Loyer cher : les propositions de l’activiste Baïlo Barry pour résoudre le problème

Bailo Barry, Directeur Exécutif de l'ONG Destin en Main

Avoir un logement décent est devenu l’une des principales préoccupations en Guinée, particulièrement à Conakry. L’offre est largement inférieure à la demande, et le peu qui existe est le plus souvent inabordable pour les citoyens à faible revenu (qui sont de loin les plus nombreux). Une situation qui attire l’attention de Mamadou Baïlo Barry, directeur exécutif de l’ONG « Destin en Main ». Dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com, l’activiste de la société civile a décrit un constat alarmant dans ce domaine.

« Aujourd’hui, nous constatons qu’au fur et à mesure, les loyers deviennent très chers. Nous avons des bâtiments vides qui ne sont pas occupés, nous avons de l’autre côté des propriétaires de maisons qui fixent les prix dans l’anarchie totale. Nous avons également des personnes non organisées, qu’on appelle démarcheurs chez nous, qui jouent le rôle d’intermédiaire entre les bailleurs et les locataires. Ils essaient quelques fois de convaincre les propriétaires de maisons d’augmenter le loyer, tout simplement parce qu’ils sont rémunérés à la hauteur du prix d’un mois de loyer chaque fois qu’ils aident quelqu’un à mettre sa maison en location.

Donc, c’est dans leur intérêt que le prix du loyer soit élevé. L’autre facteur qui est très gênant, c’est qu’on te demande parfois de payer le loyer en dollar ou on te dit de payer une avance d’un an ou deux ans. Même pour une seule chambre avec une toilette, tu ne peux pas l’avoir à moins de 500 000 francs, parfois 1 000 000 de francs guinéens. Alors que les gens sont mal payés, le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) est de 440 000 francs guinéens. Donc, on ne peut pas sortir avec ça », a-t-il regretté.

Il y a quelques années, plusieurs activistes de la société civile guinéenne,  Mamadou Baïlo Barry, s’étaient réunis au sein d’un collectif pour protester contre le loyer cher en Guinée. Ils étaient partis manifester devant l’Assemblée nationale pour demander aux députés de voter une loi permettant de réglementer le secteur. Malheureusement, la démarche n’avait pas abouti au résultat escompté. Avec le changement de régime survenu à la faveur du coup d’Etat du 5 septembre 2021, le directeur exécutif de l’ONG « Destin en Main » souhaite que les nouvelles autorités se penchent sérieusement sur cette question.

« Il faut que la prochaine législature qui sera là pense à la réglementation du loyer, qu’on essaie de voter une loi dans ce sens. Il faut que l’Etat s’implique pour fixer des règles pour que les prix soient raisonnables et qu’ils soient plafonnés selon les zones. Par exemple, une maison à Kipé ne peut pas avoir le même prix qu’une maison qui se trouve en haute banlieue. Il faut aussi fixer des règles pour qu’on ne demande plus des avances élevées, que l’avance soit fixée à un mois et la caution à deux mois, ce qui fait en tout trois mois.

Il faut aussi qu’on interdise carrément de faire payer le loyer en devise. L’Etat doit également essayer de recenser tous les bâtiments non habités pour qu’ils payent des taxes. Il y a beaucoup de maisons vides qui sont fermées, dont les propriétaires ne mettent pas en location tout simplement parce qu’ils ne payent pas de taxes. Si cela est fait, ça peut les pousser à mettre ces maisons en location. Et cela va permettre de réduire la crise de logements à Conakry. De l’autre côté, il faut que les autorités pensent aux logements sociaux », propose M. Barry.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel : 620 589 527/664 413 227 

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