Elevage : le secteur avicole local durement touché par la mévente

En pleine expansion depuis quelques années, le secteur avicole guinéen est devenu le domaine de refuge de plusieurs jeunes entrepreneurs. Mais, actuellement, ce secteur pourvoyeur d’emplois fait face à de grandes difficultés. Il serait surtout confronté à une « concurrence déloyale » acharnée liée à l’importation d’œufs et de poulets congelés. Une importation qui se fait à coup de « fausses factures » au détriment de l’Etat guinéen et des aviculteurs locaux. Des aviculteurs aujourd’hui frappés par la mévente à cause des prix pratiqués sur le marché local par les importateurs d’œufs et de poulets congelés.

Dans un entretien accordé récemment à Guineematin.com, le vice-président de l’association nationale des producteurs de viande de volaille, Alhousseiny Diallo, a dénoncé cette « mauvaise foi » des importateurs.

Alhousseiny Diallo, vice-président de l’association nationale des producteurs de viande de volaille

« Que ce soit les œufs ou les poulets congelés, nous avons des difficultés à les écouler sur le marché. Au niveau de l’importation, ce n’est pas la facture à l’origine qui est déclarée à la douane. Un conteneur qui est acheté à 31 000 dollars (par exemple) est déclaré ici à la douane à 7 800 ou 7 900 dollars. C’est ce qui fait qu’ils payent quelque chose de 48 000 000 de francs guinéens au lieu de 180 et quelques millions de francs à l’Etat. C’est pourquoi les aviculteurs locaux ne peuvent pas concurrencer ces importateurs sur le terrain ; parce qu’eux, ils sous-facturent la facture réelle, et de mauvaise foi. Parce que tout le monde sait que c’est la facture déclarée qui est prise en compte au niveau de la douane. Avec cette situation, non seulement l’Etat perd des sommes importantes d’argent dans leur importation ; mais aussi, ça augmente le chômage dans le pays. A côté de tout cela, il y a la mévente au niveau local. Les aviculteurs locaux n’arrivent pas à écouler leurs produits », a expliqué Alhousseiny Diallo.

Pour inverser cette tendance et permettre aux aviculteurs guinéens de souffler, l’association nationale des producteurs de viande de volaille de Guinée a déjà rencontré certaines autorités du pays pour leur exposer les formes de cette concurrence déloyale qui étouffe le secteur avicole guinéen. Et, selon le vice-président de ladite association, une rencontre est prévue avec les autorités de la douane nationale pour les alerter sur les combines des importateurs d’œufs et de poulets congelés.

« Nous avons déjà rencontré le ministre de l’Elevage qui nous a promis de rencontrer ses homologues du budget et du commerce afin qu’une solution soit trouvée. Mais, nous envisageons également rencontrer la douane pour alerter sur ce qui se passe. Comme vous le savez, le secteur avicole est un secteur qui englobe plusieurs départements ministériels. En dehors des ministères cités ci-haut, il y a celui de l’enseignement technique qui forme plusieurs jeunes dans les écoles nationales d’Agriculture et d’Elevage (ENAE) et les vétérinaires. Tous ces jeunes, après leur formation, se retournent au niveau de l’aviculture. Et, si on ne prend pas des dispositions, on risque de former des chômeurs dans ces écoles », a prévenu Alhousseiny Diallo.

A en croire le vice-président de l’association nationale des producteurs de viande de volaille, les aviculteurs guinéens produisent suffisamment pour approvisionner le marché national. Mais, si les autorités ne mettent pas fin à la concurrence déloyale actuelle, beaucoup d’aviculteurs locaux seront contraints de fermer à cause des pertes.

« Nous avons à peu près 2 500 000 pondeuses. Imaginez que ces 2 500 000 pondent 80% par jour. C’est énorme et ça peut aller jusqu’à plus de 2 500 000 œufs par jour. Si tout cela reste dans les mains des aviculteurs, parce qu’on ne peut pas empêcher les poules de continuer à pondre, les pertes seront inestimables », a indiqué Alhousseiny Diallo.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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