Gaoual : « l’environnement est en danger ! Les cours d’eau sont menacés, les températures sont caniculaires… »

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C’est une situation alarmante que vit la préfecture de Gaoual, abritant le plus grand cheptel du pays, qui est sérieusement menacée depuis l’apparition de l’or en avril 2021 et exploitation artisanale et anarchique de l’or, provoquant cette année des températures caniculaires liées aux graves destructions de l’environnement. Cette menace qui pèse dangereusement sur l’environnement n’épargne pas les principaux cours d’eau des fleuves de Tominé, Komba et Coliba qui arrosent cette préfecture du Nord de la Guinée.

Selon l’Adjudant-Chef Mohamed Camara, le Chef Section forêt et de la faune de Gaoual, joint au téléphone, ce jeudi 14 avril 2022, par un journaliste de Guineematin.com, l’exploitation artisanale et anarchique de l’or est venue s’ajouter aux autres actions anthropiques comme la coupe abusive du bois, la fabrication du charbon, les feux de brousse incontrôlés. Une situation explosive qui dégrade dangereusement et gravement l’environnement de cette préfecture où les populations vivent essentiellement que de l’agriculture et de l’élevage.

Adjudent Chef Mohamed Camara, Chef section forêt et faune à Gaoual

« A Gaoual, dans un passé encore récent, il y avait des circonstances atténuantes en ce qui concerne l’environnement. Puisque les cours d’eau n’étaient pas si menacés et la brousse était bien fournie. Des arbres protégés comme les néré, n’étaient pas abattus. Les terres agricoles et les prairies n’étaient pas détruites… Mais depuis l’apparition de l’or à Gaoual, il y a eu une dégradation accélérée de l’environnement. Les écosystèmes dans leur ensemble sont sérieusement menacés », a alerté ce responsable chargé de la protection de l’environnement.

Les conséquences ne se sont pas fait attendre sur le terrain. Presque qu’à Gaoual, à partir de midi actuellement, on ne peut pas vivre. On ne peut rien faire du tout comme activité sur le terrain, explique l’Adjudant-Chef Camara.

« Pratiquement la préfecture de Gaoual est devenue invivable à cause des actions anthropiques mais surtout de la destruction de l’environnement par les orpailleurs. Sur le fleuve de Coliba, par exemple, il y a des machines de laverie qui y sont installées. Elles aspirent l’eau et rejettent la boue et autres déchets. Dans quelque temps, il ne sera plus possible de faire l’agriculture et l’élevage, sans des mesures compensatoires. Imaginez-vous que les températures à l’ombre montent jusqu’à 44/45° et la température normale de l’homme est de 37°. Donc ce sont des températures insupportables aussi bien pour les hommes que pour les animaux. Cela, sans compter le manque d’eau dans plusieurs endroits et d’aliments pour le bétail », a-t-il souligné.

Comme mesures prises pour contenir cette dégradation de l’environnement et atténuer ces effets sur les écosystèmes, ce spécialiste des questions environnementales et climatiques a souligné avoir donné quelques conseils aux représentants des collectivités.

« Il s’agit d’ordonner l’exploitation artisanale de l’or à travers la parcellisation de la zone à exploiter. Ce qui permet de protéger les arbres, le sol lui-même et ses écosystèmes. Faire respecter une distance convenable entre la zone d’exploitation et les cours d’eau, notamment les fleuves. Protéger certains arbres comme le néré, les caïcedra. Respecter les dimensions de trous. Actuellement ils font des trous profonds et allongés de plusieurs centaines de mètres. Faire le zonage et éviter la dispersion des gens dans la nature. Comme mesures d’atténuation encore, nous avons proposé la restauration progressive des zones agressées aussi bien à Kounsitel qu’à la commune urbaine de Gaoual.  Les collectivités se sont engagées à dégager des moyens suffisants pour le reboisement. Egalement, nous avons demandé aux orpailleurs de ne pas utiliser les produits chimiques comme le cyanure. Pour l’heure, ce mot d’interdiction est respecté sur le terrain. Puisqu’il n’y a d’exploitation industrielle ou semi-industrielle. Et on s’en félicite », a fait savoir cet éco garde.

Il est à noter actuellement, que les cours d’eau les plus menacés à Gaoual, ce sont ceux qui longent la route nationale Koundara-Labé et celle de Gaoual-Labé. C’est le cas de la rivière Kouara, qui est l’un des affluents du fleuve Coliba. Sur cette question d’ailleurs, ce fleuve transfrontalier fait l’objet d’un projet sous-régional intégré pour éviter sa disparition et contenir les agressions des orpailleurs et autres.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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