Par Amadou Dioulde Diallo, journaliste-historien : On le croyait abattu par les derniers événements dont il a été victime. Au contraire, l’arrière petit-fils des très vénérés Walious Thierno Sadou Mo Dalein, Thierno Mamadou Samba Mombeya, Thierno Boubacar Poti Lougoudhi Lélouma et beau-fils de l’autre Waliou, Thierno Aliou Bhoubha, est apparu hier à la levée du corps de Issa Soumah, le maire de Ratoma, dans la blancheur physique et vestimentaire de la sainteté. A l’hôpital sino-guinéen de Kipé, Cellou Dalein Diallo était accompagné de son épouse, Hadja Halimatou Dalein Diallo, elle-même arrière petite-fille du Sériyanké Thierno Sadio Fougoumba et des cadres de son parti, l’UFDG.
Un geste de Cellou Dalein a retenu l’attention et vivement impressionné l’assistance. Il s’est tenu débout dès l’arrivée de madame la gouverneure de Conakry, le général Mahawa Sylla, à qui il a rendu les honneurs. Il répétera le même geste avec le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, monsieur Mory Condé.
Voilà qui prouve à suffisance l’esprit républicain de Cellou Dalein Diallo qui fait du respect de l’autorité un sacerdoce, tout en se confondant aux guinéens de toutes les catégories sociales, cela quand lui-même incarnait cette autorité grâce à l’estime et à la confiance renouvelée du général Lansana Conté.
Parlant de l’illustre disparu, Cellou Dalein Diallo fera des révélations qui jusque-là étaient marquées du sceau du secret enfoui. Ces rencontres dans la profondeur de la nuit dans des maisons isolées avec des cadres du parti au pouvoir, des hommes et des femmes de tous les âges et de toutes les régions que le talent de persuasion et de médiateur de Issa Soumah avait poussé à rencontrer celui qu’on diabolisait en le présentant comme un homme méchant.
Au terme de ces rencontres, tous eurent une autre image du président de l’UFDG et certains poussèrent leur conviction jusqu’à financer le parti.
Ce travail discret et efficace de Issa Soumah ne tardera pas à donner de très bons résultats. On peut citer entre autres l’écrasante victoire de l’UFDG aux dernières élections communales durant lesquelles le parti a raflé les 34 quartiers de la commune de Ratoma.
Il y avait donc une complicité et une identité de vues entre Cellou, le fils de Dalein (Labé) et Issa, le fils de Kolia (Boffa) dans leurs comportements et leurs manières de faire la politique.
C’est pourquoi le président de l’UFDG a profondément regretté la perte de Issa Soumah, le frère, le militant et le responsable fabriqué comme lui par le moule du général président paysan, patriarche, Lansana Conté. N’est-ce pas que ceux sont les oiseaux de même plumage qui volent ensemble ? Assurément oui !
Cellou Dalein Diallo, républicain à toute épreuve, homme de paix et de dialogue, apôtre de la non-violence, tolérant et qui a horreur des souverainetés excessives, montre à toutes les occasions, qu’il incarne la Guinée dans sa dimension plurielle.
Mais, pour mieux cerner cet homme qui fait l’objet de tant d’admiration et de sympathie que de cabales montées par ses détracteurs et qui malgré toutes les tempêtes sort victorieux, il faut interroger l’histoire et la sociologie et remonter à sa prestigieuse ascendance à la fois maraboutique et aristocratique.
Thierno Mamadou Cellou Dalein Diallo eut pour père Saïkou Amadou Tidiane, fils de Thierno Mamadou Diao, fils de Thierno Saliou Dioulnowo, qui eut pour père le Waliou Thierno Sadou Mo Dalein, fils de Mama Ibrahima Bano, fils de Mama Aïssata Ngniré, la fille aînée du Kaldouyanké, Thierno Mamadou Cellou, dit Karamoko Mo Labé, fondateur de la ville et de sa mosquée. Ce dernier eut pour père Mamadou Saliou, dit « Abou Saliou », fils de Abdoulaye, fils de Kalidou, fils de Boukari, fils de Aldiouma, dit « Mawndé », fils de Saikou Aldiouma, fils de Saïkou Aldiouma, « ibn ilo », qui eut pour père Bodhewal, l’un des quatre garçons issus de l’union entre Ougbata Boun Nafiou (disciple de Saïdina Oumar) et la princesse peule Madjoumaou.
Les trois frères de Bodhewal sont : Aribou (Bah) Wané (Sow) et Daatu (Barry). Il faut ajouter que Cellou Dalein Diallo a aujourd’hui sous son toit la descendance de 5 marabouts sur les 9 qui fondèrent la confédération théocratique du Fouta Djallon au début du 17e siècle. Ce sont : Thierno Mamadou Cellou, dit Karamoko Alpha Mo Labé, Thierno Samba Bhouria, Alpha Amadou Kolladhé, Thierno Sadio Fougoumba et Alpha Ibrahima Sambégou Ibn Nouhou, dit Karamoko Alpha Mo Timbo.
À ceux-ci vient s’ajouter le Waliou Thierno Aliou Bhoubha Ndiyan. Avec une telle ascendance, on comprend aisément pourquoi Cellou Dalein Diallo reste humble, simple, respectueux et homme de dialogue, de paix et de solidarité. Il n’a pas besoin comme d’autres le font, de se vêtir de nouveaux habits pour attirer l’attention sur lui. Il est né bien vêtu. Ça suffit !
Quand on cherche à porter des habits qui ne sont pas taillés à votre mesure, ils vous serreront comme une camisole de Cabano.
Paix à l’âme de mon frère Issa Soumah. Amen !
Amadou Dioulde Diallo, journaliste-historien