Baisse de la production du poisson au port de Boulbinet : l’interdiction du monofilament et autres matériels de pêche pointés du doigt

Depuis plusieurs mois, le gouvernement guinéen, à travers son ministère de la pêche et de l’économie maritime, a interdit l’utilisation de certains matériels inappropriés à la pêche en Guinée. C’est notamment le cas des monofilaments, pourtant très répandus chez les pêcheurs artisanaux dans le pays. Et, cette interdiction commence déjà à se faire sentir sur la production du poisson au niveau des ports de Conakry.

Au port de pêche artisanal de Boulbinet où un reporter de Guineematin.com s’est rendu ce weekend, les pêcheurs se plaignent d’une « baisse de la production » du poisson. Et, à l’allure où vont les choses, Mohamed Sylla, le président du comité de développement de ce débarcadère, redoute une baisse très significative de la production pour l’année à venir.

Mohamed Sylla, président du CDD du port de Boulbinet

« Cela ne concerne pas que le port de pêche de Boulbinet, c’est toute la Guinée. La mer est un peu dure pour nous. Notre grand problème au niveau de la pêche artisanale, c’est le matériel. Nous les Guinéens nous n’avons pas tous le matériel nécessaire pour pêcher assez de poissons. Les étrangers qui viennent pêchent beaucoup plus que les Guinéens. On nous empêche également d’utiliser les filets monofilament. Ce qui nous fatigue beaucoup. On est en 2022, la pêche de cette année et l’année qui vient, ça ne sera pas la même chose. Ça diminue seulement. Cela arrive parce qu’on utilise les matériels qui ne sont pas bons pour la pêche » a-t-il indiqué.

Selon Idrissa Kallo, secrétaire général chargé des affaires extérieures, de la communication et l’information de la fédération guinéenne de la pêche artisanale, cette baisse de la production actuellement constatée dans les ports de Conakry est due à plusieurs facteurs dont le manque de matériel adéquat et le changement climatique.

Idrissa Kallo, secrétaire général chargé de communication et information de la fédération guinéenne de la pêche artisanale

« La baisse de la production du poisson est due à plusieurs facteurs. C’est d’abord par rapport au changement climatique. Ce qui a fait que le poisson s’est déplacé des zones chaudes pour des zones humides. Ceux qui vont sur la mer reviennent avec des pirogues vident. Parce qu’ils n’ont pas de matériels adéquats pour les situer dans les zones de pêche. Ça c’est un. Aussi, le poisson qui est pêché, il y a un problème de gestion. Les femmes fumeuses et les mareyeuses gagnent du poisson frais, mais elles ne peuvent pas envoyer le tout au marché. Parce que le tout ne finit pas le même jour. Donc, quand vous sortez tout votre poisson et que ça n’arrive pas à finir, le poisson peut pourrir. Dans les différents marchés, il n’y a pas de frigo. Il faudrait avoir des points de vente et des chambres froides dans les différents quartiers et communes. Tout ceci provoque une baisse de production vis-à-vis de la population », a dit Idrissa Kallo.

Pour remédier à ce problème, notre interlocuteur demande aux autorités guinéennes de s’impliquer dans la construction des chambres froides.

« L’appel que nous lançons aux autorités, c’est de s’impliquer dans la construction des chambres froides dans les différents coins du pays… Dans les différents marchés, il n’y a pas de lieux de conservation suffisante », a dit Idrissa Kallo.

Mohamed Guéasso DORE pour Guineematin.com

Facebook Comments Box