Refus de libérer Kassory, Diané et Oyé : leurs avocats dénoncent « les abus » du procureur Aly Touré

Le collectif des avocats de Kassory Fofana (ancien Premier ministre), Dr Mohamed Diané (ancien ministre de la défense) et Oyé Guilavogui (ancien ministre de l’environnement) a animé une conférence de presse dans l’après-midi de ce vendredi, 20 mai 2022, à Conakry. Une conférence au cours de laquelle ces avocats se sont exprimés sur le refus du procureur spécial de la CRIEF, Aly Touré, de libérer leurs clients qui croupissent à la maison centrale de Conakry. Ils ont notamment dénoncé « les abus » du parquet de la CRIEF et accusé le procureur spécial de se plaire dans la privation de liberté de leurs clients.

Guineematin.com vous propose ci-dessous un extrait de l’intervention de Me Dinah Sampil, un des avocats de Kassory Fofana et compagnie.

Me Dinah Sampil, un des avocats de Kassory Fofana et compagnie

« Nous allons vous rappeler que cette procédure, depuis le déferrement du dossier de la gendarmerie pour la CRIEF, c’est à partir de ce jour que les abus ont commencé de la part de monsieur le procureur spécial. Nous avons compris hier que ce n’est pas la procédure qui l’intéressait, mais c’était les conséquences de cette procédure. Les conséquences, c’est qu’il pouvait tirer la possibilité de priver de leur liberté les personnes qui ont été déférées. Et, c’est ce qu’il a fait. Maintenant, la seconde phase qui devait nécessairement être la phase de jugement ne pouvait pas être tenue, parce qu’il n’y avait aucun élément dans le dossier. Voilà pourquoi il s’est ressaisi et a écrit pour dire qu’il saisit la chambre de l’instruction pour que les intéressés soient interrogés conformément à la loi. On a crié, on a tout dit, il a fermé les yeux, il a bouché ses oreilles, il a baissé la tête et il a avancé.

Hier, à partir de la décision du premier président de la CRIEF, nos clients sont censés venir devant la chambre, libres. C’est comme s’ils quittaient pour la première fois la gendarmerie qui a fait l’enquête préliminaire pour être entendus directement par la chambre d’instruction. Alors, une personne qui vient libre, qui est identifiée, à qui on a posé des questions et qui a été inculpée, et suivant les conséquences de l’inculpation, qui a été placée sous contrôle judiciaire avec fixation de caution et astreinte à des formalités d’émargement, en principe cette personnes devait rentrer chez elle et non pas retourner à la maison centrale. C’est ce que nous avons compris. Alors le tiraillement a commencé encore entre le procureur spécial qui n’était pas satisfait. Ce qui l’intéresse, ce n’est pas la recherche de l’infraction, mais c’est la privation de liberté des personnes mises en cause. Il ne veut pas voir Kassory et sa suite dehors. Il veut les maintenir coûte que coûte, au prix de la violation des lois en prison. Alors, il semble qu’il a exercé hier un appel de l’ordonnance de placement sous contrôle judiciaire rendue par la chambre d’instruction. Mais, cette ordonnance, son effet n’est pas de conduire des gens à la prison, mais c’est de faire rejuger le dossier par la chambre de contrôle avec le fait constant que les personnes comparaîtront libres. Malheureusement pour nous, nos clients ont été reconduits à la maison centrale avec cette énormité dans le dossier.

Il faut que l’opinion nationale et internationale sache que ce qui est en train de se faire ne se fait pas sur la base du Droit. C’est en train de se faire sur la base des sentiments, que les autorités et les juges précisément le procureur spécial ne veulent pas que Kassory et sa suite soient en liberté. On use de tous les moyens et au prix des abus pour les maintenir en prison. Il faut donc considérer que la détention à partir d’hier de ces personnes est d’une base illégale, est sans décision de justice. C’est la seule volonté du procureur qui a refusé de mettre en exécution la décision rendue par la chambre de contrôle. Alors, quand c’est comme ça, il ne sert à rien de dire que la justice serait la boussole des actes que tous les échelons seraient posés par les autorités. On se rend compte que la boussole est en tout cas déboussolée » a expliqué Me Dinah Sampil.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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