Le CNRD défie la CEDEAO, quelles conséquences pour la Guinée ?

Le délai que la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) avait donné au CNRD pour proposer un « calendrier acceptable pour la transition » expire ce lundi, 25 avril 2022. Et la junte militaire qui dirige la Guinée a décidé de défier l’organisation sous régionale, en refusant de se plier à cette injonction. Quelles conséquences cette attitude des autorités guinéennes peut avoir sur le pays ?

Tout porte à croire que la CEDEAO va mettre à exécution ses menaces. A l’issue d’un sommet extraordinaire tenu le 25 mars dernier à Accra, au Ghana, l’organisation ouest-africaine avait annoncé qu’en cas de non-respect de sa demande, elle imposerait des sanctions contre la junte militaire guinéenne. Dans une autre version du communiqué final de cette session, la CEDEAO avait indiqué que si le CNRD ne proposait pas un « calendrier acceptable pour la transition » jusqu’au 25 avril 2022, elle prendrait des sanctions économiques et financières contre la Guinée.

La junte militaire guinéenne, qui a décidé de faire la sourde oreille face à cet appel, semble être disposée à subir les mesures qui seront prises par l’organisation ouest-africaine. Celles-ci pourraient consister en : la fermeture des frontières entre la Guinée et les pays membres de la CEDEAO, la suspension des transactions sauf pour les produits de première nécessité et pharmaceutiques, la coupure des aides financières, le rappel des ambassadeurs des pays membres au Mali, etc. Ce sont là en tout cas quelques-unes des sanctions imposées au Mali en janvier dernier, après le refus de la junte qui dirige ce pays voisin de la Guinée d’écouter la CEDEAO.

Mais si la junte militaire expose la Guinée à de telles sanctions tout simplement parce qu’elle veut se maintenir au pouvoir, elle risque d’en payer elle-même les frais. Car une telle situation entraînerait une flambée des prix sur le marché et asphyxier davantage les Guinéens, dont la grande majorité peine déjà à avoir trois repas par jour. On se rappelle de l’envolée des prix qui a suivi la décision de l’ancien président guinéen, Alpha Condé, de fermer les frontières entre son pays et ses voisins du Sénégal et de la Sierra Leone, en octobre 2021. Deux pays avec lesquels la Guinée a des échanges commerciaux très importants, dont la suspension ne lui sera nullement favorable.

On peut dire donc que le CNRD est en train de jouer avec le feu, en allant au bras de fer avec la CEDEAO. Car, à l’interne déjà, la junte militaire est en désaccord total avec les principaux acteurs politiques et avec plusieurs acteurs de la société civile. Au sein de la population guinéenne aussi, le colonel Mamadi Doumbouya et son équipe sont de plus en plus décriés, en raison de plusieurs décisions impopulaires et surtout, de leur silence autour de la durée et du chronogramme de la transition. Les sanctions à venir de la CEDEAO risquent donc d’entraîner un soulèvement en Guinée, qui pourrait coûter cher au CNRD et son gouvernement.

Alpha Fafaya Diallo pour Guineematin.com

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