Formation des formateurs : ce que prévoit le MEPUA (entretien avec Fassou Balla Condé de l’INRAP)

Une série de formations des formateurs pour l’amélioration des capacités des enseignants en situation de classe sera lancée demain, jeudi 28 juillet 2022, sur l’ensemble du territoire national. Une initiative du Ministère de l’Enseignement Pré-universitaire et de l’Alphabétisation (MEPU-A) qui intervient quelques jours après la publication des résultats jugés catastrophiques des examens nationaux de la session 2022. L’annonce a été faite dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com par Fassou Balla Condé, directeur national du service de formation continue du personnel enseignant.

Les examens scolaires de la session 2022 ont été catastrophiques en Guinée avec des taux de réussite de 17%, 15% et 09% à l’examen d’entrée en 7ème année, au brevet et au baccalauréat, respectivement. Une situation qui ne laisse pas indifférent le département de l’Enseignement pré-universitaire qui veut inverser cette tendance. C’est dans cette dynamique que cette formation des formateurs a été engagée.

Décryptage !

Guineematin.com : le ministère de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation va organiser, à travers votre service, une série de formations des formateurs sur toute l’étendue du territoire national. Pouvez-vous nous dire d’entrée de jeu les raisons de cette initiative ?

Fassou Balla Condé, directeur du service national de la formation continue du personnel enseignant

Fassou Balla Condé :  vous savez, depuis la prise du pouvoir par l’armée le 5 septembre 2021, les tenants du pouvoir s’inscrivent dans la logique de la refondation de l’Etat. Nous avons reçu une lettre de mission du Premier ministre nous demandant de prioriser la formation des enseignants. Et dans ce cadre, le gouvernement s’est rendu compte que notre système éducatif a énormément de difficultés. Donc, dès les premiers jours de la prise du pouvoir, ils se sont engagés dans cette vision. Ainsi, le ministre nous a instruits à travailler dans ce sens. Donc depuis très longtemps, nous sommes en train de travailler dans le cadre de la qualification de notre système éducatif, du renforcement des capacités des enseignants. Donc du coup, les examens sont venus corroborer la faiblesse des enfants que nous essayons d’attribuer à l’enseignement-apprentissage que nos enseignants sont en train de donner dans les salles de classe. C’est pourquoi le gouvernement s’est résolu, dans un cadre de programme d’urgence, à s’attaquer au problème à la racine en renforçant les capacités des enseignants en situation de classe.

Comment tout cela va-t-il se passer sur le terrain ?

Nous voulons commencer ça par l’élémentaire.  Nous voulons commencer par l’élémentaire parce que c’est ça l’enseignement de base. Donc, si nous voulons bâtir l’édifice de l’éducation, il faut que ça soit durable et pour cela il faut travailler sur la fondation.

Parlant du faible niveau des apprenants, peut-on dire qu’il dépend de la qualité des formateurs ?  

Les responsabilités sont partagées. Il y a la part des formateurs, des parents d’élèves, des élèves eux-mêmes et celle de l’Etat. Vous savez aujourd’hui, beaucoup ne veulent pas venir à l’enseignement parce que ce n’est pas un métier attrayant. Donc, c’est par faute de mieux que les gens viennent à l’enseignement. C’est pourquoi quand vous remarquez, vous trouverez que beaucoup sont passés par l’éducation pour aller dans d’autres secteurs. Ce qui fait que l’éducation est devenue un tremplin pour les gens pour intégrer la fonction publique et dans leur vision.

Quelles sont les catégories d’enseignants qui sont visées par cette série de formation que vous voulez engager ?

L’État veut travailler avec tous les enseignants. Dans un premier temps, nous allons travailler avec les enseignants du public et nous allons ensuite voir avec les promoteurs des écoles privées pour essayer de voir comment aider ces enseignants. Mais pour nous permettre d’aller très rapidement à cause des ressources que nous avons, nous voulons commencer par les enseignants du niveau CM2 (Cours Moyen 2) puis le CP1 (le niveau de la première année) du public, parce que ça, c’est fondamental pour nous. Ainsi de suite, on verra comment travailler aussi avec le reste des autres classes, que ce soit au niveau élémentaire et secondaire du premier et second cycle.

Quelle est la durée de cette formation quand on sait que les attentes sont énormes ?

Nous voulons mettre tout un mois à profit pour le renforcement des capacités des enseignants. Mais je vous dis, même si nous faisons 3 mois de formation avec les enseignants en situation de classe, il faut que nous partions appliquer ce qu’ils vont apprendre en situation de classe et ça, c’est important. Donc, il va y avoir deux niveaux de formation : nous allons d’abord faire la formation en présentiel et ensuite, nous allons nous transporter sur le terrain en classes pour voir comment ils vont réinvestir ces acquis. Parce que c’est en cela que la formation est importante. Tant qu’ils ne vont pas réinvestir les acquis, la formation n’aura aucun sens.

Quelles sont les dispositions que vous avez prises à date pour un bon déroulement de cette série de formations ?

La formation sera engagée sur toute l’étendue du territoire national en présentiel. Les enseignants du CM2 seront mobilisés dans les différentes régions pour suivre cette formation. Maintenant, nous allons les préparer pour le suivi, le suivi de proximité de façon permanente sur le terrain.

L’éducation est considérée par bon nombre d’observateurs comme étant le parent pauvre au sein du gouvernement. Est-ce que vous avez obtenu les moyens nécessaires en ce moment même pour faire cette formation des formateurs ?

Le ministre et ses collaborateurs sont en train de négocier avec le gouvernement pour mobiliser les moyens nécessaires dans ce cadre. Nous avons déjà reçu les premiers moyens pour nous permettre de commencer la formation à partir du 28 juillet 2022.

Pouvez-vous nous dire les atouts dont vous disposez aujourd’hui vous permettant d’avoir un impact sur la formation des enfants dès l’ouverture des classes ?

Vous savez, la formation, c’est tout un processus. Nous avons un plan d’urgence, mais nous avons un plan fondamental. Le plan fondamental va nous permettre de mettre en place le dispositif pour la formation continue. Ce dispositif va être financé par nos partenaires techniques et financiers. Donc, nous allons mettre le dispositif de la formation continue en place et définir le rôle de chaque acteur, chacun en ce qui le concerne. Ce sont notamment, les IRE, les DPE, les DSSE, les directeurs d’écoles, les principaux, les proviseurs, les enseignants et parents, tout le monde. Je vous annonce que notre service était relégué au second plan. Ce n’est qu’à l’arrivée de cette équipe que ce service a été élevé à un niveau hiérarchique en tant que direction nationale. Donc, nous avons suffisamment d’espaces pour agir. Tout ce que je suis en train de vous énumérer là a été déjà analysé et mis en place mais nous n’avions jamais la chance de l’appliquer. Maintenant là, on nous laisse les mains libres de les appliquer. Ainsi, si tout le monde joue son rôle, ça va marcher.

Propos recueillis par Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél. : 622919225

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