’elle n’a pas respecté son engagement qu’on nous a déférés ici », a expliqué Stéphane Sagno devant le tribunal.
Appelée à la barre, Aminata Camara a corroboré les propos du plaignant et elle est passée sans ambages aux aveux.
« Je sortais avec cet homme, on s’aimait tous les deux. Quand j’avais besoin d’argent, il me le donnait. Et, en retour, moi aussi je couchais avec lui. Nous sommes restés comme. Un jour, je lui ai dit que je suis malade. Il a fait venir un médecin du quartier qui, après consultation, a révélé que je souffre du paludisme. On m’a prescrit une perfusion à sa charge. Quelques jours après ça, le médecin lui a fait savoir que je suis enceinte. C’est après quoi je me suis rendue chez nous à Kamsar. Quelques mois après, je l’ai appelé pour dire que j’ai accouché. Quand il est arrivé, je suis allée négocier le bébé d’une amie qui est voisine du nom de Mabinty Soumah pour tromper la vigilance de Stéphane avec ça. J’ai mon mari et mes 3 enfants à Kamsar. Mon troisième enfant a deux mois. Mais, sérieusement, aucun de ces enfants n’appartienne à Stéphane. Je les ai tous fait pour mon mari », a déclaré Aminata Camara sous les rires moqueurs de l’assistance.
Dans ses réquisitions, le procureur a demandé au tribunal de retenir la prévenue dans les liens de la prévention. Et, pour la répression, il a requis 3 ans de prison assortie de sursis. Mais, dans sa délibération, le tribunal a déclaré Aminata Camara coupable de délit d’escroquerie. Et, il l’a condamnée à un an de prison dont 6 mois assortis de sursis.
Malick Diakité pour Guineematin.com
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