De l’aéroport international Conakry Gbessia à l’aéroport international Ahmed Sékou Touré !

Ahmed Sékou Touré

Opinion : Chers compatriotes, il est pratiquement impossible voire utopique de parler de l’histoire de notre pays sans ses fils et filles de toutes les générations qui se sont succédé. J’ai adressé plusieurs tribunes aux autorités du pays sur le mode opératoire de la réconciliation nationale et la gouvernance inclusive.  Cette nouvelle tribune vient en appoint aux précédentes avec une emphase sur le changement de nom de l’Aéroport. Les avis divergent sur  « la normalité » et « l’opportunité ».

En effet, le processus de réconciliation nationale en termes simples doit concerner les événements qui polarisent les tensions et divisent les  populations dans l’interprétation des faits. Cet exercice dépend de la façon dont nous traiterons les hommes et les femmes qui ont incarnés une portion de responsabilité pendant ces dits événements qui ont marqué l’histoire récente et lointaine de notre pays.

Les  actes d’apaisement constituent un levier pour la cohésion sociale elle-même gage d’une véritable réconciliation nationale.

Les autorités de la transition pourraient être dans cette posture de faire en sorte que chaque guinéen soit fier de son appartenance sociale et assume son histoire.

En tant que sociologue, je voudrais relever la spécificité de ces sciences humaines et sociales qui indique une certaine normalité des contradictions dans les différentes interprétations de certains actes posés par les dirigeants notamment l’aéroport.

Dans les sciences humaines et sociales :

1. L’homme est à la fois sujet et objet de Connaissance. Une dose de sentiment dans les actes pourrait compromettre la démarche méthodologique. Il faut observer les faits sociaux comme des choses quand on a  une portion de responsabilité, cela permet d’écarter tous sentiments et préjugés dans la conduite de la mission.

2. L’homme n’entre jamais en contact direct avec son objet d’étude. Qui peut toucher l’Etat ? la réconciliation ? la politique ? que sais-je ?  Il convient d’écouter les spécialistes capables de transposer un objet d’étude intangible dans un schéma d’intelligibilité du social.

3. Le manque de précision et d’exactitude. Cette dernière spécificité nous amène souvent à faire des présomptions, des hypothèses au conditionnel. Les divergences dans les interprétations relèvent de la normalité sociale qui ne signifie pas « bon » ou « mauvais » mais applicable à toutes les sociétés humaines à cause de leur généralité.

J’invite les guinéens de tous bords à être dans la posture de la construction d’un Etat débarrassé de la haine, de la supputation  et de la contestation sempiternelle. Nous devons saisir cette opportunité pour identifier les événements qui divisent et trouver la meilleure approche pour que « plus jamais ça en Guinée » dans l’optique d’un avenir partagé.

Les autorités doivent tenir compte des sensibilités pour poser des actes. Pour ce faire, elles doivent être à l’écoute des spécialistes pas à l’écoute de ceux et celles qui obéissent à des épiphénomènes, à des égos et qui n’ont pas la formation requise pour se prononcer sur des questions d’intérêt national.

Dans une de mes précédentes tribunes je me suis interrogé sur la fragilité du tissu social en Guinée ?

Je me suis résolu à considérer que cette fragilité est une conséquence de la faillite de « l’Etat » et de la « Nation ».

La démarche de la réconciliation nationale doit revenir aux spécialistes qui doivent conseiller les dirigeants afin que cette volonté affichée des autorités ne soit pas un mirage.

Si nous ne célébrons pas nos devanciers, qui va le faire à notre place ? si les dignitaires de chaque régime ne veulent pas entendre parler des autres, quel héritage allons nous laisser à nos enfants ?

Il faut oser dire la vérité, situer les responsabilités et promouvoir le vivre ensemble.

Un nom n’est qu’un attribut cela n’a rien de compromettant dans la marche de l’histoire mais jugeons de l’opportunité de nos actions.

Je milite en faveur de la connaissance de notre histoire réelle de notre pays en toute neutralité avec le respect des présomptions.

Nous devons créer les conditions optimales pour :

La reconnaissance de la mémoire collective du pays à travers l’histoire des de ses fils et filles.

La promotion de l’égalité d’opportunités de chance entre tous les fils du pays

La reconnaissance du mérité.

La recherche de la vérité.

La promotion d’une justice au service du justiciable.

Le pardon.

Un nouveau type guinéen mérite d’être créer, celui qui incarne des valeurs d’humilité, de respect, d’altruisme bref un guinéen qui s’identifie aux autres compatriotes et fier de sa nationalité.

La victime de X  est certainement  le bourreau de Y, développons une vision constructive de notre pays, la problématique de la réconciliation réserve de grandes surprises, allons y pour que la vérité départage les avis en extirpant la haine, la violence, le déni et l’exclusion.

En résumé, la théorie de la controverse doit être au  centre  des préoccupations de chacun et de tous.

A ce niveau tout citoyen doit comprendre et accepter de voir son prochain qui :

Ne défend pas la même position que lui sur les sujets d’intérêt national.

Ne pratique pas la même religion.

N’est pas de la même ethnie.

N’est pas de la même région.

Ne milite pas dans le même parti politique.

Cette approche pourrait nous rassembler et faire taire les rancœurs. La Guinée a plus que jamais besoin de ses enfants à l’unisson.

Que Dieu bénisse les fils et les filles de la Guinée !

Ibrahima Seck, sociologue

Ibrahima Seck 

Sociologue 

Consultant en gouvernance et consolidation de la paix

Point focal du comité international des Etats fragiles en Guinée.

Tél. : 628 55 34 77

Email: [email protected]

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