Un motel baptisé au nom de Sékou Touré : « c’est contraire à la morale, c’est même une infraction » (Juge de paix de Mandiana)

On en sait un peu plus sur l’interpellation du gérant d’un motel qui portait le nom d’Ahmed Sékou Touré, le premier président de la République de Guinée, à Mandiana. Youssouf Léno a été interpellé hier, mercredi 15 juin 2022, et placé en détention dans les locaux de la police, jusqu’à ce que le nom du père fondateur de l’indépendance de la Guinée soit effacé du mur de son motel.

Rencontré ce jeudi par le correspondant local de Guineematin.com, le juge de paix de Mandiana, Ibrahima Camara, a fait savoir que c’est lui-même qui a instruit la police d’interpeller ce citoyen. Car, dit-il, donner le nom de Sékou Touré à un motel est nom non seulement contraire à la morale, mais aussi aux lois du pays.

Ibrahima Camara, juge de paix de Mandiana

« Un juge de paix, c’est un juge qui a une double casquette, parce qu’il joue des fois le rôle de procureur auprès de sa juridiction. Et c’est à ce titre que, dans le cadre du maintien d’ordre, nous avons donné des instructions à la police d’interpeler le gérant de ce motel. Parce que nous considérons que le père de l’indépendance de la République de Guinée, feu Ahmed Sékou Touré, c’est un grand homme pour la Guinée. Donc, donner son nom à un motel, sur le plan moral d’abord, c’est inacceptable et inadmissible. L’intitulé du motel heurtait la sensibilité des gens, parce que c’est contraire à nos mœurs, c’est contraire aux bonnes pratiques, c’est contraire à la morale. Et mieux, lorsque vous partez sur le plan juridique, c’est ce qu’on appelle : usage irrégulier de qualité.

L’usage irrégulier de qualité, c’est lorsqu’une personne se sert du nom d’une personne qui a occupé ou qui occupe de hautes fonctions pour avoir beaucoup de clients. Et c’est une infraction prévue aux articles 683 et 684 du Code de procédure pénale de la République de Guinée. Donc, le parquet de Mandiana ne va aucunement accepter que le nom de Sékou Touré soit attribué à un motel, à un lieu de prostitution, à un lieu où les gens vont pour faire du importe quoi. C’est pourquoi, nous l’avons interpellé et nous lui avons demandé d’effacer ce nom, qui était marqué sur le mur du motel. Si les gens veulent donner des noms à leurs motels, qu’ils leur donnent les noms de leurs pères ou mères. Si cela peut plaire à leurs parents, tant mieux. Mais nous, en tant que garant de la paix, de la sécurité publique, nous n’allons pas accepter qu’on donne le nom d’un ancien président de la République à un lieu de prostitution », a martelé Ibrahima Camara, le juge de paix de Mandiana.

De Mandiana, Mamady Konoma Keïta pour Guineematin.com

Tél. : 625 81 03 26

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